Des relations normales avec la Russie après la guerre ? Ça serait une « erreur » pour Boris Johnson

Par latribune.fr  |   |  862  mots
Boris Johnson a déclaré que le moment était venu de « choisir entre la liberté et l'oppression ». (Crédits : POOL)
Le Premier ministre britannique considère que « normaliser de nouveau des relations » avec Vladimir Poutine, lorsque la guerre sera terminée, reviendrait « à commettre la même erreur » qu'en 2014, lorsque le Kremlin a annexé la Crimée. Aucun pays ne s'est pour le moment exprimé sur cette question. De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle l'Union européenne à cesser tout « commerce » avec la Russie, et notamment à refuser ses ressources énergétiques.

Lors d'un discours au congrès de son Parti conservateur le week-end dernier, auquel assistait notamment l'ambassadeur d'Ukraine à Londres, Boris Johnson a déclaré que le moment était venu de « choisir entre la liberté et l'oppression ». Évoquant certains « qui disent que nous ferions mieux de nous accommoder de la tyrannie », le chef du gouvernement conservateur a estimé « qu'ils ont profondément tort ».

« Essayer de normaliser de nouveau les relations avec Poutine après cela, comme nous l'avons fait en 2014, reviendrait à commettre exactement la même erreur », a déclaré Boris Johnson, en référence à l'annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie.

Le Premier ministre britannique a estimé que Vladimir Poutine avait envahi l'Ukraine car il se sentait menacé par la liberté et la démocratie en Ukraine « parce que dans la Russie de Poutine, vous êtes emprisonné pendant 15 ans simplement pour avoir qualifié une invasion d'invasion, et si vous vous opposez à Poutine lors d'une élection, vous êtes empoisonné ou abattu ». Il a déclaré que Vladimir Poutine était « terrifié par l'effet de ce modèle ukrainien sur lui et sur la Russie » et « totalement paniqué » à l'idée d'une révolution à Moscou.

Impossible de savoir pour le moment quelle position prendront les différents pays lorsque la guerre sera terminée. Les membres de l'Union européenne affichent pour le moment une grande unité face à la Russie depuis l'invasion de l'Ukraine. Leurs dirigeants se retrouveront d'ailleurs ce jeudi 24 mars à Bruxelles pour un sommet de l'Otan, un sommet du G7 et un sommet de l'Union européenne, auquel le président américain est également convié.

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Zelensky : « Pas d'euros pour les occupants »

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté appelé l'Union européenne à cesser tout « commerce » avec la Russie, et notamment à refuser ses ressources énergétiques, dans une vidéo sur la messagerie Telegram.

« Pas d'euros pour les occupants, fermez-leur tous vos ports, ne leur envoyez pas vos biens, refusez les ressources énergétiques », a plaidé le président ukrainien lundi 21 mars. Et d'ajouter : « sans commerce avec vous, sans vos entreprises et vos banques, la Russie n'aura plus d'argent pour cette guerre ».

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Son intervention coïncide avec la tenue, le même jour, d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'UE pour examiner de possibles nouvelles sanctions contre Moscou, près d'un mois après le début de l'invasion russe le 24 février. « Ne sponsorisez pas s'il vous plaît les armes de guerre de ce pays, de la Russie », a demandé Volodymyr Zelensky, avant de s'adresser directement aux Allemands : « Vous avez la force, l'Europe a la force », a-t-il lancé.

L'Allemagne a été critiquée pour son opposition à un embargo immédiat sur les hydrocarbures russes, dont elle dépend fortement. De façon globale, les Européens, très dépendants des hydrocarbures russes, ont jusqu'ici exclu de sanctionner ce secteur, très important pour l'économie de la Russie. Le Kremlin a par ailleurs estimé lundi qu'un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait « tout le monde ». Il aurait « une influence très sérieuse sur le marché mondial du pétrole, une influence néfaste sur le marché énergétique en Europe. Mais les Américains n'y perdront rien, c'est évident », a affirmé Dmitri Peskov, le porte-parole de la présidence russe.

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Des pourparlers qui manquent « de substance »

Ce mardi 22 mars, le porte-parole de la présidence russe a estimé que les pourparlers en cours avec Kiev n'étaient pas assez « substantiels ». « Un certain processus (de négociations) a lieu, mais nous souhaiterions qu'il soit plus énergique, plus substantiel », a indiqué à la presse Dmitri Peskov. Il a refusé de dire sur quoi les délégations russes et ukrainiennes planchaient « car actuellement rendre (ces sujets) publics ne peut que gêner le processus de négociations qui se déroule déjà de manière plus lente et moins substantielle que nous le voudrions ».

La veille, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est déclaré disposé à discuter avec son homologue russe Vladimir Poutine d'un « compromis » sur le Donbass et la Crimée pour mettre fin aux hostilités déclenchées par la Russie le 24 février. Il a aussi prévenu qu'un tel accord devrait toutefois être ratifié par les Ukrainiens par référendum.

L'Ukraine réclame lors des pourparlers un cessez-le-feu, le retrait des forces russes du pays ainsi que la désignation de pays garants de sa sécurité qui interviendraient en cas d'attaque russe. Moscou, de son côté, dit vouloir démilitariser et « dénazifier » l'Ukraine, évoquant à ce titre un statut de neutralité pour son voisin pro-occidental.

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(Avec AFP)