Guerre en Ukraine : le Premier ministre polonais Donald Tusk à Kiev pour une visite diplomatique stratégique

Il s'agit de la première visite en Ukraine de Donald Tusk, quelques semaines après avoir été nommé à la tête du gouvernement polonais. L'enjeu sécuritaire sera central dans les discussions avec Kiev. Le sujet brûlant des transporteurs polonais, qui accusent les transporteurs ukrainiens de concurrence déloyale, sera aussi abordé.
L'ancien président du Conseil européen a pris ses fonctions de chef de gouvernement polonais le 13 décembre dernier.
L'ancien président du Conseil européen a pris ses fonctions de chef de gouvernement polonais le 13 décembre dernier. (Crédits : CARLO ALLEGRI)

Une visite diplomatique au poids symbolique. Quelques semaines après avoir pris ses fonctions en tant que Premier ministre de la Pologne, le libéral-démocrate Donald Tusk a entamé ce lundi matin sa visite à Kiev, en Ukraine. Il doit s'entretenir avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre, Denys Chmygal. Objectif, réchauffer les relations entre les deux pays.

Et pour cause, elles s'étaient envenimées en septembre sous le gouvernement polonais de son son prédécesseur, Mateusz Morawiecki (PiS). Ce dernier accusait l'Ukraine de concurrence déloyale dans les secteurs céréaliers et routiers. Varsovie n'assurait plus que les livraisons d'armes « convenues antérieurement » avec Kiev.

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L'Ukraine, enjeu de sécurité numéro un pour la Pologne

Ce lundi, peu après son arrivée, Donald Tusk a déclaré qu'« il n'est pas de chose plus importante que le soutien à l'Ukraine dans son effort contre l'agression russe ». Il a par ailleurs souligné que la situation en Ukraine et sur la ligne de front était « la question numéro un pour la sécurité polonaise ».

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« Il s'agit de bâtir le sentiment que la Pologne est l'allié le plus crédible et le plus fidèle dans cette confrontation mortelle avec le mal », a insisté le dirigeant. « Ceci n'est pas l'affaire exclusive de l'Ukraine mais de l'ensemble du monde libre ».Le Premier ministre polonais a assuré qu'il allait discuter avec ses interlocuteurs ukrainiens des possibilités de « mobiliser l'Occident pour des actions plus énergiques » en faveur de Kiev. « C'est l'un des principaux objectifs de ma visite », a-t-il précisé. Et d'ajouter, lors d'une conférence de presse commune, quelques heures après, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky : « Je n'ai pas honte d'utiliser de grands mots : c'est ici, en Ukraine, que passe le front mondial entre le bien et le mal. »

Pour rappel, la Pologne, qui a soutenu l'Ukraine dès le début de l'agression russe, sert de plaque tournante pour les livraisons d'armes à Kiev. Elle compte ainsi parmi les plus importants fournisseurs de matériel militaire et humanitaire à l'Ukraine. En outre, les Polonais ont accueilli chez eux des millions de réfugiés ukrainiens fuyant les attaques russes au début du conflit. Près d'un million d'Ukrainiens, principalement des femmes et des enfants, sont toujours sur son sol.

La question brûlante des transporteurs polonais abordée

« D'autres questions doivent également être traitées, notamment celles liées aux intérêts des transporteurs polonais, donc il y a de quoi discuter à Kiev », a-t-il alors ajouté. « Il est important que tous conçoivent cela comme des entretiens entre amis qui savent résoudre aussi certains problèmes qui, comme nous savons, sont bien là », a insisté à ce sujet le Premier ministre polonais.

Les transporteurs polonais, qui ont bloqué depuis novembre dernier la frontière avec l'Ukraine pour dénoncer une concurrence déloyale de la part de Kiev, ont suspendu leur mouvement la semaine dernière. Et ce, dans l'attente des résultats d'entretiens du nouveau gouvernement polonais à Kiev et à Bruxelles, et des démarches attendues de la part de la nouvelle coalition au pouvoir.

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Cette grogne des entreprises de transport polonaises a démarré en novembre dernier, avec le blocage des principaux points de passage vers l'Ukraine pour demander la restauration du système de permis européen pour les transporteurs ukrainiens. Le système avait été abandonné par l'UE au lendemain de l'invasion russe de l'Ukraine, en février 2022, pour faciliter les échanges commerciaux avec ce pays en guerre.

Echanges de tirs incessants

Donald Tusk arrive dans un pays toujours frappé par les forces russes. Au moins une personne a été tuée lors d'une frappe lundi matin à Kramatorsk, dans l'est du pays, vers 08h30 GMT. La frappe a eu lieu dans un quartier en périphérie de la ville, dans une zone industrielle.

En face d'un bâtiment administratif, au toit détruit et aux vitres soufflées, la rue et les trottoirs étaient constellés de petits impacts d'éclats d'une roquette ou d'un missile, ont constaté des journalistes de l'AFP. Contactées par cette dernière, les autorités locales n'étaient pas encore en mesure de donner un bilan de cette frappe.

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L'Ukraine multiplie de son côté les frappes sur le territoire russe, en réplique aux bombardements de Moscou. Selon Kiev, celles-ci touchent très régulièrement des infrastructures civiles et des habitations. Ce lundi matin, le Kremlin a, lui, accusé l'Ukraine d'avoir frappé dimanche le terminal gazier du port d'Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg, sur la rive russe de la mer Baltique, soit à quelque 900 km de la frontière ukrainienne.

(Avec AFP)

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