Mur du Mexique contre naturalisations : le bras de fer entre Trump et les démocrates

La Maison-Blanche a présenté jeudi son plan pour l'immigration. Le nombre de naturalisations serait sensiblement augmenté, pour satisfaire les démocrates et les inciter à parvenir à un compromis sur un texte budgétaire. Mais le plan comprend également le financement du mur sur la frontière mexicaine et des mesures restrictives sur l'immigration. Pas sûr que cela plaise à l'opposition.
Jean-Christophe Catalon
Donald Trump a entamé le démantèlement du DACA en septembre dernier. Les démocrates sont prêts à tout pour le maintenir, ou obtenir un statut acceptable pour ces Dreamers.
Donald Trump a entamé le démantèlement du DACA en septembre dernier. Les démocrates sont prêts à tout pour le maintenir, ou obtenir un statut acceptable pour ces "Dreamers". (Crédits : Yuri Gripas)

Naturaliser plus d'immigrés illégaux et financer la construction du mur sur la frontière mexicaine, les deux mesures paraissent contradictoires, et pourtant, elles font bel et bien partie du plan immigration du président américain, Donald Trump.

Le projet, présenté jeudi par des responsables de la Maison-Blanche, est en réalité un compromis politique censé satisfaire tous les partis au Congrès. L'objectif pour Donald Trump est d'arriver à ses fins sur la question de l'immigration, tout en parvenant, enfin, à un accord entre républicains et démocrates sur le budget fédéral.

Les démocrates veulent sauver le DACA

Faute d'adoption d'un texte budgétaire au Congrès en fin de semaine dernière, les Etats-Unis n'ont eu d'autre choix que de fermer partiellement les services publics, ou shutdown. La raison ? Les démocrates, en particulier, ont refusé de voter un budget tant que la question du programme de naturalisation, dit DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) n'était pas réglée.

Mis en place par l'administration Obama, ce dispositif vise à régulariser temporairement des jeunes immigrés illégaux, surnommés les "Dreamers", et leur permettre de travailler sur le sol américain. Ils sont près de 700.000 à être concernés par le programme.

Donald Trump a entamé le démantèlement du DACA en septembre dernier. Les démocrates sont prêts à tout pour le maintenir, ou obtenir un statut acceptable pour ces "Dreamers". Tout, jusqu'à proposer une mesure qui les rebute au plus haut point : le financement du mur avec le Mexique.

| Lire aussi : Immigration : en quoi consiste le programme "Dreamers" ?

Négociations entre Trump et les démocrates

Vendredi 19 janvier, le président Trump a reçu Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat, pour un déjeuner à la Maison-Blanche, raconte le New York Times. Plus tard dans la journée, la chambre haute du Congrès devait se prononcer sur le budget : voter un texte ou, tout au moins, une rallonge pour éviter un shutdown.

Le sénateur démocrate a lui-même mis sur la table la question du mur, tant voulu par Donald Trump. C'était "dans un sincère effort de compromis", s'est-il justifié a posteriori dans les colonnes du Washington Post. Chuck Schumer a même accepté une hausse des dépenses militaires, exigées par les élus républicains. En échange, le président américain s'était engagé à soutenir le programme DACA.

Leur accord n'a pas tenu l'après-midi. Quelques heures plus tard, les deux hommes se sont écharpés sur des questions de timing et le président Trump a jugé les concessions de Chuck Schumer insuffisantes, selon le quotidien new-yorkais.

Résultat, les démocrates n'ont pas voté la rallonge budgétaire, et les Etats-Unis ont décrété le shutdown dès le lendemain. Une première depuis 2013. Trois jours plus tard, le Congrès a voté une résolution, maintenant le gouvernement fédéral à flot jusqu'au 8 février.

1,8 million de "Dreamers" et 25 milliards de dollars pour le mur

Les parlementaires ont donc quinze jours pour s'accorder sur un texte. C'est pourquoi la Maison-Blanche a présenté son plan immigration hier. Donald Trump est prêt à naturaliser 1,8 million de "Dreamers". La présidence américaine estime qu'il s'agit d'une concession majeure de sa part pour satisfaire l'opposition et conclure un accord sur l'immigration.

Mais la proposition prévoit également de quoi satisfaire les républicains, avec une réduction drastique des conditions attachées au regroupement familial, le renforcement des mesures de sécurité aux frontières et la mise en place d'un fonds de 25 milliards de dollars pour construire un mur à la frontière avec le Mexique.

L'opposition insatisfaite

La proposition semble convenir aux républicains. Le sénateur Tom Cotton a qualifié le projet de "généreux, humain tout en étant responsable". Dans un communiqué, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a jugé que le projet de la Maison-Blanche servirait de fil conducteur aux négociations qui s'annoncent difficiles.

Va-t-il autant satisfaire l'opposition ? Rien n'est moins sûr. Le sénateur démocrate Dick Durbin, en première ligne dans la défense des "Dreamers", a déclaré que le compromis présenté jeudi soir "faisait reposer sur le dos de ces jeunes gens l'ensemble du programme anti-immigration de Trump, y compris des réductions massives de l'immigration légale". Qui remportera le bras de fer ?

Jean-Christophe Catalon

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Commentaires 3
à écrit le 27/01/2018 à 12:37
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Trump ils a un grain pour un president c est grave ils et pire que kim kong ? Luis enlevé la valise diplomatique avec le code bum 👎

le 29/01/2018 à 7:15
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Les démocrates récoltent ce qu'ils ont semés. Le président des états-unis devrait s'appeller Bernie Sanders, mais les démocrate ont tout fait pour que ce ne soit pas le cas. Qu'ils assument.

à écrit le 26/01/2018 à 21:58
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C'est le mur que doivent payer les Mexicains ? Il va leur envoyer la facture et les Mexicains vont s'empresser de tout rembourser ..... Fake President .

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