Coup dur pour la Chine, la Bourse de Hongkong est dépassée par celle de Bombay

Après plusieurs années de baisses pour la Bourse hongkongaise et une dynamique haussière record pour les actions indiennes, la capitalisation de l'indice de Bombay a finalement dépassé celle de la célèbre place chinoise. Une mauvaise nouvelle pour la Chine en proie à des difficultés économiques sans précédent.
La Bourse de Hongkong a 4.290 milliards de dollars de capitalisation
La Bourse de Hongkong a 4.290 milliards de dollars de capitalisation (Crédits : BRENDAN MCDERMID)

Le Parti communiste chinois enchaîne les mauvaises nouvelles. Selon Bloomberg, la bourse indienne a atteint 4.300 milliards de dollars lundi, dépassant pour la première fois de son histoire la Bourse de Hongkong et ces 4.290 milliards.

Dans le nouveau palmarès, les États-Unis restent la force dominante des marchés boursiers mondiaux, avec une capitalisation boursière à Wall Street de 50.086 milliards de dollars. Loin derrière les États-Unis, la Chine occupe la deuxième place avec une capitalisation boursière de 8.440 milliards de dollars, tandis que le Japon arrive en troisième position avec 6.360 milliards de dollars.

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L'Inde, nouvel eldorado des investisseurs

Ce changement dans la hiérarchie mondiale intervient après une année boursière exceptionnelle en Inde en 2023, alimentée par la participation accrue des investisseurs particuliers, une forte croissance économique et une augmentation des liquidités. En 2023, l'indice Nifty des 50 valeurs vedettes de la bourse indienne a pris 20%, sa huitième année de hausse consécutive.

« Nous pensons que l'Inde offre parmi les opportunités les plus intéressantes à long terme », estimait dans une récente note Rashmi Gupta, gestionnaire de portefeuille chez JP Morgan Private Bank. De son point de vue, l'Inde cumule plusieurs atouts : soutien politique « significatif » en faveur de la croissance, « dynamique démographique unique (et) potentiel de croissance économique et de bénéfices supérieurs ».

« L'Inde est en retard de développement et son taux de croissance est élevé, attendu à 6,5% en 2024 », a souligné Eric Bertrand, directeur général délégué d'Ofi Invest. « Le marché indien des actions est traditionnellement considéré comme un marché défensif au sein des marchés émergents, en raison de la composition moins cyclique de ses actifs par rapport à la Chine ou à d'autres marchés asiatiques. (...) La gouvernance d'entreprise et la transparence se sont améliorées par rapport à d'autres pays des marchés émergents », explique pour sa part Franklin Templeton. « Les actions indiennes continuent de bénéficier des flux venant des ménages, ainsi que du manque d'alternatives liquides en Asie, compte tenu du sentiment négatif des investisseurs étrangers à l'égard de la Chine et des inquiétudes concernant les indices cycliques mondiaux que sont Taiwan et la Corée », notait aussi UBS en novembre.

L'économie chinoise dans la tourmente

Chez son voisin de l'Est en revanche, l'heure n'est pas à la joie. L'indice Hang Seng de Hongkong où sont cotés de nombreux fleurons chinois a perdu 14%, tandis que l'indice HangSeng Tech qui regroupe les valeurs technologiques chinoises a chuté de 75% depuis son sommet de 2021, ce qui correspond quasiment en termes d'intensité, à l'éclatement de la bulle internet au début des années 2000.

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Pour le marché de Hongkong, c'est la quatrième année consécutive de pertes, les gestionnaires de fonds ayant retiré des milliards de dollars en raison des inquiétudes pour le ralentissement économique de la Chine. Ces deux dernières années, la pression politique s'est également accrue sur les investisseurs américains pour qu'ils réduisent leur exposition aux entreprises chinoises.

De plus, la Chine est dans une situation économique compliquée avec une croissance annuelle qui s'est établie à 5,2%, soit un sérieux coup de frein sur l'activité de la deuxième puissance économique mondiale. A noter, cette baisse de l'activité n'est pas nouvelle : l'an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5%, et l'un des rythmes les plus faibles enregistrés par le pays depuis quatre décennies. En décembre, les plus hauts dirigeants du Parti communiste (PCC) ont avoué que le pays allait rencontrer des « difficultés » pour relancer l'activité économique du pays, a annoncé ce mardi un média d'Etat. « La Chine doit encore surmonter certaines difficultés et défis afin de continuer à relancer l'économie », ont jugé les principaux dirigeants du PCC, dont le chef de l'Etat Xi Jinping, lors de la Conférence sur le travail économique, selon l'agence de presse Chine nouvelle. Toutefois, « dans l'ensemble, les conditions favorables l'emportent sur les facteurs défavorables » en matière de développement économique, ont-ils déclaré. « La tendance fondamentale d'une reprise économique et de perspectives positives à long terme n'a pas changé. »

Un plan de soutien massif à venir

Les choses pourraient cependant changer pour les Bourses chinoises en 2024. Selon Bloomberg, les autorités chinoises envisageraient de prendre des mesures à hauteur de 278 milliards de dollars pour soutenir leurs marchés financiers, via un fonds de stabilisation qui achèterait des actions via la place de Hongkong.

Mais « La question de la suffisance des mesures de soutien se pose car les investisseurs étrangers ont fui les marchés chinois, échaudés par quatre ans de décisions erratiques et brutales des autorités chinoise, que ce soient les mesures sanitaires, les durcissements soudains de règlementation, les disparitions de chefs d'entreprises », relève Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France, dans une note. D'autant que la reprise ne semble pas pour cette année. Allianz Trade estime dans un rapport que le PIB chinois ne devrait grossir que de 4,8% en 2024. « Industries émergentes et fabrication de pointe pourraient devenir des moteurs de croissance plus durables à long terme, mais ils ne sont pas suffisamment importants pour l'instant et à l'avenir, le développement sera confronté à des défis », affirment les auteurs du rapport.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 26/01/2024 à 9:23
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en même temps le marché est l'un des plus chers et hongkong est l'un des moins cher. mais si tu regardes le PER on se décide vite, mais il faut juste garder en tête que c'est sur du long terme.

à écrit le 25/01/2024 à 7:58
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La Chine se dégonfle bien vite quand même.

à écrit le 24/01/2024 à 18:09
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En même temps ...il fallait être un peu téméraire pour aller investir en Chine, dans une dictature Stalino Communiste. Idem en Russie ou la corruption est la règle. L'Inde? Ça reste une démocratie, même si elle est loin d'être parfaite, mais c'est ...

à écrit le 24/01/2024 à 17:33
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L'Inde a un avenir sombre, avec sa natalité débridée

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