Semi-conducteurs : en pleine tension avec la Chine, le bénéfice d'ASML s'envole

L'équipementier européen enregistre une hausse de son bénéfice net de plus de 39% en 2023. Un résultat qui satisfait les investisseurs. Et pour cause, le secteur des semi-conducteurs est au cœur de toutes les tensions géopolitiques.
L'équipementier européen ASML a même fait état ce mercredi d'un bond de son bénéfice net de 39,3% en 2023.
L'équipementier européen ASML a même fait état ce mercredi d'un bond de son bénéfice net de 39,3% en 2023. (Crédits : DADO RUVIC)

Malgré un contexte de tensions internationales avec la Chine, l'industrie des semi-conducteurs poursuit sa lancée. L'équipementier européen ASML a même fait état ce mercredi d'un bond de son bénéfice net de 39,3% en 2023. Il s'est établi à 7,8 milliards d'euros en 2023, a indiqué l'entreprise dans son communiqué de résultats annuels, contre 5,6 milliards d'euros en 2022. ASML, dont le siège se situe à Veldhoven aux Pays-Bas, est l'un des principaux fabricants mondiaux d'équipements permettant de fabriquer des puces de pointe.

Ce mercredi, les investisseurs ont lors salué cette publication : le titre ASML grimpait à la Bourse d'Amsterdam d'environ 7% à l'ouverture, dans un marché AEX en hausse de 1,5%.

« L'industrie des semi-conducteurs continue de fonctionner jusqu'au bas du cycle », a déclaré son PDG Peter Wennink dans un communiqué.

« Même si nos clients ne sont toujours pas sûrs de la forme que prendra la reprise du marché des semi-conducteurs cette année, il y a des signes positifs », a-t-il ajouté.

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« Année de transition »

Utilisées dans de nombreux produits, des armes aux voitures, en passant par les réfrigérateurs, les puces électroniques alimentent l'économie mondiale moderne. L'équipementier a déclaré s'attendre à des ventes stables en 2024, qu'elle a qualifiée d'« année de transition », avant d'enregistrer une « croissance significative » en 2025. Son chiffre d'affaires s'est établi à 27,6 milliards d'euros en 2023, contre 21,1 milliards d'euros en 2022.

Les résultats du quatrième trimestre ont également été légèrement meilleurs que prévu, avec un bénéfice net de 2 milliards d'euros et un chiffre d'affaires de 7,2 milliards d'euros. Concernant son carnet de commandes, les réservations nettes ont presque triplées : « Notre solide prise de commandes au quatrième trimestre soutient clairement la demande future », a rassuré le PDG, Peter Wennink.

Toutefois, selon l'entreprise, les ventes au premier trimestre de cette année devraient ralentir par rapport au rythme fixé au quatrième trimestre de l'année dernière, avec une prévision de 5 à 5,5 milliards d'euros. « Malgré les signes positifs décrits ci-dessus, nous maintenons notre vision prudente pour l'ensemble de l'année et prévoyons que le chiffre d'affaires 2024 sera similaire à celui de 2023 », a argué le PDG, qui prévoit tout de même une croissance significative en 2025.

« Sans logique haut de gamme, il n'y a pas d'IA. Sans mémoire haut de gamme, il n'y a pas d'IA. Sans ASML, il n'y a pas de logique haut de gamme ni de mémoire haut de gamme », a complété Roger Dassen, directeur financier lors d'une conférence en ligne avec des journalistes et investisseurs.

« Il est très clair que le développement de l'IA apportera une contribution très significative à notre activité en 2025 », a-t-il ajouté.

Industrie stratégique

L'industrie des semi-conducteurs est aussi, et surtout, devenue un champ de bataille géopolitique mondial. En octobre dernier, Washington avait annoncé des restrictions supplémentaires sur les exportations de puces d'IA de pointe vers la Chine, suscitant la fureur de Pékin. Plus récemment, les Pays-Bas se sont joints aux Etats-Unis et au Japon pour imposer des limites à l'exportation concernant les équipements de pointe de fabrication de puces début janvier. Objectif, empêcher Pékin d'acquérir les puces les plus avancées, susceptibles d'être utilisées dans des armes et les hautes technologies.

Ainsi, des machines de fabrication de puces de pointe d'ASML ont été interdites d'exportation vers la Chine, a rapporté la société, dans un contexte de pressions américaines dans le secteur. Une interdiction qui aura « un impact sur un petit nombre de clients en Chine » de l'entreprise, a-t-elle indiqué dans un communiqué début janvier, mais qui n'aura pas d'« impact matériel » sur les perspectives financières, a précisé l'équipementier.

Des mesures qui viennent intensifier la colère de Pékin. La Chine a qualifié les restrictions imposées aux exportations de « terrorisme technologique » :

Une telle action « viole gravement les règles du commerce international, porte gravement atteinte à la configuration de l'industrie mondiale des semi-conducteurs et a de graves conséquences sur la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement internationales », avait réagi début janvier le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin.

De quoi laisser émerger des craintes sur le fait que Pékin n'introduise ses propres contrôles à l'exportation de gallium et de germanium, deux métaux rares essentiels à la fabrication de semi-conducteurs. En effet, la Chine a annoncé le mois dernier qu'elle arrêterait l'exportation d'une série de technologies de traitement des métaux des terres rares. Wang Wenbin a alors averti que les États-Unis « subiraient inévitablement les conséquences de leurs propres actions ».

Lire aussiSemi-conducteurs : le fabricant européen ASML interdit de vendre certaines machines indispensables à la Chine

Malgré ces vents contraires, les hauts responsables d'ASML ont régulièrement insisté sur le fait que l'entreprise est bien placée pour résister à la tempête géopolitique. En effet, les Pays-Bas et la Corée du Sud, deux leaders mondiaux du marché des semi-conducteurs, ont annoncé en décembre dernier la création d'une « alliance » coréo-néerlandaise. C'était sans compter l'accord signé entre ASML et le leader sud-coréen de la tech Samsung. Ils se sont engagés à investir environ 700 millions d'euros pour construire un centre de recherche de pointe sur les semi-conducteurs, basé en Corée du Sud. Le géant technologique a même pointé du doigt que 29% de ses ventes de 2023 provenaient de Chine, soit plus du double du pourcentage de l'année dernière (14%).

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 25/01/2024 à 5:52
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A l'évidence les pseudo-sanctions du régime Biden sont activement contournées par des livraisons périphériques à la Chine qui négocie de gré ou de force avec TSMC et Samsung pour avoir accès aux derniers procédés de gravure peu efficaces (cf. déga...

à écrit le 24/01/2024 à 18:34
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La techno d'Asml sert a rien.La production des sémiconducteurs est independente d'elle.

le 29/03/2024 à 2:00
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Ben si sans machine tu produits rien Sans four tu ne fera jamais de bon gâteau 😜

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