Alors que la Hongrie bloque toujours une nouvelle aide à l'Ukraine, Macron appelle l'UE à « accélérer »

Par latribune.fr  |   |  849  mots
Emmanuel Macron s'exprimait ce mardi lors de sa visite en Suède. (Crédits : Reuters)
En visite en Suède, le président de la République a déclaré que « nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l'Ukraine quoi qu'il se passe ». Cette prise de position du chef de l'Etat intervient alors que se tient jeudi un Conseil européen extraordinaire au menu duquel se trouve l'aide à Kiev. Mais les 26 se trouvent bloqués par la Hongrie. Cette dernière a opposé son veto en décembre dernier.

À deux jours d'un Conseil européen extraordinaire qui portera, entre autres, sur le soutien de l'UE à l'Ukraine, Emmanuel Macron a appelé l'union à « accélérer » en ce sens. Le Vieux continent doit prendre des « décisions justes et courageuses », voire « innovantes », dans les prochains mois pour « accélérer » et amplifier son soutien militaire à Kiev, a-t-il assuré ce mardi lors de sa visite en Suède.

« Nous devons être prêts à agir, défendre et soutenir l'Ukraine quoi qu'il se passe », notamment lors de l'élection présidentielle américaine de novembre, a-t-il insisté, lors d'un discours à l'Académie militaire de Karlberg, estimant que le « coût » d'une victoire russe serait « trop élevé pour nous ».

Et pour cause, fin décembre, les chefs du Sénat des Etats-Unis ont acté le fait que le Congrès terminerait l'année sans valider l'enveloppe de 61 milliards de dollars réclamée par Kiev et la Maison Blanche. Les négociateurs républicains et démocrates ne sont, en effet, pas parvenus à un accord, malgré les pressions répétées du président américain Joe Biden et les appels de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

La Hongrie bloque une nouvelle aide

L'UE se retrouve, elle aussi, confrontée à un blocage... opéré par la Hongrie. Mi-décembre, cette dernière a, en effet, opposé son veto à une nouvelle aide de 50 milliards d'euros - dont 33 milliards de prêts et 17 milliards de dons sur quatre ans à compter de l'an prochain - en faveur de l'Ukraine. En guise de justification, le pays réclame que la décision de verser des fonds à l'Ukraine puisse être soumise à une révision ultérieure. Les autres pays veulent toutefois absolument éviter de donner à Budapest de telles opportunités d'opposer son veto.

« Nous sommes 26 pays à avoir donné notre feu vert. Il n'y a pas d'accord avec la Hongrie pour l'heure, mais je suis confiant que nous y parviendrons l'an prochain », avait alors assuré le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte. « Nous reviendrons sur le sujet début janvier » lors d'un nouveau sommet, avait abondé au milieu de la nuit le président du Conseil européen, Charles Michel.

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Ce sera donc jeudi. Mais la partie n'est pas gagnée, comme l'explique l'Elysée : « La négociation au Conseil européen avec la Hongrie s'annonce toujours aussi difficile ». D'autant que, ce mardi, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a réitéré son refus d'une nouvelle aide à Kiev sur quatre ans, estimant qu'au-delà du conflit, l'Ukraine posait « un problème grave pour l'Europe, indépendamment de la guerre », a-t-il déclaré dans un entretien à l'hebdomadaire Le Point.

Il a également insisté sur la « solitude » de la Hongrie au sein de l'UE, alors que les 26 autres Etats membres « pensent toujours qu'il existe une solution militaire ». Après le veto de décembre, Budapest a néanmoins fait samedi « une offre de compromis », a-t-il rappelé, plaidant, une nouvelle fois, pour une « décision annuelle, révisée en fonction des événements ».

« Viktor Orban est le seul homme politique (européen) à être aussi ouvertement anti-ukrainien »

Les 26 n'entendent pas baisser les bras pour autant. Selon le Financial Times, l'UE a d'ores et déjà préparé un document appelant les dirigeants des 26 pays à publiquement menacer de priver la Hongrie de tous les fonds qui lui reviennent, si aucune solution n'est dénichée jeudi. Objectif ? Faire pression sur Budapest, en « mettant en danger sa monnaie » et en ébranlant la confiance des investisseurs.

En parallèle, pour tenter d'apaiser les tensions, les ministres ukrainien et hongrois des Affaires étrangères ont opté pour une voie diplomatique : ils se sont rencontrés lundi dans l'ouest de l'Ukraine. Cette rencontre de plus de six heures a été qualifiée de « constructive » par le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

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Par ailleurs, le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a indiqué ce mardi que le lendemain il allait s'entretenir avec son homologue slovaque Robert Fico. « Le premier ministre Fico a également transmis plusieurs messages sceptiques quant au soutien à l'Ukraine, mais lors du Conseil européen lui-même, il s'est montré solidaire », a-t-il déclaré, estimant qu'il serait « dans l'intérêt de la Slovaquie de ne pas être hors-jeu, politiquement et moralement, comme l'est Viktor Orban avec sa rhétorique pro-Poutine, et non seulement sa rhétorique, mais aussi son blocage de l'aide et de l'assistance à l'Ukraine ».

« Viktor Orban est resté seul sur le champ de bataille. Il est le seul homme politique (européen) à être aussi ouvertement anti-ukrainien », a encore déclaré le chef du gouvernement polonais.

Et de conclure que « tout indique que, d'une manière ou d'une autre, nous trouverons une solution, avec ou sans (le Premier ministre hongrois Viktor) Orban, pour soutenir l'Ukraine, mais il serait préférable, et nous nous sentirions tous mieux alors, que l'unité de l'Europe soit préservée dans ce processus ».

(Avec AFP)