Boutcha : les accusations des Occidentaux sont un prétexte "pour mettre fin aux négociations en cours", selon Lavrov

Par latribune.fr  |   |  492  mots
(Crédits : SERGEI KARPUKHIN)
Alors que le Kremlin avait constaté des progrès dans les pourparlers avec les autorités ukrainiennes, les massacres de Boutcha viennent stopper ces avancées. Malgré de nombreux témoignages obtenus sur place par la presse et des observateurs occidentaux racontant l'occupation temporaire russe de cette banlieue, le ministre des affaires étrangères a repris le discours officiel qui rejette les accusations de crimes.

Il était le ministre russe qui, dix jours avant l'invasion de l'Ukraine annonçait, qu'il y a "toujours une chance" d'éviter un conflit. Plus d'un mois après le début de la guerre menée par la Russie chez son voisin ukrainien, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a accusé les pays occidentaux de chercher à torpiller les négociations, en alimentant "l'hystérie" sur des soupçons de crimes de guerre par les forces russes.

Le chef de la diplomatie russe a estimé mardi soir que la découverte de cadavres à Boutcha était une "provocation" visant à faire échouer les négociations en cours entre Kiev et Moscou. Selon cette dernière, il s'agit de "falsifications" et de mises en scène à destination de la presse. Ce que le porte-parole du Kremlin avait déjà dénoncé lundi en évoquant des "allégations ukrainiennes".

La Russie va même plus loin en demandant l'entremise de l'ONU et du Conseil de sécurité. "Aujourd'hui (lundi-NDLR) la Russie va de nouveau demander que le Conseil de sécurité de l'Onu soit convoqué pour une réunion consacrée aux 'provocations criminelles de soldats et de radicaux ukrainiens" à Boutcha, a écrit sur Telegram sa porte-parole au ministère, Maria Zakharova.

Moscou nie avoir commis des crimes de guerre et qualifie ces accusations de "monstrueux faux".

Des preuves

Or, Kyiv et les pays occidentaux ont déclaré qu'il y avait des preuves, parmi lesquelles des images et des témoignages recueillis par Reuters et d'autres organes de presse, que la Russie a commis des crimes de guerre dans cette banlieue de la capitale ukrainienne.

En réponse, Sergueï Lavrov a déclaré, sans fournir de preuves, que Moscou pense que ces accusations sont destinées à faire échouer le processus de négociations après avoir fait état de progrès après les rencontres des délégations russe et ukrainienne de la semaine dernière en Turquie.

"Nous sommes enclins à penser que la raison en est le souhait de trouver un prétexte pour mettre fin aux négociations en cours", déclare le ministre dans une vidéo publiée par le ministère russe des Affaires étrangères. M. Lavrov fait d'ailleurs partie de la liste des dirigeants et personnalités russes qui ont vu leurs avoirs gelés par les Européens.

L'Union européenne a proposé mardi d'instaurer de nouvelles sanctions contre la Russie, notamment un embargo sur les importations de charbon russe et l'interdiction pour les navires russes d'entrer dans ses ports, tout en disant réfléchir à l'arrêt des achats de pétrole russe.

Les exactions imputées à l'armée russe à Boutcha et dans d'autres zones en Ukraine ne resteront pas sans réponse, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

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(Avec AFP et Reuters)