Bitcoin : le G20 Finances refuse de le considérer comme une monnaie

Par latribune.fr  |   |  559  mots
"Je suis là pour garantir la sécurité aux épargnants. Il y a un risque spéculatif évident. Il faut le regarder, l’examiner, et regarder comment (...) avec tous les autres pays membres du G20 nous pouvons réguler le bitcoin”, avait déclaré Bruno Le Maire en décembre, sur LCI. (Crédits : Reuters)
Les ministres des Finances du G20 ont refusé, mardi 20 mars, de considérer le bitcoin et les autres crypto-monnaies comme des monnaies souveraines. Ils ont en outre appelé à éviter qu'elles ne soient utilisées pour le blanchiment ou le financement du terrorisme.

À la demande de la France et de l'Allemagne, les ministres des Finances du G20 ont planché sur la question des monnaies virtuelles lors de la réunion qui s'est tenue à Buenos Aires, les 19 et 20 mars. Dans leur compte-rendu, ils se sont accordés sur le fait que les "crypto-actifs ne réalisent pas les fonctions clés d'une monnaie virtuelle" et ne considèrent donc pas, de facto, le bitcoin comme une monnaie.

Le G20 Finances a néanmoins souligné l'intérêt des monnaies virtuelles, tout en alertant sur leur possible "implication sur la stabilité financière". D'ailleurs, le Conseil de stabilité financière (FSB) a lui-même reconnu que, "si les monnaies virtuelles ne font actuellement pas peser de risque sur la stabilité financière mondiale, cela pourrait changer" si ces outils venaient à être plus intégrés au système financier.

La France à l'initiative

La réunion de Buenos Aires, à laquelle ont aussi participé les banquiers centraux, a du coup appelé le Groupe d'action financière (Gafi) "à avancer dans l'application à l'échelon mondial" des standards qui s'appliquent à la finance en général pour éviter que leur anonymat permette des opérations de blanchiment, le financement du terrorisme ou encore de l'évasion fiscale.

"Nous avons fait de gros efforts dans ce domaine au cours des dernières années et il ne faudrait pas qu'un nouvel élément comme les crypto-actifs puisse échapper aux règles communes", a expliqué à la presse le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau au terme de la réunion.

Le risque que cette cryptomonnaie serve a différentes activités illégales est une des raisons pour laquelle la France, par la voix de Bruno Le Maire, a souhaité aborder la question d'une éventuelle régulation du bitcoin lors du G20 Finances. En décembre, le ministre de l'Économie a déclaré sur le plateau de LCI qu'il était là "pour garantir la sécurité aux épargnants". Avant d'ajouter :

Il y a un risque spéculatif évident. Il faut le regarder, l'examiner, et regarder comment (...) avec tous les autres pays membres du G20 nous pouvons réguler le bitcoin."

Les ministres ont ainsi demandé aux institutions comme le Conseil de stabilité financière (FSB) de "continuer à surveiller les crypto-actifs et leurs risques, et qu'ils évalue une réponse multilatérale si besoin".

Le FSB contre une régulation des cryptomonnaies, mais pour "une surveillance"

Plus tôt dimanche, la veille du sommet du G20 Finances, le Conseil de stabilité financière, qui coordonne la réglementation financière pour les pays du G20, avait déjà fait savoir qu'il rejetait les appels de plusieurs pays qui demandaient une régulation des cryptomonnaies.

"La première évaluation du FSB est qu'à l'heure actuelle, ces crypto-actifs ne font pas courir de risque à la stabilité financière mondiale", a déclaré Mark Carney, président du FSB, dans une lettre adressée aux ministres des Finances et aux gouverneurs des banques centrales.

Toutefois, le FSB a souligné la nécessité d'une plus grande coordination internationale en matière de surveillance de ces technologies, qui évoluent vite, mais qui représentent toujours un secteur minuscule équivalant à moins de 1% du produit intérieur brut mondial.

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(Avec AFP et Reuters)