Stigmatisé, le marché des piscines privées est touché mais pas coulé

Par latribune.fr  |   |  641  mots
Sur la défensive concernant leur consommation d'eau, le secteur a évoqué « les progrès des équipements et des produits » - à l'instar des abris et des couvertures de piscines pour limiter l'évaporation de l'eau. (Crédits : Rénoval Abris)
Le marché français des piscines privées a de nouveau été « entravé » en 2023, en raison de l'inflation et des restrictions de consommation d'eau liées à la sécheresse, a indiqué mardi la Fédération des professionnels de la piscine (FPP). Le nombre de piscines construites entre janvier et septembre 2023 est cependant resté en progression de 8,6% par rapport à la même période de 2019, avant la crise sanitaire.

Perturbé par l'inflation et les épisodes de sécheresse, le marché français des piscines privées nage en eaux troubles. Le chiffre d'affaires du secteur a reculé de 11,5% sur les neuf premiers mois de 2023, par rapport à la même période de 2022, a expliqué lors d'une conférence de presse la Fédération des professionnels de la piscine FPP, qui n'a pas livré de chiffre sur sa rentabilité. Le marché avait déjà marqué le pas avec un recul de 8% de chiffre d'affaires en 2022 par rapport à 2021. Le nombre de piscines construites a chuté de 15% sur neuf mois, par rapport à la même période de 2022.

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Un secteur « stigmatisé »

Outre l'inflation, « la situation de sécheresse inédite a eu un fort impact médiatique et négatif pour notre profession », a regretté Stéphane Figueroa, président de la FPP, assurant que son secteur a été « stigmatisé » dans le contexte des restrictions d'eau cet été. Touché, mais pas coulé. Le marché des piscines individuelles - au nombre de 3,4 millions en France aujourd'hui - reste « porteur », malgré « ces effets conjoncturels », selon Laurent Montserrat, trésorier de la fédération.

Le niveau de constructions avait connu une forte augmentation durant la pandémie de Covid-19. Le nombre de piscines construites entre janvier et septembre 2023 est toutefois resté en progression de 8,6% par rapport à la même période de 2019, selon la FPP.

Sur la défensive concernant leur consommation d'eau, le secteur a évoqué « les progrès des équipements et des produits » - à l'instar des abris et des couvertures de piscines pour limiter l'évaporation de l'eau et conserver une température constante. Ils ont permis une « réduction drastique » de la consommation d'eau, défend Joëlle Pulinx, déléguée générale de la FPP.

Cette consommation équivaut à environ « 20 millions de mètres cube d'eau » utilisée annuellement, a-t-elle ajouté, soit « 0,06% de l'ensemble des usages de l'eau annuel » en France (eau potable, eau industrielle, eau pour l'agriculture ou l'énergie...) . » Rapporté à la seule consommation domestique (54 m3 par habitant par an en 2021 selon l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement, Sispea), cela représente 0,5%.

Une campagne de communication en préparation

La fédération a également indiqué préparer pour l'année prochaine une « puissante » campagne de sensibilisation à la bonne gestion de l'eau des piscines. Objectif, promouvoir de « bonnes pratiques » auprès des usagers, afin de conserver l'eau du bassin le plus longtemps possible. Elle sera d'autant plus attendue que des crispations se sont nouées avant l'été autour de la question des piscines privées, prises pour cible par de nombreux élus.

Fin mai, les maires d'Elne, près de Perpignan (Pyrénées-Orientales) ou de Brando (Haute-Corse), avaient prohibé la construction de piscines jusqu'à nouvel ordre. Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) soulignait des mesures similaires et, dans le Var, les neuf communes du pays de Fayence ont proscrit les nouveaux bassins privés jusqu'en 2028. Début mai, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu avait, lui, annoncé l'interdiction de la vente des piscines hors-sol dans les Pyrénées-Orientales, touchées alors par une sécheresse exceptionnelle. « Le dérèglement climatique, c'est maintenant ; il faut qu'on sorte de la culture de l'abondance », avait-il tonné, ravivant l'image de propriétaires de piscines gros consommateurs d'eau.

« On est les boucs-émissaires dans cette histoire. C'est injuste de parler de culture de l'abondance. On est économe de notre eau », assurait alors Jean-Louis Desjoyaux, président de la société éponyme, numéro un européen des piscines enterrées.

« Avoir une piscine, ce n'est pas être soumis à l'ISF. Ça s'est démocratisé. On a des premiers prix à 15.000 euros ». Selon la FPP, 44% des détenteurs de piscines enterrées sont employés, ouvriers ou agriculteurs.

(Avec AFP)