Climat : vers un nouveau record d'émission de CO2 en 2023, l'AIE dénonce le manque d'ambition verte des plans de relance

Par latribune.fr  |   |  715  mots
"Les sommes d'argent, tant publiques que privées, mobilisées dans le monde par les plans de relance sont bien en deçà de ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques internationaux", estime l'agence internationale dans l'énergie. (Crédits : Reuters)
Avec seulement 2% de l'argent des plans de soutien et de relance post-pandémie Covid-19 dédiés à la transition énergétique, les émissions mondiales de CO2 risquent d'atteindre un niveau record en 2023 et poursuivre leur progression au fil des ans, estime l'Agence internationale de l'énergie. Seuls 350 milliards d'euros de fonds publics ont été fléché vers la transformation de l'économie, une somme loin des attentes de l'institution pour envisager une neutralité carbone d'ici 2050.

La gestion du court-terme au détriment du temps long. Et des lendemains qui pourraient bien déchanter, reléguant loin les rêves d'un monde d'après. C'est en substance ce qu'il faut retenir du dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié ce mardi. Avec seulement 2% de l'argent des plans de soutien et de relance post-pandémie Covid-19 dédiés à la transition énergétique, les émissions mondiales de CO2 risquent d'atteindre un niveau record en 2023 et poursuivre leur progression au fil des ans, estime l'AIE. "Cela laisserait le monde loin de la voie vers des émissions nettes zéro d'ici 2050 que l'AIE a énoncée dans sa récente feuille de route mondiale", se désole l'institution.

Dans un communiqué publié ce mardi, l'agence internationale précise :

Les sommes d'argent, tant publiques que privées, mobilisées dans le monde par les plans de relance sont bien en deçà de ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques internationaux. Ces déficits sont particulièrement prononcés dans les économies émergentes et en développement, dont beaucoup sont confrontées à des problèmes de financement particuliers.

Seulement 350 milliards de dollars fléchés vers la transition

L'IAE a analyser plus de 800 dispositifs étatiques au sein de 50 Etats. Au total, ce sont 16.000 milliards de dollars qui ont été mobilisés par les structures publiques pour faire face aux impacts économiques du Covid-19. Sur cette somme, ce sont donc seulement 350 milliards de dollars par an qui sont fléchés vers la transition écologique. Bien loin des 1.000 milliards attendus par l'IAE dans son plan de relance durable afin d'enclencher un cercle vertueux, un montant défini avec le Fonds monétaire internationale (FMI).

"Tous les secteurs clés mis en évidence dans le plan de relance durable de l'AIE ne reçoivent pas suffisamment d'attention de la part des décideurs", poursuit le communiqué. Avant de noter que la "plupart [des fonds] se concentrant sur l'aide financière d'urgence pour les ménages et les entreprises". Pourtant, "ces dépenses [dans la transition énergétique] stimuleraient la croissance économique mondiale, créeraient des millions d'emplois et mettraient le monde sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.

Fortes disparités entre les pays du Nord et du Sud

Selon le rapport, qui a vocation à éclairer les décideurs mondiaux lors du prochain sommet des ministres de l'environnement du G20, à Naples, les 22 et 23 juillet, les disparités entre pays riches et pays en développement est fortes. Les pays développés ont mobilisés 60% des fonds attendus par la feuille de route, contre seulement 20% pour les pays émergents.

En Europe, par exemple, la Commission européenne avait demandé aux Etats membres de flécher fortement le plan de relance - d'un montant de 750 milliards d'euros - vers la transition environnementale et le numérique. Pour que la France puisse bénéficier du soutien financier de l'Europe, le gouvernement devait présenter un plan de relance teinté d'ambitions écologiques et numériques. Bruxelles imposait au moins 37% des dépenses fléchées vers la transition écologique et 20% pour celle numérique.

Dans le détail, "près de la moitié de l'aide européenne sera dédiée à la transition écologique, avec 5,8 milliards d'euros pour la rénovation énergétique des bâtiments, 4,4 milliards pour moderniser le réseau ferroviaire et 1,9 milliard pour développer l'hydrogène décarboné", indiquait la Commission dans un communiqué.

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Les négociateurs du Parlement européen et des Etats membres ainsi que la Commission européenne sont parvenus à un accord destiné à réduire les émissions nettes de GES au sein du bloc d'au moins 55% d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et à une neutralité carbone d'ici 2050.

En dépit de ces mesures, l'IAE met en garde : "les Etats doivent ensuite aller encore plus loin en menant les investissements et le déploiement d'énergies propres à des niveaux beaucoup plus élevés au-delà de la période de reprise afin de placer le monde sur la voie de zéro émission nette d'ici 2050, ce qui est étroit mais toujours réalisable - si nous agissons à présent."