Etats-Unis : Trump veut réduire de moitié l'immigration légale

Par latribune.fr  |   |  692  mots
Pour le président américain Donald Trump, le système d'immigration actuel n'est "pas juste pour nos citoyens, nos travailleurs"
Le président américain soutient une vaste réforme de l'immigration légale. La proposition de loi prévoit de privilégier l'arrivée de migrants qualifiés sur la base d'un système à points basé sur les "mérites".

Après avoir visé l'immigration illégale, Donald Trump souhaite aussi réduire drastiquement l'immigration légale. Le président américain a apporté mercredi son soutien à une proposition de loi défendue par les deux sénateurs républicains Tom Cotton, élu de l'Arkansas, et David Perdue, élu de Georgie. Leur objectif : réformer le système de l'immigration légale aux Etats-Unis afin de diminuer de 50% sur dix ans les détenteurs de cartes vertes. Cette dernière permet à un étranger de travailler et résider légalement aux Etats-Unis, sans visa. D'une durée de 10 ans renouvelable, le document ouvre la voie à la naturalisation.

La proposition de loi prévoit d'accorder la priorité à l'arrivée de migrants qualifiés en créant un système à points basé sur les "mérites", similaire aux dispositifs existants au Canada ou en Australie. Le projet est baptisé RAISE Act ("Reforming American Immigration for a Strong Economy", soit "Réformer l'immigration aux Etats-Unis pour une économie forte").

"Depuis des décennies, les États-Unis ont exploité un système d'immigration très peu qualifié, a déclaré Donald Trump. Il a été injuste pour notre peuple, pour nos citoyens, pour nos travailleurs."

Au cours de la campagne présidentielle et depuis son arrivée à la Maison Blanche, le magnat de l'immobilier n'a cessé de fustiger le système régulant l'immigration, le jugeant dépassé et estimant qu'il nuit aux employés américains en tirant les salaires vers le bas.

Limiter le regroupement familial

Le président américain défend "ce processus compétitif de candidature" qui "favorisera les postulants parlant anglais, subvenant financièrement à leurs besoins et à ceux de leur famille et disposant de compétences" pouvant "contribuer à l'économie" du pays. Le nombre d'immigrants ayant obtenu une carte verte sur la base des compétences professionnelles devrait rester inchangé (environ 140.000 par an), précise le New York Times.

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Washington souhaite ainsi limiter les conditions du regroupement familial. La priorité sera accordée aux membres directs de la famille, comme les enfants mineurs et les conjoint-e-s de personnes habitant déjà sur le sol américain. Mais la préférence accordée aux enfants majeurs et les membres élargis de la famille sera supprimée. Les Etats-Unis accordent environ 1 million de cartes vertes par an, dont deux tiers sont destinées au regroupement familial. Selon les projections réalisées, cette proposition de loi permettrait de baisser les obtentions de cartes vertes à 637.960 la première année, puis 539.958 dans dix ans, selon le Wall Street Journal.

Supprimer la loterie annuelle de 50.000 cartes vertes

Les deux promoteurs de la proposition de loi veulent aussi en finir avec le système de loterie annuelle, instauré en 1995. Ce processus propose chaque année 50.000 cartes vertes de résident à des personnes de "pays sous-représentés". "Cette loterie de la diversité est rongée par la fraude, ne comporte aucun intérêt économique ou humanitaire et ne favorise même pas la diversité", jugent les deux sénateurs dans la présentation de leur proposition.

Les deux élus se défendent de vouloir remanier totalement les règles régissant l'immigration légale. Ils disent notamment que leur texte n'affecterait pas les visas temporaires pour le recrutement de travailleurs dans certains secteurs technologiques ou pour des emplois saisonniers. Mais l'adhésion d'une majorité au Congrès semble loin d'être assurée. La proposition, présentée pour la première fois en février, divise même dans le camp des Républicains. Pour le sénateur Lindsey Graham, le texte va trop loin. Prenant en exemple son Etat, la Caroline du Sud, il explique que l'agriculture et le tourisme, les deux principaux secteurs de l'économie locale, en souffriraient.

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(Avec Reuters)