70 millions d'Asiatiques sont tombés dans l'extrême pauvreté en 2022 à cause de l'inflation et du Covid

Par latribune.fr  |   |  465  mots
« L'Asie et le Pacifique se remettent progressivement de la pandémie de Covid-19, mais la hausse du coût de la vie sape les progrès pour éliminer la pauvreté », s'inquiète dans un communiqué l'économiste en chef de la BAD, Albert Park. (Crédits : Eloisa Lopez)
155 millions de personnes se trouvaient dans l'extrême pauvreté en 2022 dans les pays asiatiques les plus modestes, dont 68 millions de personnes à cause de la récente hausse du coût de la vie et de pandémie selon la Banque asiatique de développement.

Les crises des trois dernières années obèrent le développement des économies asiatiques les plus fragiles. En effet, près de 70 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans l'extrême pauvreté en 2022 à cause de l'inflation des prix alimentaires et énergétiques mais aussi des soubresauts du Covid dans les pays en développement d'Asie, selon un rapport publié ce jeudi par la Banque asiatique de développement (BAD).

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En clair, ces personnes frappées par l'extrême pauvreté vivent avec moins de 2,15 dollars par jour, sur la base des prix de 2017 corrigés de l'inflation. L'Asie en développement se compose de 46 économies émergentes, du Kazakhstan en Asie centrale aux Îles Cook dans le Pacifique. « L'Asie et le Pacifique se remettent progressivement de la pandémie de Covid-19, mais la hausse du coût de la vie sape les progrès pour éliminer la pauvreté », s'inquiète dans un communiqué l'économiste en chef de la BAD, Albert Park.

Les plus pauvres sont plus exposés à l'inflation

L'institution considère qu'un total de 155 millions de personnes, soit 3,9% de la population de la région, est extrêmement pauvre en 2022, soit 68 millions de personnes en plus par rapport à l'évolution attendue de la pauvreté s'il n'y avait pas eu de hausse du coût de la vie et de pandémie. Inévitablement, les foyers pauvres souffrent davantage de la hausse des prix que d'autres catégories sociales. Leurs faibles marges de manœuvre financières les empêchent de payer plus cher des produits de première nécessité.

Autre point d'inquiétude du rapport, les personnes pauvres se trouvent aussi incapables d'économiser, de payer leurs soins de santé ou d'investir dans l'éducation à cause de l'inflation qui grignote leurs ressources. D'après les projections de la BAD, la hausse des prix atteint 3,6 % en 2023 contre 4,4 % en 2022. Au-delà de l'extrême pauvreté, quelque 1,26 milliard de personnes des 46 pays en développement d'Asie, soit environ 30% de la population, demeurent « économiquement vulnérables », malgré les politiques de développement engagées.

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Depuis plusieurs mois, les institutions internationales n'ont de cesse d'alerter sur la violence des chocs économiques subis par les plus modestes à travers le monde. Fin juillet, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) rappelait qu'entre 2020 et 2023 90 millions de personnes étaient tombées sous le seuil de pauvreté de 3,65 dollars par jour et 75 millions de personnes dans l'extrême pauvreté (moins de 2,15 dollars par jour). Soit, un total de 165 millions de personnes déclassées par la crise sanitaire et l'envolée des prix.