Attaque de l'Iran contre Israël  : pour l'ONU, le Moyen-Orient est « au bord du précipice »

Par latribune.fr  |   |  1017  mots
Pour Antonio Guterres, secrétaire de l'ONU, « c'est le moment du désamorçage et de la désescalade, c'est le moment de montrer une retenue maximale ». (Crédits : MIKE SEGAR)
L'armée israélienne poursuit ce lundi ses opérations dans la bande de Gaza, affirmant que l'attaque iranienne sans précédent du weekend ne la fera pas dévier de ses objectifs face au Hamas. Partout, dans le monde, on s'inquiète d'une escalade au Moyen-Orient qui, selon les mots d'Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU, est « au bord du précipice ».

La nuit a été calme et les écoles rouvrent en Israël. Elles avaient été fermées depuis samedi en raison de la menace d'attaque imminente de la part de l'Iran. Baptisée « Promesse honnête », elle a été déclenchée dans la nuit de samedi à dimanche en riposte à une frappe imputée à Israël contre le consulat d'Iran à Damas le 1er avril. Cette frappe a coûté la vie à sept membres des Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran. Téhéran a accusé Israël, qui n'a ni confirmé ni démenti.

Le pays hébreu a affirmé avoir « déjoué » cette opération nocturne en abattant, avec l'aide des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et d'autres pays, 99% des plus de 350 projectiles - drones, missiles balistiques et missiles de croisière - qui se dirigeaient vers son territoire.

« L'attaque sans précédent de l'Iran a été contrée par une défense sans précédent », s'est félicité le contre-amiral Hagari.

Selon lui, seuls quelques missiles balistiques sont entrés dans l'espace aérien israélien et ont « touché légèrement » une base militaire, qui reste en activité. Il a fait état de plusieurs blessés légers ainsi que d'une fillette de 7 ans placée en soins intensifs. L'Iran a pour sa part dit avoir « atteint tous ses objectifs » et causé de « sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev », dans le sud d'Israël.

A l'ONU, les deux ennemis se renvoient les responsabilités

A qui la faute? L'ONU « a failli à son devoir de maintenir la paix et la sécurité internationales » en ne condamnant pas la frappe contre le consulat iranien à Damas, a déclaré l'ambassadeur d'Iran aux Nations Unies, Amir Saeid Iravani, lors d'un Conseil de sécurité convoqué en urgence dimanche soir. « Dans ces conditions, la République islamique d'Iran n'a pas eu d'autre choix que d'exercer son droit à l'autodéfense », a-t-il déclaré. Il a assuré que Téhéran ne voulait pas d'escalade, mais répondrait à « toute menace ou agression ». L'ambassadeur israélien, Gilad Erdan, a pour sa part appelé le Conseil de sécurité à « imposer toutes les sanctions possibles contre l'Iran avant qu'il ne soit trop tard ».

S'exprimant lors du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a fait part de ses inquiétudes.

« Ni la région ni le monde ne peuvent se permettre plus de guerre », a lancé dimanche le secrétaire général de l'ONU, appelant à la « retenue maximale » lors du Conseil de sécurité. « Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les populations de la région font face à un vrai danger de conflit généralisé dévastateur. C'est le moment du désamorçage et de la désescalade. C'est le moment de montrer une retenue maximale », a insisté Antonio Guterres.

Et maintenant ? Plusieurs analystes jugent quasi inévitable une riposte d'Israël. « La grande question n'est pas seulement de savoir si Israël va agir, mais aussi ce qu'il va choisir de faire », a déclaré à l'AFP un responsable américain, assurant que les Etats-Unis ne participeront « à aucune action potentielle de leur part ».

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L'Iran de son côté semble avoir voulu éviter une escalade, a souligné Nick Heras, analyste du groupe de recherche américain New Lines Institute for Strategy and Policy. Cette attaque « était destinée à être vue dans le monde entier, mais pas à faire dégénérer la situation en une guerre régionale totale », a-t-il dit à l'AFP. « Le président (Joe Biden) a été clair: nous ne voulons pas d'escalade. Nous ne voulons pas d'une guerre étendue avec l'Iran. Je pense que les heures et les jours à venir nous en diront beaucoup », a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche sur la chaîne de télévision américaine NBC.

Les Etats-Unis n'aideront pas Israël à riposter

 « Nous ne ferons partie d'aucune réponse qu'ils entendent mener » a affirmé à la presse un haut responsable de l'administration Biden sous le couvert de l'anonymat. « Nous ne nous voyons pas participer à un tel acte », a-t-il insisté. « Israël nous a clairement fait savoir qu'ils ne cherchent pas une escalade importante avec l'Iran », a affirmé ce même responsable.

Les désaccords ont été de plus en plus visibles ces dernières semaines entre Joe Biden et le Premier ministre d'Israël Benjamin Netanyahou, auquel le président américain reproche la conduite de la guerre depuis plus de six mois contre le Hamas palestinien à Gaza, territoire frappé par un drame humanitaire et menacé de famine à grande échelle. « Nous allons continuer à travailler avec (Netanyahou), à le conseiller », a toutefois assuré John Kirby sur NBC, réaffirmant que les Etats-Unis allaient « continuer d'aider (les Israéliens) à se défendre ».

Les opérations se poursuivent à Gaza

Cette attaque iranienne ne semble entamer en rien la volonté d'Israël de faire plier le Hamas : « Même quand nous étions attaqués par l'Iran, nous n'avons pas perdu de vue, pas un seul instant, notre mission essentielle à Gaza, qui consiste à sauver nos otages des mains du Hamas, mandataire de l'Iran », a affirmé le porte-parole de l'armée israélienne. Il a annoncé l'envoi dans les prochains jours de deux brigades de réserve supplémentaires pour combattre dans le territoire palestinien assiégé. Selon l'armée, les otages enlevés par le Hamas lors de son attaque contre Israël le 7 octobre sont détenus à Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza.

Benjamin Netanyahou s'est dit déterminé à lancer une offensive terrestre contre cette ville qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza. Et ce malgré les mises en garde de Washington et d'autres capitales internationales, qui redoutent un bain de sang parmi les Palestiniens déplacés.

(Avec AFP)