Dette : les États-Unis risquent le défaut de paiement, Yellen presse le Congrès d'agir

Par latribune.fr  |   |  548  mots
En 2011, Standard and Poor's avait provoqué une déflagration en retirant aux Etats-Unis sa note "AAA". (Crédits : Reuters)
Si le plafond de la dette n'est pas relevé par les élus américains, le pays ne sera plus en mesure d'honorer ses créances. En conséquence, sa note pourrait être dégradée par les agences de notation, entrainant un relèvement des taux pour les emprunts d'Etat. La secrétaire d'Etat américaine craint une nouvelle crise financière.

Les Etats-Unis sont-ils au bord de la banqueroute ? C'est ce que craint Janet Yellen, la secrétaire américaine au Trésor qui a, une nouvelle fois, tiré la sonnette d'alarme sur le spectre du défaut de paiement qui plane au-dessus de la première économie mondiale. La collaboratrice du président Biden avait déjà alerté le Congrès sur l'état des finances publiques fin juillet dans un courrier envoyé aux élus. Aussi, alors que Joe Biden a prévu un budget de 6.000 milliards de dollars pour 2022 - après trois plans de relance dont un de 1.900 milliards - afin de remettre l'économie sur pied après les conséquences du Covid-19, Janet Yellen exhorte les élus à relever le plafond de la dette afin de permettre aux Etats-Unis d'honorer leurs engagements financiers et d'éviter le défaut de paiement.

A date, la dette publique américaine s'élève à 28.596 milliards de dollars, selon le site usdebtclock.org qui calcule en temps réel les indices budgétaires clés.

"Le relèvement ou la suspension du plafond de la dette n'augmente pas les dépenses publiques et n'autorise pas non plus les dépenses pour les propositions budgétaires futures; il permet simplement au Trésor de payer les dépenses déjà adoptées", expliquait Janet Yellen dans son courrier.

Pour honorer ses engagements et financer ses dépenses ainsi que les lois déjà adoptées par le Congrès, le pays émet des obligations d'Etat, qu'il rembourse lorsqu'elles arrivent à échéance. Or, lorsque le plafond de la dette est atteint, le pays ne peut plus se financer par l'emprunt et doit utiliser les fonds dont il dispose.

"Le non-respect de ces obligations causerait un préjudice irréparable à l'économie américaine (...). La seule menace de ne pas respecter ces obligations a eu des effets néfastes dans le passé, y compris l'unique dégradation" de la notation du pays, rappelait-elle.

En 2011, Standard and Poor's avait provoqué une déflagration en retirant aux Etats-Unis sa note "AAA", qui leur permettait en principe d'emprunter sur les marchés au coût minimum, sanctionnant de longs mois de blocage politique sur le relèvement du plafond de la dette.

En août 2019, le plafond de la dette avait été relevé par un accord entre l'ex-président Donald Trump et les élus démocrates du Congrès, jusqu'au 31 juillet 2021.

L'émission de bons locaux va être provisoirement suspendue à partir du 30 juillet. Après cette date, la première économie du monde ne sera plus en mesure d'emprunter de l'argent, sous peine de risquer un défaut de paiement.

Des mesures d'économies en urgence

Janet Yellen a ainsi annoncé la mise en œuvre de certaines "mesures extraordinaires", visant à suspendre certaines dépenses. Mais selon certains économistes, cela n'offrira qu'un répit de quelques semaines avant le défaut de paiement. Les mesures "permettront d'emprunter environ 350 milliards de dollars supplémentaires, mais nous prévoyons que ce montant sera épuisé d'ici la fin septembre", a ainsi calculé Nancy Vanden Houten, d'Oxford Economics, dans une note publiée lundi matin.

Depuis 1960, le Congrès a voté à 78 reprises pour relever ou suspendre cette limite d'endettement, détaille le Trésor sur son site internet.

(Avec AFP)