"Alternative Facts" ou la version des faits selon l'administration Trump

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  462  mots
"Ce fut la plus grande foule jamais vue lors d'une investiture, point barre", a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, contestant les photographies avancées par les journalistes qui prouvent le contraire. (à gauche : l'investiture de Trump le 20 janvier ; à droite : l'investiture d'Obama en 2009)
Le porte-parole de la Maison-Blanche a ouvertement contesté les faits avancés par les médias sur l'ambiance lors de la journée d'investiture de Donald Trump. Signe de l'ouverte d'une longue période d'informations et de contre-informations entre administration et presse.

On connaissait les fake news, ces fausses informations qui nourrissent réseaux sociaux et sites conspirationnistes, mais les Etats-Unis sont en train de découvrir une autre forme d'informations : les alternative facts (faits alternatifs, en français). Comprenez celles délivrées par la Maison-Blanche comme alternative à celles distillées par les médias américains traditionnels, jugées trompeuses par l'administration de Donald Trump.

L'expression vient de Kellyanne Conway, en charge de la communication du candidat républicain lors de la campagne, aujourd'hui conseillère du 45e président des Etats-Unis.

Au lendemain de l'Inauguration Day, une polémique est née entre les médias et la Maison-Blanche. Les premiers démontrant que l'événement avait moins attiré les foules que l'investiture de Barack Obama en 2009. Du côté de la Maison-Blanche, son porte-parole Sean Spicer a répliqué lors de sa première conférence de presse samedi, qu'il s'agissait d'un "mensonge" et que "ce fut la plus grande foule jamais vue lors d'une investiture, point barre".

Interrogée par un journaliste de la chaîne NBC sur cette étrange sortie du porte-parole de la Maison-Blanche, Kellyanne Conway a expliqué que son collègue avait donné des "faits alternatifs", pour répondre aux "choses fausses" diffusées par les médias.

Que se passera-t-il lorsqu'il sera question de politique étrangère ?

L'ampleur de la foule n'est pas le seul élément sur lequel la Maison-Blanche apporte sa propre version des faits. Comme approuvé par le ciel, Donald Trump a déclaré que la pluie s'est "immédiatement arrêté et le ciel s'est ensoleillé" lorsqu'il a commencé son speech. Puis, les averses seraient reparties de plus belle une fois le discours conclu. Or, comme l'a rappelé le New York Times, il a plu durant toute la cérémonie.

La naissance des alternative facts est symptomatique de l'ère de la "post-vérité" dont Donald Trump est un acteur emblématique. Désormais, la véracité des faits n'est plus un élément essentiel pour certains citoyens. Seule la source compte et la confiance qui lui est accordée, comme lors de la présidentielle américaine où de fausses informations, à l'image du soit-disant soutien du pape François à la candidature de Donald Trump, ont eu un large succès chez les internautes.

D'autre part, si la Maison-Blanche s'écharpe avec les médias et conteste des faits aussi légers que la taille de la foule ou l'état de la météo, que se passera-t-il lorsqu'il sera question de politique étrangère, ou d'évaluation de la politique économique ?