Après Didi, le géant du VTC, Pékin sanctionne deux autres géants du numérique chinois

En Chine, deux applications de transport routier et le site numéro un de recherche d'emploi, sont dans le viseur de l'autorité chinoise de surveillance de la cybersécurité, qui vient de suspendre leurs téléchargements. Une décision qui intervient au lendemain de mesures similaires prises à l'encontre du géant du VTC Didi. Un coup dur pour ces entreprises qui ont toutes le point commun d'être entrées à Wall Street récemment.
(Crédits : DR)

Alors que l'autorité chinoise chargée de la cybersécurité a annoncé hier le retrait de l'application Didi, équivalent chinois d'Uber, qu'elle accuse de collecter de manière illégale les données de ses utilisateurs, deux autres géants chinois du numérique sont à leur tour visés par une enquête concernant leurs pratiques en matière de données.

Le premier site de recrutement chinois et l' « Uber des camions » visés

Ce lundi, l'administration chinoise du cyberespace (CAC) a en effet annoncé avoir ouvert des enquêtes à l'encontre de Kanzhun (propriétaire du site de recrutement en ligne BOSS Zhipin), ainsi que de la société Full Truck Alliance, née de la fusion de deux applications de transport de fret et de réservation de camions (Huochebang et Yunmanman). Kanzhun et Full Truck Alliance ont, comme Didi, fait leur entrée à la bourse de Wall Street le mois dernier.

Ces sociétés, dont les applications sont utilisées quotidiennement par des millions de Chinois, ont connu une croissance fulgurante en quelques années. Ainsi, BOSS Zhipin, premier site de recherche d'emploi en Chine, enregistrait près de 25 millions d'utilisateurs actifs par mois au premier trimestre 2021, et Full Truck Alliance, l'« Uber des camions », compte à ce jour plus de 10 millions de chauffeurs et plus de 5 millions de propriétaires de camions sur sa plateforme.

Comme pour Didi, l'autorité chinoise de surveillance de la cybersécurité a annoncé que les nouveaux téléchargements des trois applications devraient être suspendus le temps de l'enquête. Elle a ajouté que celle-ci vise à « prévenir les risques pour la sécurité des données nationales, sauvegarder la sécurité nationale et protéger l'intérêt public ».

Un durcissement de la politique de la Chine en matière de cybersécurité

Les sociétés liées à l'internet sont particulièrement dynamiques en Chine où une législation jusque-là relativement laxiste, en particulier sur les données, et l'absence de concurrents étrangers ont permis à des géants locaux d'émerger.

Mais Pékin fait ces derniers mois preuve de davantage de fermeté à l'égard du secteur et a lancé des procédures visant plusieurs entreprises, priées de rectifier des pratiques jusque-là tolérées.

« Le message des régulateurs, c'est : soyez déjà en règle en Chine avant d'aller vous introduire en Bourse à l'étranger », déclare à l'AFP Kendra Schaefer, spécialiste de la tech au cabinet Trivium China.

Des conséquences sur les introductions en bourse

Sous la pression des autorités, le géant chinois du commerce en ligne Alibaba a récemment renoncé à introduire en bourse sa filiale de fintech Ant Group, valorisée 37 milliards de dollars (31,5 milliards d'euros) et qui possède le système chinois ultradominant de paiement en ligne Alipay.

Les autorités chinoises ont également renforcé leur contrôle sur les plateformes internet comme Meituan, l'Uber Eats chinois, pour pratiques anticoncurrentielles.

A la Bourse de Hong Kong, les mastodontes chinoises du secteur ont enregistré ce lundi des baisses du cours de leurs actions. Ainsi, des grands noms chinois du e-commerce comme Meituan ou Alibaba sont à respectivement -5,6% et -3%, tandis que le géant de l'internet Tencent, qui détient une participation dans Didi, est à -3,6%.

Rumeur ?

Dans un contexte de rivalité Pékin-Washington en matière de souveraineté technologique, une rumeur avait accusé ce week-end Didi d'avoir partagé des données chinoises avec les Etats-Unis. « Absolument impossible », a réagi sur les réseaux sociaux un haut responsable de l'entreprise.

Si aucun détail sur la nature des faits commis par ces applications n'a pour l'instant été dévoilé par l'autorité chinoise de la cybersécurité, les actions menées par celles-ci sont la preuve, selon Martin Chorzempa (chercheur pour le Peterson Institute for International Economics), que « les introductions en bourse sont dangereuses en Chine car elles attirent l'attention des régulateurs sur une entreprise prospère ».

Lire aussi Coup dur pour Didi : l'application du "Uber chinois" suspendue par Pékin pour violation des règles sur les données des clients

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Commentaire 1
à écrit le 05/07/2021 à 16:33
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Chez nous ,nous pensions avoir aussi un gendarme régulateur et protecteur de nos données .Depuis le scandale mis en exerbe par elise lucet de nos données médicales qui ont été avec la bienveillance de la CNIL exporté vers des sociétés privées américa...

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