Trois proches de l'assaillant de Paris en garde à vue

Par latribune.fr  |   |  1067  mots
(Crédits : REUTERS TV)
Les parents de l'auteur, un Français d'origine tchétchène fiché "S", ont été interpellés dimanche matin dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Dans l'après-midi, à Strasbourg, un ami de l'auteur a aussi été placé en garde à vue.

L'enquête suivant l'attaque au couteau perpétrée samedi soir à Paris avance. L'auteur a été identifié: il s'agit d'un Français d'origine tchétchène fiché "S" depuis 2016 et sans antécédents judiciaires, selon une source proche de l'enquête.

Originaire de la de la Tchétchénie, république constitutive de la fédération de Russie et où l'islam sunnite est la religion dominante, Khamzat Azimov avait été naturalisé français en 2010, après sa mère, a dit le porte-parole du gouvernement au "Grand Jury" RTL-LCI-Le Figaro. Benjamin Griveaux a dit ignorer les raisons de son signalement dans les fichés "S", des personnes potentiellement menaçantes pour la "Sûreté de l'Etat". BFM TV fait état de "liens indirects avec une personne en Syrie".

Un ami de l'auteur interpellé à Strasbourg

Ses parents ont été interpellés dimanche matin dans le XVIIIe arrondissement de Paris, où ils résidaient dans un hôtel meublé, et placés en garde à vue, a-t-on précisé de source judiciaire. Dans l'après-midi, à Strasbourg, un ami de l'auteur a aussi été placé en garde à vue, a-t-on ajouté de même source. Il est né en 1997 comme l'assaillant, Khamzat Azimov.

Strasbourg abrite une importante communauté tchétchène, notamment dans le quartier de l'Elsau. Selon Eric Elkouby, conseiller départemental socialiste du canton où est situé ce quartier populaire, 40 à 50 familles tchétchènes y résident.

"Je tire la sonnette d'alarme depuis 2008-2009. Il y a là un terreau pour certains jeunes radicalisés", a-t-il dit à Reuters, évoquant "un quartier délaissé qui connaît la plus forte progression de paupérisation".

La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie compte tenu du mode opératoire de l'attaque et "sur la foi de témoignages faisant état du fait que l'agresseur a crié 'Allah Akbar'", a précisé le procureur de Paris, François Molins. Les qualifications d'"association de malfaiteurs terroriste pour préparer la commission de crime d'atteinte aux personnes" et "d'assassinat et tentative d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" ont été retenues.

L'attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique, qui a diffusé dimanche, via son organe de propagande Amaq, une vidéo où un jeune homme, le visage à demi dissimulé par un bonnet, une capuche et une écharpe noire, affirme avoir agi en riposte à la coalition des "mécréants" qui luttent contre l'EI en Syrie et en Irak.

Cinq victimes

L'attaque, survenue peu avant 20h50 dans le secteur de la rue Monsigny, dans le IIe arrondissement de Paris, non loin du quartier touristique de l'Opéra, a fait un mort, un jeune homme de 29 ans qui a succombé à ses blessures, et quatre blessés, dont un ressortissant chinois et un Luxembourgeois, selon les représentations diplomatiques de ces deux pays.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a assuré dans la nuit de samedi à dimanche que les quatre blessés étaient "hors de danger". Il s'agit d'un homme de 34 ans qui avait été transporté en "urgence" à l'hôpital parisien Georges-Pompidou et d'une femme de 54 ans qui a aussi été grièvement blessée. Une femme de 26 ans et un homme de 31 ans l'ont été plus légèrement.

L'assaillant tué par la police

Selon des témoignages et une photo vue par Reuters, l'assaillant était vêtu de noir, brun et barbu. Prévenues par des appels téléphoniques, les forces de l'ordre sont intervenues rapidement rue Monsigny.

"Quand il a vu les deux policiers, il s'est rué sur eux et a crié 'Je vais vous tuer! Je vais vous tuer!'. Un collègue a voulu faire usage de son Taser mais il n'a pas fonctionné. L'autre collègue a alors tiré deux fois", a décrit Rocco Contento, secrétaire départemental Paris du syndicat Unité SGP Police, à Reuters.

Une note de police précise que le Taser, un pistolet à impulsion électrique, s'est avéré inefficace et que le second policier a blessé "gravement" par balle l'agresseur "dans la région du coeur". L'arme de l'agresseur était un couteau de cuisine "dont la lame mesurant 10 cm est cassée", indique la note.

La droite accuse le gouvernement d'inaction

Pendant que l'enquête avance, certains politiques de droite accusent le gouvernement de ne pas faire assez contre le terrorisme. Lors d'une réunion dimanche à son ministère, Gérard Collomb a concédé qu'il était "compliqué de pouvoir prévenir" ce type d'attentats au mode opératoire "rudimentaire", comme ce fut le cas déjà à la gare Saint-Charles de Marseille en octobre 2017, où un homme avait poignardé à mort deux jeunes femmes avant d'être abattu par une patrouille de "Sentinelle". "Il n'y a pas malheureusement de moyens d'empêcher ce type d'événement", a abondé Benjamin Griveaux.

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, qui plaide pour la rétention administrative des fichés 'S' les plus dangereux, a réagi sur Twitter:

Marine Le Pen, présidente du Front national, a aussi réagi sur Twitter:

 Avant d'ajouter:

22 attentats déjoués en 15 mois

"La fiche 'S' permet de faire un travail de police et un travail de renseignement importants", a répondu Benjamin Griveaux.

"Ces 15 derniers mois, 22 attentats ont été déjoués notamment grâce au travail de nos services de renseignement qui est permis, facilité grâce à la tenue de fiches 'S'".

"Si vous les enfermez, vous ne pouvez pas remonter des filières, démanteler des opérations qui adviendraient demain", a-t-il expliqué, appelant la droite à "dépasser les effets de tribune".