Voeux présidentiels : plus de sérénité et de fermeté

Par latribune.fr  |   |  945  mots
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Debout face au Français, avec un ton digne de la campagne 2017, le président Emmanuel Macron reprend l'initiative et explique la nécessité du "parler-vrai".

Emmanuel Macron a appelé lundi soir, dans ses voeux aux Français pour l'année 2019, au respect de "l'ordre républicain", fustigeant les "porte-voix d'une foule haineuse" qui s'en prennent à certaines catégories de personnes au prétexte de "parler au nom du peuple."

"Nous ne vivons libres dans notre pays que parce que des générations qui ont précédé se sont battues pour ne subir ni le despotisme ni aucune tyrannie. Et cette liberté, elle requiert un ordre républicain, elle exige le respect de chacun et de toutes les opinions", a dit le président dans un message télévisé enregistré à l'Élysée à l'occasion du Nouvel An.

"Que certains prennent pour prétexte de parler au nom du peuple : mais lequel, d'où, comment ? Et n'étant en fait que les porte-voix d'une foule haineuse s'en prennent aux élus, aux forces de l'ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels, c'est tout simplement la négation de la France", a énuméré le chef de l'État.

Visant sans les nommer les partis extrêmes et certaines actions et prises de parole en marge du mouvement des "Gilets jaunes", Emmanuel Macron a rappelé les règles de la démocratie et de l'État de droit.

"Le peuple est souverain, il s'exprime lors des élections, il y choisit des représentants qui font la loi. Précisément parce que nous sommes un État de droit", a-t-il dit.

"L'ordre républicain sera assuré sans complaisance, car j'attends de chacun ce respect indispensable à la vie en société."

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Les "Gilets jaunes" au coeur des voeux des politiques

Le mouvement de colère des "Gilets jaunes" a constitué le fil rouge des premiers messages de voeux de dirigeants politiques français publiés lundi, peu avant le message télévisé d'Emmanuel Macron pour le Nouvel an.

Dans un message vidéo, le président du Mouvement démocrate, François Bayrou, qui fait partie de la majorité, appelle le pays à retrouver l'unité.

"Un pays uni, rien ne lui résiste. Un pays divisé, il va droit à l'échec", dit l'ancien ministre, qui demande depuis plusieurs mois au président Emmanuel Macron de donner une inflexion sociale à sa politique.

"Et c'est pourquoi nous ne pouvons pas laisser grandir ce sentiment d'agressivité tous azimuts, tout le monde contre tout le monde ; le sentiment que tout le monde est jaloux de ce qu'il considère comme le privilège des autres, qu'on attaque les forces de l'ordre, nos institutions, la démocratie dans laquelle nous vivons, les élus comme s'ils étaient coupables de quelque chose. On a besoin de retrouver l'unité du pays", insiste le maire de Pau.

Dans leurs messages respectifs, les leaders souverainistes Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot font des références directes au mouvement des "Gilets jaunes" contre les hausses de taxes, organisé via les réseaux sociaux, qui perturbe la France depuis la mi-novembre.

Le président de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, a filmé ses voeux en direct d'un rond-point occupé par des "Gilets jaunes" dans l'Yonne, saluant "le réveil de Françaises et de Français qui refusent la soumission".

"Soit le gouvernement étouffe, par de fausses mesures et la propagande, les 'Gilets jaunes' et alors la désespérance populaire mènera le pays au chaos. Soit nous entendons en 2019 ce cri légitime des 'Gilets jaunes', nous mettons en oeuvre leurs propositions de bon sens, pour plus de justice et plus de démocratie", plaide le député de l'Essonne, tête de liste pour les élections européennes du 26 mai prochain.

Au nom du mouvement "Les Patriotes", Florian Philippot émet pour sa part le voeu que l'année 2019 se termine "sans Emmanuel Macron à l'Élysée".

"Nous avons commencé l'année avec Emmanuel Macron à l'Élysée. Il serait bien que nous finissions l'année 2019 sans Emmanuel Macron à l'Élysée", dit l'ancien collaborateur de la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen.

"Je suis sûr que le génie du peuple français permettra de trouver une solution de remplacement, quelque chose de meilleur, quelque chose qui soit à la hauteur de la France, à la hauteur de cette destinée de notre nation qui véritablement mérite mieux que ce qui lui est infligé depuis trop d'années, trop de décennies, c'est-à-dire un pouvoir soumis à la banque, soumis à la finance, soumis à des intérêts privés, qui ne sont pas ceux du peuple et soumis bien sûr totalement à l'Union européenne", ajoute le député européen.

L'ex-président François Hollande demande pour sa part que l'année 2019 soit "celle de l'apaisement".

"Notre pays en a tant besoin, dans cette période où domine le sentiment d'injustice, et parfois d'abandon", écrit l'ancien chef de l'État, qui a rencontré à plusieurs reprises des représentants des "Gilets jaunes" ces dernières semaines.

"L'unité ne pourra se retrouver que dans le dialogue et le respect de chacun, mais surtout dans la recherche obstinée de l'égalité et de la solidarité", ajoute l'ex-dirigeant socialiste.

(avec agences)