RSE : un passage à l'acte "poussif" des chefs d'entreprise

Par Franck Brucker  |   |  714  mots
Les dirigeants du secteur de l'industrie (70%) et des services (67%) sont les plus nombreux à engager une démarche RSE dans leur entreprise, selon le sondage OpinionWay pour CCI France/La Tribune/Europe 1. (Crédits : Gonzalo Fuentes)
Une franche majorité de chefs d'entreprise (61%) interrogés en juillet par OpinionWay pour CCI France/La Tribune/Europe 1 dans le cadre de "La grande consultation" ont le sentiment d'avoir établi une démarche de responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise (RSE), notamment sur la partie environnementale. En revanche, les actions en faveur du bien-être au travail, de la diversité dans le recrutement ou encore dans la prévention du harcèlement sexuel tardent vraiment à se matérialiser.

Le projet de loi Pacte, présenté en Conseil des ministres le 18 juin dernier, mentionne la notion de responsabilité sociale et environnementale de l'entreprise (RSE) dans quelques paragraphes. Il s'appuie en grande partie sur les recommandations de Nicole Notat et de Jean-Dominique Senard qui, dans les grandes lignes, suggéraient d'ajouter un second alinéa à l'article 1833 du Code civil :

"La société doit être gérée dans son intérêt propre, en considérant les enjeux sociaux et environnementaux de son activité".

Selon l'enquête menée en juillet par l'institut de sondages OpinionWay pour CCI France, La Tribune et Europe 1, les chefs d'entreprises interrogés considèrent, presque à l'unanimité (90%), qu'une part de leur rôle est bien de s'engager en faveur de pratiques sociales, environnementales et économiques vertueuses. Et plus d'un quart (27%) estime même que c'est "tout à fait le cas".

Lire aussi : Objet social : la loi Pacte retient l'essentiel du rapport Notat/Senard

Une démarche volontaire

À en croire les chiffres, nous sommes donc face à des dirigeants d'entreprise qui se sentent particulièrement concernés par la politique RSE ; un signe encourageant. D'ailleurs, une large majorité d'entre eux (61%) ont déjà le sentiment de soutenir aujourd'hui des initiatives permettant de développer de meilleurs comportements sur le plan social, environnemental et économique (mais seuls 11% ont "tout à fait ce sentiment").

Dans le détail, ce sont les dirigeants du secteur de l'industrie (70%) et des services (67%) qui sont les plus nombreux à déclarer le faire. Ceux oeuvrant dans le commerce (59%) et surtout la construction (26%) se montrent plus prudents, quand bien même 80% de ces derniers considèrent que s'engager en faveur de ces pratiques est un des rôles du chef d'entreprise.

L'engagement environnemental, première mission RSE des dirigeants. Et ensuite ?

Parmi les initiatives RSE mises en oeuvre dans les entreprises françaises, on retrouve en tête de gondole celles en faveur de la protection de l'environnement. 69% des chefs d'entreprise déclarent avoir engagé toute une série de dispositions en ce sens, telles que l'utilisation de gobelet en carton ou l'usage de papier recyclé, pour préserver l'environnement.

En revanche, les initiatives en faveur du bien-être au travail, de la diversité dans le recrutement ou encore de la lutte contre le harcèlement sexuel peinent vraiment à se matérialiser. Et les chiffres sont, là-aussi, particulièrement éloquents. Par exemple, ils sont seulement 25% à proposer aux salariés un environnement de travail épanouissant et 15% à se mobiliser sur les sujets de société type harcèlement sexuel au travail ou laïcité. A contrario, ils sont 74% et 83% a ne pas se mobiliser sur ces sujets et ne pas avoir l'intention de le faire "pour l'instant".

Et enfin, seulement 8% ont une politique RH favorisant la diversité et le recrutement de personnes éloignées de l'emploi, et 8% proposent des produits bio ou locaux à leurs salariés.

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La "prise de décision participative" divise

L'enquête sonde aussi les entrepreneurs sur la "prise de décision participative", une culture d'entreprise à rebours d'un management pyramidal. Ils sont seulement un tiers (33%) à considérer que tous les salariés doivent être impliqués dans les décisions stratégiques de leur entreprise. Les moins ouverts à cette possibilité concernent ceux à la tête d'une entreprise de 10 salariés ou plus (25%) - des structures qui comptent donc plus de salariés.

A contrario, 28% des personnes interrogées considèrent que seul le chef d'entreprise doit être impliqué dans les décisions stratégiques, 22% que cela doit être le cas pour les plus hautes fonctions et 17% pour l'ensemble des managers.

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Méthode : étude réalisée auprès d'un échantillon de 613 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur de l'activité et la taille après stratification par région d'implantation. Les entretiens ont été réalisés du 12 au 18 juillet 2018 par téléphone.

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DOCUMENT DE REFERENCE

> La grande consultation des entrepreneurs - Vague 31 / Juillet 2018

[Cliquez sur l'image ou le titre pour télécharger le sondage complet de 29 pages, en pdf]