Un confinement en décembre en France pour sauver Noël : la recommandation de deux prix Nobel

Par latribune.fr  |   |  1317  mots
(Crédits : <small>DR</small>)
Esther Duflo et Abhijit Banerjee, deux économistes ayant remporté le prix Nobel d'économie en 2019, ont proposé dans une tribune publiée samedi par le Monde un confinement du 1er au 20 décembre en France pour permettre de fêter Noël en famille.

Un effort collectif pour sauver Noël": Esther Duflo et Abhijit Banerjee, deux économistes ayant remporté le prix Nobel d'économie en 2019, ont proposé samedi un confinement en décembre en France pour permettre de fêter Noël en famille. Les deux Nobel, qui sont mariés, demandent de "décréter un confinement dans tout le territoire pour la période de l'Avent, du 1er au 20 décembre" dans une tribune publiée samedi par Le Monde.

Cette solution "claire, uniforme et transparente", a pour objectif de limiter les contaminations lors des rassemblements familiaux, et notamment celles des personnes âgées, les plus touchées par la maladie, défendent les deux auteurs.

Coût éducatif faible

Ils affirment que "le coût éducatif serait très faible", avec l'annulation ou la tenue en ligne des deux dernières semaines de cours de l'année calendaire. Le coût économique serait moins "important" que celui "d'annuler Noël", ou d'un reconfinement plus drastique quelques semaines plus tard en raison des contaminations lors des fêtes de fin d'année.

"Les achats de Noël pourraient être encouragés pendant le mois de novembre", développent les époux.

Les fêtes de Noël menacées

Autrement, la montée des contaminations observée en France depuis plusieurs semaines pourrait contraindre le gouvernement à un reconfinement, voire à l'"interdiction des voyages et des réunions familiales" lors de Noël.

D'autant plus que les auteurs n'imaginent pas dès "cet automne" la généralisation "de tests bon marché" et "réellement faciles d'accès" qui permettraient d'identifier beaucoup plus vite les porteurs du virus, et de les placer en quarantaine.

Le gouvernement français a annoncé mercredi de nouvelles restrictions pour lutter contre la propagation du Covid-19. Douze agglomérations ont été placées en "zone d'alerte renforcée", ce qui implique notamment la fermeture des bars à partir de 22 heures. Les rassemblements y sont également limités à 1.000 personnes.

La France a enregistré samedi 14.412 nouveaux cas confirmés de coronavirus, non loin du record quotitien de 16.096 inscrit plus tôt dans la semaine.

Le nombre total de contaminations, qui a franchi la veille la barre des 500.000 alors que le gouvernement multiplie à nouveau les mesures de restrictions pour endiguer la propagation du virus, s'établit désormais à 527.446. Selon les données publiées samedi soir par Santé Publique France, le nombre de décès a par ailleurs augmenté de 39 en 24 heures, portant le bilan total à 31.700.

A l'échelle mondiale, l'épidémie a fait plus de 986.600 morts, selon un calcul compilé par Reuters

L'OMS craint 2 millions de morts dans le monde

Cette tribune des deux prix Nobel intervient alors que l'Organisation mondiale de la santé redoute désormais que la pandémie de Covid-19 ne fasse deux millions de morts si le monde ne se mobilise pas fortement, et les appels se multiplient pour partager équitablement de futurs vaccins.

La pandémie a déjà fait près d'un million de morts, sur plus de 32 millions de cas de contamination dont sept millions aux Etats-Unis. Elle a plongé l'économie dans une récession sans précédent et contraint à annuler ou retarder des évènements culturels et sportifs majeurs.

Interrogé à Genève sur la possibilité que le bilan final du Covid-19 atteigne deux millions de morts, un responsable de l'OMS a jugé l'hypothèse plausible.

"Si nous ne faisons pas tout ce qui est possible, le nombre dont vous parlez n'est pas seulement envisageable mais malheureusement très probable", a estimé Michael Ryan, directeur des Situations d'urgence de l'OMS.

Pour tenter d'éviter cela, une course effrénée au vaccin a été lancée: il s'agit à la fois de mettre au point cette arme anti-coronavirus et pour chaque pays de s'assurer que sa population pourra disposer de doses suffisantes.

A l'Assemblée générale annuelle des Nations Unies, l'Amérique latine et l'Australie ont réclamé un accès libre aux futurs vaccins, alors que les Etats-Unis, l'Europe et le Japon ont déjà réservé plus de la moitié des doses qui seraient disponibles dans un premier temps.

"Quiconque trouve un vaccin doit le partager... c'est une responsabilité mondiale et une responsabilité morale", a affirmé vendredi le Premier australien Scott Morrison. Le monde "jugera très, très  sévèrement" ceux qui chercheront à tirer de cette crise "un avantage à court terme ou un profit", a-t-il averti.

L'Inde, le plus grand fabriquant de vaccins au monde, utilisera ses ressources dans la lutte contre la pandémie "pour toute l'humanité", a promis samedi son Premier ministre Narendra Modi, devant l'ONU.

"La production de vaccins de l'Inde et ses capacités de livraison seront utilisées pour aider toute l'humanité à combattre cette crise", a déclaré Narendra Modi, ajoutant que son pays aiderait aussi les pays "à améliorer leur chaîne du froid et leurs capacités de stockage".

Accélération en Europe

Pour l'heure, la pandémie continue de progresser. Au total dans le monde, on a recensé 993.438 morts depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP samedi à 11h00 GMT. La pandémie s'est légèrement accélérée cette semaine, avec 295.000 nouveaux cas par jour, soit 3% de plus que la semaine précédente. C'est en Europe que l'accélération a été la plus forte (+22% par rapport à la semaine précédente). Aux Etats-Unis, le pays le plus lourdement touché, l'épidémie stagne, mais à un niveau élevé: le nombre des contaminations a dépassé vendredi les 7 millions et plus de 203.500 personnes sont mortes du Covid-19 depuis février.

En Espagne, la région de Madrid s'apprête à étendre à de nouvelles zones les restrictions déjà en vigueur. A partir de lundi, 167.000 habitants supplémentaires - soit un peu plus d'un million de personnes - ne pourront sortir de leur quartier que pour des raisons précises: aller travailler, se rendre chez le médecin ou emmener leurs enfants à l'école.

Au Royaume-Uni, près de la moitié du Pays de Galles va faire l'objet d'un confinement local. Le ministre gallois de la Santé, Vaughan Getting, a annoncé qu'à partir de 18h00 dimanche il serait interdit d'entrer dans les villes de Cardiff et de Swansea ou d'en sortir sans une raison valable, professionnelle ou scolaire par exemple. Les mêmes dispositions entreront en vigueur samedi à Llanelli.

Colère à Marseille

A Marseille, la deuxième ville de France, responsables politiques, entrepreneurs et commerçants sont descendus dans la rue vendredi pour protester contre la fermeture totale des bars et des restaurants décidée par le gouvernement.

La métropole de Marseille-Aix est désormais classée "zone d'alerte maximale". Onze autres agglomérations, dont Paris, ont été placées par le gouvernement en "zone d'alerte renforcée", avec entre autres mesures la fermeture des bars à 22 heures.

La mairie de Moscou, confrontée à un nouvel essor des contaminations, a demandé vendredi aux habitants âgés de la capitale russe de se confiner et a appelé les entreprises de privilégier le télétravail.

En Birmanie, pays relativement épargné jusque présent et où le système de santé est l'un des plus précaires au monde, 6.000 personnes étaient placées en quarantaine à Rangoun et samedi, les medias officiels ont rapporté que sept nouveaux centres avaient été construits pour isoler 1.000 autres personnes.

En Israël, le gouvernement a annoncé vendredi de nouvelles restrictions sur les vols internationaux.

A l'inverse, le Pérou rouvrira le 5 octobre ses frontières aériennes à un certain nombre de pays, après sept mois de fermeture.

Et en Chine, la foule se pressait samedi au grand salon automobile de Pékin - le seul événement international du secteur cette année - au moment où les constructeurs automobiles cherchent de nouveau à attirer les clients malgré la pandémie.

(avec AFP et Reuters)