Emmanuel Macron : un portrait officiel un peu... téléphoné

Trump n'est pas le seul à savoir manier les réseaux sociaux : notre président vient de dégainer son portrait officiel sur son compte Twitter présidentiel. Et quelques minutes après, en vidéo, le making-off. Une représentation présidentielle lestée de symboles : ouverture, action, lien (l'héritage notamment, l'ancrage dans l'Histoire)...
Jérôme Cristiani
Dévoilé sur Twitter, voici le nouveau portrait, très étudié, du président de la République.

(Article publié à 13:34, mis à jour à 16:40)

Après l'élection du président, la photo du président. Bien sûr, on attendait de savoir comment le président allait se mettre en scène, comment il allait incarner une présidence "jupitérienne", comment il allait se démarquer de ses prédécesseurs et notamment du tout dernier, le "président normal".

La petite surprise, c'est le tweet. Emmanuel Macron a choisi ce moyen extrêmement direct pour dévoiler son portrait officiel, signe supplémentaire s'il était besoin d'une communication qui se veut sans filtre, censée dépoussiérer le protocole - même si Donald Trump nous y avait tout de même bien habitués depuis des mois.

La photo a été prise par Soazig de la Moissonnière, "photographe officielle du président de la République" selon son compte Twitter (@soazigdlm). François Hollande était sorti de l'Elysée pour faire sa photo officielle sur le gazon. Emmanuel Macron, lui, a choisi manifestement de réinvestir les lieux comme il a annoncé qu'il voulait réinvestir la fonction. Il se présente de face, en plan américain (sic), barrant l'espace de son corps, le regard planté dans celui qui regarde, les mains énergiques enserrant fermement la bordure dorée du bureau sur lequel il s'appuie souplement : il n'est pas derrière son bureau, il est devant, prêt à faire mouvement à tout moment.

Vous avez dit "renaissance" ?

Il tourne le dos à la fenêtre, et celle-ci lui fait un cadre parfait, comme pour un tableau classique, avec ses bordures dorées. La fenêtre est ouverte sur les jardins de l'Elysée, la nature lui sert de décor - un fond de tableau très maîtrisé avec le feuillage des arbres et l'ouverture bleue du ciel qui organisent autour de son crâne un espace dynamique rayonnant, sinon foisonnant (la "pensée complexe"?). Manque plus que le sfumato de Leonard de Vinci et l'on se croirait en présence d'un tableau de la Renaissance. Vous avez dit "renaissance"?

Mais à côté de la posture, difficile de ne pas mentionner les objets disposés sur son bureau, tous chargés de sens. A commencer par les deux drapeaux, non pas rassemblés côte à côte comme souvent mais séparés par sa personne, l'encadrant : dans cet espace, entre la France et l'Europe, c'est lui, au centre, qui fait le lien - vers l'avenir, dans une lecture d'image de gauche à droite. On parle du maître des horloges et celle qui trône sur son bureau provient de la salle du Conseil des ministres... Un livre ouvert à sa droite, deux fermés à sa gauche : Le Rouge et le Noir, de Stendhal, Les Nourritures terrestres, d'André Gide, et les Mémoires de guerre, du Général de Gaulle, tous trois issus des Editions de La Pléiade. Mais aussi juste à côté de sa main droite, deux téléphones portables l'un sur l'autre. La surface laquée du premier reflète le haut de l'encrier doré figurant un coq gaulois, emblème de la France mais aussi de la French Tech.

Le vide, le plein

Opération de communication très professionnelle, avec son timing impeccable: c'est son attachée de presse, Sibeth Ndiaye, qui retwette le tweet présidentiel du portrait et balance en ligne la vidéo de quelques secondes choisies du making-off de cette prise de vue. On y voit le président, d'un calme olympien, feuilleter attentivement l'un des ouvrages pour qu'il soit ouvert à la page choisie...

Ce nouvel élément de langage, même photographique, s'efforce donc, pourrait-on dire, de nous donner à voir une présidence à la fois souple, dynamique et... hyperdense, tellement ancrée dans l'histoire, voire la tradition picturale. Au final, il s'agit d'une représentation très conservatrice, sans aucun signe ostentatoire de modernité, sauf les téléphones, et à l'exception notable de la jeunesse du nouveau président, bien entendu - le dispositif bien connu du jeu des oppositions fonctionne ici à fond. Si on le compare au portrait officiel de son prédécesseur, celui d'Emmanuel Macron accomplit au moins un premier objectif attendu, celui d'affirmer sa différence...

Hollande, portrait officiel,

Et justement, pour jouer au jeu des 7 différences, tant ici au contraire les ressemblances sont nombreuses, voici le portrait officiel d'Obama...

Obama, portrait officiel,

Jérôme Cristiani
Commentaires 4
à écrit le 03/07/2017 à 15:30
Signaler
Trop préparé, trop lisse, trop bien sous tous les rapports, rien d'authentique et surtout trop inféodé aux services de com'. Un jeune financier sans expérience véritable du milieu politique qui a, avant tout, le souci de son image comme sa femme a le...

à écrit le 30/06/2017 à 14:59
Signaler
On dirait qu il a 2 arbres qui lui sortent de chaque coté de la tête !!!bizarre

à écrit le 30/06/2017 à 11:43
Signaler
Le problème avec Mr Macron c'est qu'il n'est que la partie visible de l'iceberg d'une grosse organisation qu'il lui évite de devoir se mettre a réfléchir! Quand on voit que tout se déroule comme du papier a musique, il y a de sérieux doute a avoir a ...

à écrit le 30/06/2017 à 9:16
Signaler
Obama n'avait que le drapeau des États-Unis, lui.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.