Crise alimentaire : blocus russe d’Odessa, la France prête à aider à débloquer le port pour libérer les céréales ukrainiennes

Par latribune.fr  |   |  717  mots
Le port d'Odessa (Crédits : Valentyn Ogirenko)
La France est prête à participer à une "opération" permettant de lever le blocus du port d'Odessa (sud de l'Ukraine) et d'exporter les céréales ukrainiennes vers les pays qui en ont besoin, a annoncé l'Elysée.

La France est prête à participer à une "opération" permettant de lever le blocus du port d'Odessa (sud de l'Ukraine) et d'exporter les céréales ukrainiennes vers les pays qui en ont besoin, a annoncé vendredi la présidence française.

"Nous sommes à disposition des parties pour au fond que se mette en place une opération qui permettrait d'accéder au port d'Odessa en toute sécurité, c'est-à-dire de pouvoir faire passer des bateaux en dépit du fait que la mer est minée", a déclaré un conseiller présidentiel.

Pour rappel, la flotte russe de la mer Noire bloque le principal port du pays et paralyse les exportations de céréales, notamment de blé, dont l'Ukraine était avant la guerre en passe de devenir le troisième exportateur mondial. Des pays africains et moyen-orientaux sont les premiers touchés et craignent de graves crises alimentaires.

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Kiev craint une attaque russe

Cette annonce intervient alors que mardi dernier, l'Ukraine a refusé de déminer le port par crainte que les forces russes n'en profitent pour attaquer la ville.

Si l'Ukraine démine le principal port du pays, la Russie "voudra attaquer, elle rêve de parachuter des troupes", avait déclaré le porte-parole de l'administration de la région d'Odessa Serguiï Bratchouk.

"La flotte russe de la mer Noire fera semblant de se retirer vers la Crimée annexée. Mais dès qu'on déminera les accès au port d'Odessa, la flotte russe sera là", affirmait-il.

Macky Sall assure que Moscou n'attaquera pas

Hier jeudi, le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, président en exercice de l'Union africaine, a appelé au déminage du port après avoir reçu l'assurance du président Vladimir Poutine que la Russie n'attaquerait pas. Sans la reprise des exportations, l'Afrique, très dépendante des importations de céréales ukrainiennes et russes mais aussi de fertilisants essentiels pour son agriculture peu productive, "sera dans une situation de famine très sérieuse qui pourrait déstabiliser le continent", a-t-il dit dans un entretien avec les médias français France 24 et RFI.

"Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai pas d'élément me permettant de contredire" les assurances de Moscou selon lesquelles la Russie ne s'opposerait pas à la sortie du blé ukrainien par Odessa si les eaux étaient déminées.

La quantité de céréales destinées à l'exportation et bloquées en Ukraine en raison de la guerre pourrait tripler d'"ici à l'automne" pour atteindre 75 millions de tonnes, avait alerté lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Actuellement, entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées.

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Zelensky demande l'exclusion de la Russie de la FAO

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi l'exclusion de la Russie de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sur fond d'accusations de Kiev de blocage et de vol des céréales ukrainiennes par Moscou.

"Il ne peut pas y avoir de discussion pour prolonger l'adhésion de la Russie à la FAO. Quelle y serait la place de la Russie si elle provoque la famine pour au moins 400 millions de personnes, voire plus d'un milliard?", avair lancé Volodymyr Zelensky dans un discours en visioconférence lors d'une réunion ministérielle de l'OCDE.

Créée en 1945, la FAO a vocation à "parvenir à la sécurité alimentaire pour tous" en faisant en sorte que "les populations aient un accès régulier à suffisamment de nourriture de bonne qualité  pour mener des vie actives et en bonne santé", indique-t-elle sur son site internet.  Elle compte la Russie parmi ses pays membres depuis 2006. Cette organisation internationale publie tous les mois un indice des prix alimentaires qui inclut les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers. Cet indice a franchi un record en mars du fait de la guerre en Ukraine.  Les prix ont légèrement reflué en avril puis en mai, mais le prix du blé continue à s'envoler, prenant encore 5,6% le mois dernier.