Allemagne : la production industrielle baisse plus que prévu en mars

Par latribune.fr (avec agences)  |   |  617  mots
L'Allemagne a enregistré une baisse de commandes de voitures de 10,7% en mars contre seulement 2,2% prévue par les analystes. (Crédits : Reuters)
Après l'annonce de la baisse des exportations, l'Allemagne accuse un recul de 3,4% de sa production industrielle sur le mois de mars. Une chute plus importante que prévue, expliquée notamment par la baisse de production dans le secteur automobile.

Dans le rouge. « Après un développement vigoureux de la production industrielle en début d'année, un recul significatif et inattendu s'est produit en mars », a constaté le ministère allemand de l'Economie dans un communiqué distinct. La production a ainsi diminué de 3,4% en mars après une hausse de 2,1% en février. Une chute plus importante que ce que prévoyaient les analystes, qui misaient sur une baisse de 1,3%.

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Ce recul s'explique en grande partie par l'industrie automobile, qui représente à elle seule environ 20% de l'industrie allemande. Elle a diminué de 6,5% sur un mois. En cause : la crise des semi-conducteurs s'atténue progressivement mais continue de ralentir la production. L'inflation vient également s'ajouter aux difficultés du marché entraînant une baisse de commandes de 10,7% en mars contre seulement 2,2% prévue par les analystes. Il s'agit de la plus forte diminution enregistrée sur un mois depuis 2020 et la pandémie de COVID-19. Dans le détail, ce sont les commandes extérieures qui ont le plus diminué avec 13,3% de chute, contre 6,8% pour les commandes intérieures.

Résultats en baisse pour l'automobile allemande

Les constructeurs automobiles allemands sont à la peine. Le premier bilan du trimestre 2023 a noté une baisse de 29,9% du bénéfice net chez Volkswagen en raison de difficultés logistiques. Le flux de trésorerie à 5 milliards d'euros a été largement en dessous de l'objectif de 8,6 milliards d'euros, son niveau de 2021. « Cet écart est principalement dû à l'instabilité de l'approvisionnement tout au long de 2022 et aux perturbations des chaînes logistiques, notamment en fin d'année », avait expliqué le groupe Volkswagen.

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De son côté, BMW a encaissé une chute vertigineuse de 64% de son résultat net au premier trimestre. Le constructeur a attribué ces chiffres à des effets comptables, sur fond de baisse de ses ventes d'automobiles, notamment en Chine et en Europe, malgré une croissance dans l'électrique. L'entreprise fait face à une baisse de ses ventes d'automobile de 1,5% sur un an, marquée en Chine et en Europe, où elles ont chuté respectivement de 6,6% et de 1,9%, a détaillé le groupe.

Autre secteur fortement impacté en ce début d'année : l'industrie à forte intensité énergétique comme la construction. La guerre en Ukraine a entraîné une augmentation des prix de l'énergie, diminuant ainsi les productions industrielles de 3,3%.

La peur d'une récession

Par ailleurs, les exportations sont en forte baisse également. Elles ont reculé de 5,2% en mars sur un mois. Mais les importations, elles aussi en baisse, ont permis à l'Outre Rhin de maintenir un excédent commercial de 16,7 milliards d'euros. La première puissance économique européenne a, ainsi, tout juste évité la récession technique en début d'année, qui se définit comme deux trimestres d'affilée de recul du PIB. Elle a enregistré une croissance nulle par rapport au 4e trimestre 2022, après avoir reculé de -0,5% d'octobre à décembre.

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Les vastes mesures du gouvernement de l'ordre de 200 milliards d'euros fin 2022 pour les ménages et les entreprises, notamment industrielles, ont permis d'amortir la hausse des coûts de l'énergie et la perte de pouvoir d'achat des ménages. Mais la peur plane toujours. Les chiffres soulignent que « les risques de récession n'ont en aucun cas été évités », commente prudemment Elmar Völker, analyste chez LBBW. Le soulagement du gouvernement pourrait être, en effet, « prématuré » pour l'analyste.

Le gouvernement allemand table, lui, sur une croissance de 0,4% sur l'ensemble de l'année 2023.