« Trop de charges, de concurrence déloyale, de difficulté » : les entreprises de l'hôtellerie-restauration frappées par les faillites en 2023 (Umih)

Par latribune.fr  |   |  547  mots
De nombreux restaurants sont étranglés par les PGE souscrits pour passer le cap de la pandémie. (Crédits : Andreas Gebert)
Le nombre de défaillances d'entreprises s'est inscrit en forte hausse sur l'année 2023, restant toutefois en deçà de son niveau moyen d'avant la pandémie de Covid-19, selon des chiffres de la Banque de France.

Des chiffres en trompe-l'œil. Les 55.492 défaillances d'entreprises, contre 41.297 sur les douze mois précédents, soit une augmentation de 34,4% sur un an, ne reflètent pas la réalité du niveau de santé des sociétés, selon la Banque de France. Selon l'institution, c'est la conséquence « d'un mouvement de rattrapage qui concerne tous les secteurs de l'économie mais de manière hétérogène ». En d'autres termes, les faillites sont survenues après l'arrêt des aides qui ont maintenues de nombreuses entreprises à flot après la période Covid.

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Elle explique que « les défaillances ont, en effet, fortement reculé à compter du début de la crise sanitaire, à la suite de la modification temporaire des dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiements, puis des mesures publiques de soutien en trésorerie permettant d'éviter cet état de cessation des paiements ».

L'hébergement-restauration, le secteur le plus touché

Dans ce contexte, par rapport à 2022, les défaillances ont augmenté de 44,6% dans l'hébergement-restauration, de 44,4% dans l'information et la communication, de 40,4% dans les activités immobilières et de 38,7% dans la construction. Elles ont en revanche baissé de 1,3% dans l'agriculture, la sylviculture et la pêche.

« Il n'y a jamais eu autant d'entreprises de notre secteur qui mettent la clé sous la porte, parce que trop de charges, parce que trop de concurrence déloyale, parce que trop de difficulté pour se développer », a déploré fin novembre Thierry Marx, président de l'Umih, lors du congrès annuel de l'organisation patronale qui revendique fédérer 71% des entreprises syndiquées du secteur de l'hébergement-restauration. Remerciant le gouvernement pour les prêts garantis par l'Etat, « des bouées de sauvetage pour nous éviter de sombrer », le chef a souligné que si le Covid était « derrière nous, nous ne sommes pas sortis de la crise au fond » et il a demandé à cet effet « le rééchelonnement de tous les PGE et leur possible conversion en quasi-fonds propres ».

121.230 établissements ont souscrit un PGE (prêt garanti par l'Etat), soit une entreprise sur deux dans le secteur des CHRD (cafés, hôtels, restaurants et discothèques), pour un montant moyen de 91.500 euros, selon l'Umih. « D'un côté nos marges se réduisent, les coûts de l'énergie et des matières premières s'envolent. Nous avons augmenté les grilles de salaires en moyenne de 16% fin 2021 et de 5% en 2023, mais nous peinons toujours à recruter... », constatait alors Thierry Marx.

Le nombre de défaillance reste inférieur au niveau enregistré sur la période 2010-2019

Par taille d'entreprise, les défaillances de TPE-PME ont bondi de 34,3% sur un an, à 55.435. Les défaillances d'entreprises de taille intermédiaire et de grandes entreprises augmentent de 111,1% mais sur un nombre beaucoup plus limité, 57 sur douze mois. Au total, le nombre de défaillances sur un an reste néanmoins encore « sensiblement inférieur » au niveau moyen de 59.342 enregistré sur la période 2010-2019, relève la Banque de France. Le rythme de hausse des défaillances sur un an enregistre en outre un nouveau ralentissement : il était de 35,6% en novembre sur un an.

(Avec AFP)