Après la Tech et l'éducation, Pékin veut "renforcer la loi" dans d'autres secteurs clés

Par latribune.fr  |   |  717  mots
Les autorités se montrent ces derniers mois particulièrement intransigeantes contre les géants du numérique. (Crédits : TINGSHU WANG)
La Chine ne cache pas sa volonté de reprendre en main des pans importants de son économie. Mais ce tour de vis supplémentaire qui vise désormais la santé, les services financiers et les transports sème le doute sur la sécurité des investissements étrangers dans les entreprises chinoises.

Après la mise au pas du secteur de la Tech et de l'éducation, le gouvernement chinois  va s'attaquer à la santé, les services financiers ou encore les transports. Dans un document présentant ses grandes orientations jusqu'en 2025, le gouvernement a en effet appelé mercredi à "renforcer l'application de la loi dans des domaines clés" de l'économie. Cette intervention unilatérale du pouvoir sur ces marchés inquiète les investisseurs, notamment étrangers. Fin juillet, la brutale reprise en main de plusieurs sociétés chinoise cotées à l'étranger avait déjà fait chuter les indices boursiers chinois.

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Un durcissement "amené à durer"

Ce document détaillant les orientations de la politique chinoise sur les cinq prochaines années doit permettre "un développement sain" des nouveaux secteurs de l'économie, tels que le numérique ou l'intelligence artificielle, avec "de bonnes lois et une bonne gouvernance", estime le pouvoir chinois.

"Ceux qui enfreindront la loi devront en payer le prix", indique le document, qui suggère un système de "récompense" pour les donneurs d'alerte.

Enfin, les autorités ont annoncé qu'elles souhaitaient améliorer les lois concernant la santé publique en amendant la loi sur les maladies infectieuses et les "lois relatives aux frontières et aux quarantaines".

Ces orientations suggèrent que le durcissement réglementaire en Chine est "amené à durer", estime l'analyste Ken Cheung, de la banque Mizuho. Mais face à cette réglementation plus stricte, les investisseurs étrangers vont devoir "réévaluer" les perspectives dans le pays asiatique, prévient Ken Cheung.

Reprise en main des secteurs clés

Depuis novembre dernier déjà, le pouvoir chinois a décidé de reprendre directement en main plusieurs sociétés cotées à l'étranger. Il accuse leurs dirigeants d'avoir pris trop de libertés et parfois de manquer de prudence dans la gestion des données personnelles.

Le gouvernement, qui veut renforcer son contrôle sur l'économie et la société, a adopté des règles anti-monopoles ou relatives à la sécurité des données.

Après avoir épinglé certains géants du numérique, les autorités chinoises ont déclaré en juillet qu'elles souhaitaient revoir en profondeur le modèle économique des groupes privés spécialisés dans l'éducation, qui ont prospéré ces dernières années. Constatant l'engouement de familles chinoises pour ce soutien scolaire, le gouvernement chinois a décidé fin juillet d'y interdire les profits, la levée de capitaux ou une introduction en Bourse. Résultat, des poids lourds du secteur ont rapidement chuté sur les marchés.

Ainsi, fin juillet, à la suite de cette annonce, New Oriental Education & Technology a perdu près de la moitié de sa valeur et Koolearn (fournisseur de cours d'éducation en ligne) plus d'un tiers. Au total, selon les données compilées par l'agence Bloomberg, les places financières chinoises ont perdu en quelques jours 1.500 milliards de dollars de capitalisation.

Pour stopper l'hémorragie, Pékin a tenté de rassurer les marchés. "Cette baisse est un ajustement structurel et il est peu probable que cette chute se poursuive", assurait le 28 juillet le quotidien officiel Securities Daily, cité par l'AFP. "Le repli des Bourses est une mauvaise interprétation de la politique de Pékin", affirmait un autre quotidien, Securities Times. Il n'empêche, les investisseurs y voient une volonté politique d'encadrer les groupes chinois dont la croissance soutenue et le succès à l'international peuvent donner des idées d'indépendance à l'égard du pouvoir.

Les futures décisions du gouvernement chinois pourraient "affecter significativement les performances financières" des sociétés chinoises désirant se faire coter à Wall Street, a estimé le 30 juillet Gary Gensler, le président de la SEC. L'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers demande ainsi aux entreprises chinoises de communiquer la position des autorités quant à leur cotation sur un marché étranger. Elles doivent mentionner toute réserve du régulateur quant à une introduction à Wall Street, et "les risques que l'autorisation soit refusée ou retirée".

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(Avec agences)