Accusé d’espionnage par le Royaume-Uni, Pékin dénonce des « manoeuvres politiques antichinoises »

Par latribune.fr  |   |  610  mots
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a affirmé être préoccupé par d'éventuelles interférences chinoise dans la politique britannique. (Crédits : HENRY NICHOLLS)
Après avoir été accusé par le Royaume-Uni, samedi 9 septembre, d’avoir envoyé un espion au Parlement, Pékin rejette l’accusation qu’il qualifie de « totalement dénuée de fondement » et accuse Londres de publier de « fausses informations ». Il ne s’agit cependant pas d’une première, plusieurs Chinois ayant déjà été condamnés pour espionnage en Occident ces dix dernières années.

Des affirmations « totalement dénuées de fondement » vues comme des « manoeuvres politiques antichinoises » : Pékin a nié en bloc les accusations d'espionnage au Royaume-Uni, ayant suivi l'arrestation, samedi 9 septembre à Edimburg, d'un homme soupçonné de vouloir interférer dans la politique britannique pour le compte du gouvernement chinois.

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« La prétendue affirmation selon laquelle la Chine espionne le Royaume-Uni est totalement dénuée de fondement et la Chine la rejette fermement », a déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, lors d'un briefing de presse régulier.

Pour rappel, la police britannique a annoncé samedi avoir arrêté un homme d'une vingtaine d'années à son domicile d'Edimbourg pour espionnage. Selon le Sunday Times, il s'agit d'un chercheur qui a eu des contacts avec des députés du parti conservateur au pouvoir alors qu'il travaillait au Parlement. Londres le soupçonne de recueillir des informations auprès des politiques britanniques pour les transmettre au gouvernement de Xi Xinping.

Interrogé sur ces allégations, un porte-parole de l'ambassade de Chine à Londres a qualifié ces accusations de « farce politique ». « Nous demandons instamment à la partie britannique de cesser de diffuser de fausses informations et de mettre fin à ses manoeuvres politiques antichinoises et à son dénigrement malveillant », a ajouté de son côté Mao Ning à Pékin.

Des précédents dans l'espionnage industriel par des agents chinois

Mais la stratégie de défense de Pékin risque de ne pas convaincre le gouvernement britannique. Et pour cause, ce n'est pas de la première fois que les Occidentaux accusent l'Empire du milieu d'espionnage industriel ou politique. En janvier, un ingénieur chinois Ji Chaoqun, arrivé en 2013 sur le sol américain avec un visa étudiant, a été condamné aux Etats-Unis à huit ans de prison pour avoir fourni aux services de renseignement chinois des informations sur des scientifiques américains pouvant potentiellement être recrutés comme sources d'information.

En 2020, déjà, le site d'information américain Axios affirmait qu'une étudiante chinoise avait noué des liens avec une série d'hommes politiques américains, pour le compte des services de renseignement de Pékin. Cette étudiante, Fang Fang, aurait gagné leur confiance en participant à des levées de fonds pour une campagne en cultivant des amitiés voire des relations sexuelles, affirmait Axios. La même année, Wei Sun, un ingénieur chinois naturalisé américain travaillant dans la défense pour le groupe Raytheon, a lui aussi été condamné à de la prison après avoir emmené en Chine un ordinateur de l'entreprise contenant des informations sensibles sur un système de missiles américain.

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Des relations sino-britanniques houleuses

Cette nouvelle affaire d'espionnage ne devrait pas améliorer les relations entre Pékin et Londres.

Dimanche, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a affirmé avoir « soulevé un éventail de préoccupations que nous avons dans des zones de désaccord, et en particulier mes très fortes préoccupations au sujet de toute interférence dans notre démocratie parlementaire, de toute évidence inacceptable », a-t-il déclaré.

Londres a pourtant récemment affiché une volonté de dialogue avec Pékin, après des années de relations difficiles. Fin août, le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly avait notamment effectué une visite officielle en Chine, affirmant qu'il avait abordé la question des droits humains avec tous les responsables politiques chinois qu'il a rencontrés.

(Avec AFP)