Aléna : le plan B du Mexique, l'« optimisme » du Canada

Par latribune.fr  |   |  449  mots
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (gauche) a rencontré le président mexicain Enrique Peña (droite), lors de son passage à Mexico le 12 octobre 2017.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau espère encore une solution "gagnant-gagnant-gagnant" pour la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), qui unit le Canada, les Etats-Unis et le Mexique. Alors que les Etats-Unis souhaitent imposer de nouvelles exigences, Mexico assure ses arrières en travaillant sur le rétablissement des barrières douanières.

Le Canada se veut ferme : Ottawa ne quittera pas la table de la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna). La quatrième session de discussions qui réunissent les Etats-Unis, le Canada et le Mexique s'est ouverte mercredi doit s'achever le 17 octobre. En déplacement au Mexique, Justin Trudeau a déclaré ce jeudi vouloir trouver une solution "gagnant-gagnant-gagnant' (win-win-win), tout en exprimant des réserves quant aux nouvelles revendications américaines.

En cause : l'instauration d'une clause baptisée "sunset", qui contraindrait à une renégociation de l'Aléna tous les cinq ans et une révision radicale des mécanismes d'arbitrage des litiges. Elle est contestée tant par les partenaires des Etats-Unis que par les milieux d'affaires américains. Le ministre canadien des Finances William Morneau se dit toutefois "optimiste" sur l'issue des négociations, y voyant une opportunité pour moderniser cet accord entré en vigueur en 1994.

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Washington veut renforcer son secteur automobile

Une autre exigence américaine pourrait freiner les discussions, notamment avec le Mexique. D'après des spécialistes du dossier, les négociations bloquent sur la volonté de Washington de relever considérablement les "seuils de provenance" pour le secteur automobile. En vertu des règles actuelles de l'Aléna, au moins 62,5% des composantes d'un véhicule doivent provenir d'Amérique du Nord pour profiter des tarifs douaniers préférentiels. Washington voudrait porter ce seuil à 85%, avec une sous-clause de 50% de composantes venant spécifiquement des Etats-Unis. Or, le secteur automobile mexicain a largement bénéficié de l'Aléna puisqu'il est est passé de 120.000 à 550.000 emplois entre 1994 et aujourd'hui, selon le Peterson institute for international economics.

Conséquence : le Mexique travaille à l'élaboration de nouvelles barrières douanières pouvant être instaurées si l'issue des négociations se révélait insatisfaisante, a prévenu ce jeudi le ministre mexicain des Finances, Jose Antonio Meade.

"Nous pouvons identifier des mesures tarifaires, nous avons la possibilité d'identifier d'autres marchés qui deviendraient nos fournisseurs et d'autres marchés vers lesquels nous pourrions nous tourner."

Il n'a toutefois donné aucun détail sur les barrières douanières que le Mexique pourrait instaurer. A la veille du deuxième round de discussions, fin août, le Mexique avait menacé de mettre fin aux négociations si les Etats-Unis enclenchaient une procédure de retrait. Si l'un des pays souhaite quitter l'Aléna, il doit en effet le notifier aux deux autres membres. Une période de 180 jours s'ouvre alors pour de nouvelles négociations, au terme de laquelle l'ancien traité est dissous si aucun accord n'a été trouvé.

(Avec agences)