Abrogation de l'Obamacare reportée : Trump lance un ultimatum à son camp

Par latribune.fr  |   |  563  mots
Hier, jeudi 23 mars, à la Maison-Blanche, réunion sous haute tension entre Donald Trump et les élus républicains.
Donald Trump n'a pas réussi jeudi à convaincre suffisamment de républicains d'engager le détricotage de l'Obamacare, contraignant la Chambre des représentants à différer son vote. Si cette promesse de campagne est réalisée, ce sont quelque 20 millions d'Américains qui pourraient perdre la couverture-maladie mise en place par Barack Obama le 1er janvier 2014.

"Nous avons promis au peuple américain que nous abrogerions et remplacerions cette loi boîteuse car elle s'effondre et qu'elle laisse tomber les familles, et demain nous avancerons", a dit Paul Ryan, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, à l'issue d'une réunion dans la soirée, dans une déclaration qui entérinait le blocage des discussions chez les républicains et annonçait un report du vote au lendemain.

Parce qu'ils l'estiment trop coûteuse et trop intrusive face à l'autorité des Etats voire au respect strict du principe de liberté individuelle, Trump et ses alliés républicains ont promis d'abroger la loi d'assurance-santé.

Hier soir, jeudi 23 mars, à l'issue d'une semaine de débats et de rendez-vous à la Maison-Blanche avec les élus, impossible de savoir combien de soutiens manquaient à l'appel, alors qu'il s'agit de voter le premier grand test législatif de la nouvelle administration républicaine. Le jour avait été choisi pour marquer l'anniversaire du Patient Protection and Affordable Care Act (Loi sur la protection des patients et pour des soins abordables), votée par le Congrès des Etats-Unis et promulguée par le président Obama le 23 mars 2010 (pour une entrée en vigueur le 1er janvier 2014).

Chez les républicains, le projet ne satisfait ni les durs ni les modérés

Où est-ce que ça coince ? En fait, dans le camp républicain, s'affrontent deux factions opposées au projet de loi : d'une part, les républicains les plus conservateurs, affiliés au Freedom Caucus, estiment que le nouveau texte ne diffère pas assez de l'Obamacare ; d'autre part, les modérés craignent à l'inverse que la proposition de loi ne revienne à accroître le nombre d'Américains sans couverture maladie.

Alors face à ce camouflet qui actait son incapacité à rassembler son camp, Donald Trump a lancé hier soir un ultimatum aux membres de son propre parti républicain : si la nouvelle législation n'est pas adoptée vendredi lors d'un vote à la Chambre des représentants, l'Obamacare resterait en place, a-t-il averti.

30 frondeurs républicains, c'est encore 9 de trop

Les républicains, avec 237 élus contre 193 pour les démocrates, sont majoritaires à la Chambre des représentants, mais le parti est divisé sur le projet.

Quatre pages d'amendements ont été ajoutées au texte dans la soirée, permettant notamment aux Etats de choisir les minimas sociaux requis pour les compagnies d'assurances. Selon le représentant Mark Meadows, président du Freedom Caucus, le soutien nécessaire à l'adoption du projet reste incertain.

Jeudi matin, NBC News rapportait que 30 élus républicains prévoyaient de voter "non" ou penchaient en faveur du "non". Le parti ne peut se permettre que 21 "non" face à l'opposition démocrate pour que le texte soit adopté.

Réduction des aides aux pauvres et aux handicapés

Baptisé American Health Care Act, le projet républicain annule par exemple l'amende infligée à ceux qui ne souscrivent pas à une couverture santé, réduit le financement de Medicaid, le programme pour les pauvres et les handicapés, et modifie les subventions qui aident les particuliers à s'assurer.

La Bourse de New York, qui a basculé dans le rouge jeudi en fin de séance à l'annonce du report du vote de la chambre basse du Congrès, est susceptible d'être attentive vendredi après-midi au vote des représentants.

(Avec Reuters)