Avis de tempête pour les influenceurs qui ont pignon sur les réseaux sociaux. La Répression des fraudes (DGCCRF), qui a « ciblé » plus d'une soixantaine d'acteurs de l'Internet, dont des agences, reproche à une trentaine d'entre eux d'avoir « trompé les consommateurs sur les propriétés des produits vendus » ou d'avoir « promu des produits ou services risqués » dans le domaine des paris sportifs.
« Dans les cas les plus graves, certains influenceurs ont réalisé des opérations de promotions non autorisées, comme celle de l'utilisation du compte de formation professionnelle (CPF) pour récupérer des espèces ou des cadeaux (...) ou celle d'injections à visée esthétique par des esthéticiens et des non professionnels de santé », souligne l'administration.
Elle cible également certains pratiquants du « drop shipping », un concept commercial où le client passe commande sur le site internet d'un vendeur qui ne possède pas de stock. Dans ce système, le vendeur n'est qu'un simple intermédiaire qui se fournit auprès d'un grossiste, et qui peut augmenter sa marge comme il le souhaite. Les services de Bercy indiquent avoir engagé plusieurs procédures à leur encontre.
Une enquête vise l'agence Shauna Events, ciblée par le rappeur Booba
Le conflit qui a éclaté l'année dernière entre Magali Berdah, patronne de l'agence d'influenceurs Shauna Events, et le rappeur Booba avait mis en lumière les dérives de la promotion de produits sur les réseaux sociaux et les risques, notamment pour les plus jeunes.
La justice a ouvert une enquête pour « pratiques commerciales trompeuses » contre cette agence le 6 septembre dernier, qui a été confiée au commissariat d'Antibes, ville où est immatriculée la société.
Une proposition de loi a été déposée par un député écologiste
Désireux de mieux encadrer les pratiques des influenceurs, le ministère de l'Economie a initié en décembre une série de réunions avec une cinquantaine d'acteurs du secteur et a lancé une consultation publique, ouverte jusqu'au 31 janvier. Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire rendra compte de ces contributions et d'éventuelles décisions d'ici mars 2023. « J'en fais une priorité absolue », avait-il affirmé lors d'un entretien au média Brut.
En novembre, le député écologiste Aurélien Taché avait déposé une proposition de loi pour « encadrer les pratiques » du secteur des influenceurs sur les réseaux sociaux et mieux « protéger les consommateurs ». L'élu soulignait « qu'il n'y a rien aujourd'hui pour réguler les relations entre influenceurs et agents, influenceurs et marques » et déplorait « des responsabilités pas claires ».
Il espérait alors que sa proposition de loi sera inscrite dans une journée à l'Assemblée réservée aux textes de son groupe politique, en 2023.
(Avec AFP)