Russie : François Fillon auditionné par la commission d'enquête sur les ingérences étrangères

Par latribune.fr  |   |  399  mots
(Crédits : BENOIT TESSIER)
L'ancien Premier ministre et candidat LR à la présidentielle François Fillon, qui a un temps siégé dans deux conseils d'administration de géants russes, sera auditionné le 2 mai sur ses liens avec Moscou par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les ingérences étrangères.

François Fillon a-t-il été le cheval de Troie de Moscou en France ? C'est la question que tentera de démêler la commission d'enquête sur les ingérences étrangères de l'Assemblée nationale, le 2 mai prochain, lorsqu'elle auditionnera l'ancien Premier ministre et candidat LR à la présidentielle de 2017.

Lancée à l'initiative du Rassemblement national -ce qui ne manque pas de sel étant donné les liens de financement entre le RN et la Russie-, cette commission, présidée par le député RN Jean-Philippe Tanguy, planche depuis plusieurs semaines sur les « ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères (...) visant à influencer ou corrompre des relais d'opinion, des dirigeants ou des partis politiques français ».

Reconversion polémique dans le privé

Depuis sa défaite à l'élection présidentielle de 2017, François Fillon s'est reconverti dans le privé et a notamment siégé aux conseils d'administration des entreprises russes Sibur (pétrochimie) et Zarubeshneft (hydrocarbure).

Le 24 février 2022, au moment même où l'armée russe envahissait l'Ukraine, l'ancien Premier ministre s'était attiré de vives critiques après avoir déploré « le refus des Occidentaux » d'entendre les revendications de Moscou concernant l'Otan. Le lendemain, il avait annoncé démissionner de ses mandats russes.

François Fillon avait rejoint en décembre 2021 le conseil d'administration de Sibur, notamment contrôlé par Leonid Mikhelson, l'un des hommes les plus riches de Russie, et Guennadi Timtchenko, un proche du président Vladimir Poutine visé par des sanctions. Quelques mois plus tôt, en juin 2021, il avait intégré la même instance chez Zarubezhneft, détenue par l'Etat russe.

Les relations troubles du RN

La commission d'enquête sur les ingérences étrangères a été lancée par le RN pour tenter de couper court aux accusations faisant du parti d'extrême droite un agent de l'influence russe en France.

Plusieurs responsables politiques ont déjà été auditionnés, notamment le député européen RN Thierry Mariani, visé par deux enquêtes préliminaires de possibles faits de corruption et de trafic d'influence avec une association franco-russe. Le RN a également fait la polémique pour les liens de Philippe Olivier, lieutenant et beau-frère de Marine Le Pen, avec la Russie, ou encore pour les « prêts russes » du RN et du micro-parti de Marine Le Pen en 2014, pour respectivement 9 et 2 millions d'euros.