L’Allemagne va échapper à la récession en 2023, malgré l'inflation et la hausse des taux

Le pays devrait maintenir sa croissance à +0,3% de son produit intérieur brut en 2023, selon plusieurs instituts économiques. Un soulagement pour le premier pays exportateur de l’Europe mal en point à cause de sa dépendance au gaz dont les prix ont atteint des sommets en 2022, depuis la guerre en Ukraine.
La croissance devrait se maintenir à +0,3% en 2023 d'après plusieurs instituts économiques.
La croissance devrait se maintenir à +0,3% en 2023 d'après plusieurs instituts économiques. (Crédits : LISI NIESNER)

La plus grosse économie de la zone euro est aussi la plus mal en point ces derniers mois. L'Allemagne devrait connaître une croissance de 0,3% de son PIB en 2023, échappant ainsi à la récession grâce à la baisse des prix de l'énergie, et malgré une forte inflation à 6,0%, indiquent mercredi les principaux instituts économiques du pays. « Le recul de l'économie au cours de l'hiver 2022/2023 a été moins sévère que prévu », a déclaré Timo Wollmershäuser, de l'institut IFO, dans un communiqué.

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Pour rappel Les experts des instituts (IFO, IFW, IWH et RWI) tablaient, lors de leurs dernières prévisions d'automne, sur une contraction de 0,4% du PIB.

La crise de l'énergie a plombé l'Allemagne

A l'origine de la mauvaise posture économique de l'Allemagne : la crise énergétique provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine. Celle si a provoqué un net ralentissement de l'activité dans la première économie européenne. L'Allemagne a ainsi subi une chute de 0,4% du PIB au quatrième trimestre.

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Mais l'activité économique a finalement mieux résisté que redouté, et pourrait même connaître une légère croissance au premier trimestre. « La raison principale en est que la perte de pouvoir d'achat a été plus faible du fait de la baisse des prix de l'énergie », selon Timo Wollmershäuser.

Après des sommets atteints en août, les prix du gaz et de l'électricité ont progressivement baissé, grâce à la hausse de l'approvisionnement en gaz liquéfié et au bouclier tarifaire mis en place en Allemagne. L'industrie allemande, qui était face à de sombres perspectives il y a quelques mois, semble elle aussi sortir la tête de l'eau, avec une forte hausse de 4,8% des commandes enregistrée en février.

Le gouvernement allemand prévoit maintenant une croissance de 0,2% en 2023, alors qu'il s'attendait lui aussi à une chute du PIB l'automne dernier.

L'inflation et la hausse des taux menacent toujours le pays de récession

Mais la première économie de la zone euro reste soumise à des risques. « La question est de savoir (...) si le ralentissement attendu de l'économie américaine, les retombées des récentes turbulences sur les marchés financiers et l'impact plus large du resserrement de la politique monétaire ne viendront pas gâcher la fête », a déclaré Carsten Brzeski, analyste pour ING.

D'autant que la baisse des prix de l'énergie ne freine pas l'inflation, qui va rester à un très haut niveau en 2023, contraignant la BCE à poursuivre ses hausses de taux. Pour rappel, la gardienne de la monnaie a passé ses taux directeurs de négatif au printemps dernier à entre 3% et 3,75% en mars. L'inflation de son côté devrait atteindre 6,9% dans le pays, contre 6,0 l'an dernier, et ne devrait véritablement baisser qu'en 2024, à 2,4%, selon les experts.

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« Les mesures de soutien aux ménages et les prévisions de hausses de salaires devraient renforcer la demande intérieure et soutenir l'inflation », explique Timo Wollmershäuser. Mais cela ne suffit pas pour la population allemande. Les grèves se sont en effet multipliées ces derniers mois dans le pays pour réclamer des hausses de salaires, vu l'inflation. Près de 4 millions de salariés allemands de l'industrie ont décroché une augmentation de 8,5% sur deux ans.

Baisse de la croissance du secteur privé en France

En France, la question de la croissance est aussi sur toutes les lèvres. Celle du secteur privé en France a été moins forte qu'initialement estimé au mois de mars, l'expansion de l'activité reposant entièrement sur les services alors que la production manufacturière recule, a rapporté mercredi 5 avril l'agence S&P.

L'indice PMI composite qui synthétise la performance de l'activité du secteur privé s'est établi à 52,7, contre 54 estimé le 24 mars. Une valeur supérieure à 50 signifie une expansion de l'activité, et une valeur inférieure à cette limite une contraction. Bien que moins soutenu qu'initialement envisagé, le rythme de l'expansion a « atteint un sommet de dix mois », précise l'agence dans son communiqué. En février, l'indice composite se situait à 51,7.

« Le mois de mars marque la fin d'un premier trimestre relativement positif pour l'économie française », résume cependant l'économiste de S&P Joe Hayes, cité par le communiqué, qui se demande si le dynamisme du secteur des services observé en février et en mars pourra se maintenir alors que les performances du secteur manufacturier et de la construction restent faibles. La croissance pourrait aussi être freinée par un nouveau resserrement de la politique monétaire face à une inflation qui reste élevée, estime-t-il.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 06/04/2023 à 18:33
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Bonjour, Avec une natalité aussi ridicule. Les Allemands surfent sur la vague, dans 20 ans ils entrent dans le pot au noir , et c'est pas l'immigration qui résoudra les problèmes , elle en causera plutôt, quand à nous régions de l'ouest, Bretagne ...

à écrit le 06/04/2023 à 1:48
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@Aramis. Tout a fait exact. La stagflation est bien presente au pays de Goethe.

à écrit le 05/04/2023 à 22:44
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Un pays en décroissance démographique comme l'Allemagne n'a pas besoin d'un fort taux de croissance économique pour conserver un PIB/habitant élevé. Avec ce type de démographie c'est le financement des retraites qui leur posera problème à très court ...

à écrit le 05/04/2023 à 11:52
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L'Allemagne fait tout bien comme il faut , un véritable exemple pour nous tous et surtout pour nous français inculte et désobéissant . Jusqu'au moment où on s'aperçois qu'ils ont fraudé, manipulé , modifié , changé les réglés à leurs avantages .......

à écrit le 05/04/2023 à 11:18
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Je suis navré d'être le rabat-joie de service, mais parler de croissance en chiffres bruts n'a aucun sens. Quand on fait péniblement +1% de croissance brute du PIB avec 9% d'inflation, on est en réel à -8% net. Bref, il est grand temps d'accepter q...

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