Chine : Xi Jinping loue les liens avec la France et appelle à des relations plus étroites

Par latribune.fr  |   |  925  mots
Le président chinois Xi Jinping avec le président Emmanuel Macron, le 7 avril 2023, à Canton. (Crédits : POOL)
Pour rappel, la France, sous l'impulsion du général de Gaulle, avait été en 1964 le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec la République populaire de Chine. Cette dernière paraît désormais vouloir renforcer ce lien, a fortiori dans un contexte marqué par une méfiance accrue de l'Union européenne.

Un appel du pied de Xi Jinping, et ce, alors qu'Emmanuel Macron est en déplacement en Inde ? Cela y ressemble. Le président chinois, Xi Jinping, a salué les liens avec la France à l'occasion du 60e anniversaire des relations diplomatiques. Il a appelé à des relations plus étroites entre Pékin et Paris en réponse aux tensions mondiales.

« Les deux parties devraient développer sans relâche les relations bilatérales et répondre aux incertitudes du monde par la stabilité des relations entre la Chine et la France », a souligné Xi Jinping dans un message vidéo diffusé jeudi soir à Pékin lors d'une cérémonie marquant l'anniversaire.

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Pour rappel, la France, sous l'impulsion du général de Gaulle, avait été en 1964 le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs avec la République populaire de Chine. Cette décision, audacieuse à l'époque, est régulièrement citée en exemple de diplomatie indépendante par les responsables chinois.

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Les Etats-Unis avaient attendu 1979 pour établir des liens diplomatiques avec Pékin. Emmanuel Macron s'est rendu en Chine en avril. Au retour du déplacement, le président français avait appelé l'Union européenne à ne pas être « suiviste » des Etats-Unis sur la question de Taïwan.

Ces propos avaient entraîné des critiques en Occident, mais été largement salués en Chine. Taïwan, 23 millions d'habitants, fait l'objet d'une âpre rivalité entre Pékin, qui revendique sa souveraineté sur ce territoire qu'il ne contrôle pas, et Washington, principal allié et fournisseur d'armes de l'île.

Une déclaration qui intervient alors que, sur le front commercial et technologique, les tensions s'accroissent entre le Vieux continent et l'Empire du Milieu. L'image de l'Union européenne « est en jeu », a affirmé Pékin jeudi, après que Bruxelles a dévoilé la veille une série d'initiatives pour protéger ses intérêts économiques.

« L'image de l'UE dans les secteurs de l'économie et du commerce international est en jeu », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin, appelant Bruxelles à ne pas prendre de mesures « anti-mondialisation ».

Bruxelles dégaine un arsenal

Mercredi, des commissaires européens ont présenté un paquet de cinq initiatives, avec notamment le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020, dont l'action doit être plus coordonnée. L'UE veut s'attaquer aux risques pour la sécurité économique européenne et éviter que ses technologies et infrastructures sensibles ne tombent entre les mains de rivaux tels que la Chine.

« La communauté internationale est très inquiète de l'unilatéralisme protectionniste de l'UE dans les secteurs économique et commercial », a réagi Wang Wenbin, interrogé sur ces nouvelles règles.

« Nous espérons que l'UE respectera le libre-échange, la libre-concurrence et la coopération ouverte, qui sont des normes fondamentales de l'économie de marché », a-t-il dit.

Le timing de la déclaration de Xi Jinping est, lui aussi, loin d'être anodin. En effet, Emmanuel Macron est visite officielle en Inde, depuis hier. Le président français a notamment assisté vendredi à une démonstration de force de l'armée indienne lors d'un défilé militaire haut en couleur à New Delhi.

Macron en Inde

Le chef de l'Etat était l'invité d'honneur du Premier ministre, Narendra Modi, et homme fort de l'Inde pour la fête de la Constitution indienne, entrée en vigueur le 26 janvier 1950, deux ans après l'indépendance. Le dirigeant nationaliste hindou, déterminé à afficher la puissance indienne sur la scène internationale, avait d'abord invité le président américain Joe Biden, qui n'a finalement pas donné suite sur fond de tensions après un projet d'assassinat d'un séparatiste sikh à New York.

La France lorgne de nouveaux contrats militaires avec l'Inde, dont le premier fournisseur d'armements reste la Russie mais qui, soucieuse de son autonomie stratégique, continue à diversifier ses acquisitions. Elle espère aussi lui vendre six réacteurs nucléaires EPR.

Le chef de la diplomatie chinoise va rencontrer un conseiller de Biden

Le patron de la diplomatie chinoise, Wang Yi, va rencontrer prochainement en Thaïlande Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, a indiqué vendredi le géant asiatique, illustrant la poursuite du dialogue entre Pékin et Washington.

Les relations sino-américaines se sont détériorées ces dernières années en raison de plusieurs dossiers : soutien à Taïwan, commerce, rivalité dans les nouvelles technologies, lutte d'influence en Asie-Pacifique, mer de Chine méridionale ou encore droits humains. Les deux pays semblent toutefois désireux de renouer le dialogue, avec l'envoi l'an dernier par Washington de plusieurs hauts responsables à Pékin et une rencontre en novembre entre Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping à San Francisco.

« Wang Yi fera part de la position de la Chine sur les relations sino-américaines et sur la question de Taïwan. Il échangera des points de vue avec la partie américaine sur les questions internationales et régionales d'intérêt commun », a déclaré lors d'une conférence de presse régulière Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

(Avec AFP)