Faillite de FTX : Sam Bankman-Fried poursuivi de huit chefs d'accusation par la justice américaine

Par latribune.fr  |   |  801  mots
Arrêté aux Bahamas, à la demande des Etats-Unis, Sam Bankman-Fried, ex patron de FTX, risque la prison à vie s'il devait être condamné pour franude. (Crédits : Reuters)
Sam Bankman-Fried, ancien patron de FTX, a été arrêté aux Bahamas lundi à la demande des autorités américaines. Considérée comme l'une des principales plateformes d'échange de cryptomonnaies au monde, FTX, aujourd'hui en faillite, n'a soudainement plus été en mesure début novembre de reverser à ses clients l'argent qu'ils y avaient déposé. Il est poursuivi au total de huit chefs d'accusation, dont fraude par voie électronique et blanchiment d'argent.

Article mis à jour mardi 13 décembre, à 16h15

Sam Bankman-Fried, dit « SBF », fondateur de  FTX, a été arrêté aux Bahamas et inculpé par la justice américaine, a indiqué le procureur de New York mardi 13 décembre. Considérée comme l'une des principales plateformes d'échange de cryptomonnaies au monde, FTX n'a soudainement plus été en mesure début novembre de reverser à ses clients l'argent qu'ils y avaient déposé.

Le trentenaire, présenté autrefois comme l'ex star des cryptos, est poursuivi au total de huit chefs d'accusation, dont fraude par voie électronique, blanchiment d'argent et violation des lois électorales, détaille l'acte dévoilé par le procureur fédéral.

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Les Etats-Unis ont « porté plainte » contre le milliardaire, qui réside aux Bahamas, et « vont probablement demander son extradition », a expliqué le procureur général des Bahamas, Ryan Pinder, dans un communiqué relayé sur Twitter. Les deux pays « ont intérêt à ce que les individus associés à FTX, qui ont peut-être trahi la confiance du public et enfreint la loi, rendent des comptes », a indiqué Philip Davis, le Premier ministre de l'archipel. Les Bahamas vont mener leur propre « enquête criminelle sur l'effondrement de FTX ».

Aux Etats-Unis, « s'il est condamné pour fraude, il pourrait passer le reste de sa vie en prison, étant donné le montant », estime Jacob Frenkel, du cabinet Dickinson Wright. « Il n'y aurait pas d'acte accusation si les procureurs n'étaient pas absolument convaincus qu'ils vont obtenir une condamnation », a ajouté ce spécialiste des enquêtes fédérales, qui a travaillé pour le gendarme boursier américain (SEC).

Une « défaillance complète à tous les niveaux de contrôle »

Pour John Ray, nouveau patron de FTX, les ex-dirigeants de la plateforme en faillite ont fait preuve d'une « défaillance complète » à tous les niveaux de contrôle, dépensant sans vraiment compter l'argent de leurs clients. A première vue, « l'effondrement du groupe FTX semble résulter de la concentration absolue du contrôle entre les mains d'un très petit groupe d'individus grossièrement inexpérimentés et pas très calés, qui n'ont mis en oeuvre aucun des systèmes ou des contrôles requis pour une société à laquelle sont confiés l'argent ou les actifs d'autres personnes », a souligné le responsable.

L'enquête a déjà démontré que les actifs déposés par les clients sur FTX étaient mélangés à ceux de la société de courtage et d'investissements dans les cryptos Alameda, également fondée par Sam Bankman-Fried. Et Alameda a allègrement pioché dans les fonds des clients de FTX pour faire des paris risqués. Une telle utilisation de ces fonds constituerait une fraude si elle bafouait les termes de l'accord entre FTX et ses clients, estiment de nombreux juristes. FTX s'est aussi lancée dans une « frénésie de dépenses » à partir de fin 2021, avec 5 milliards de dollars dans des entreprises et investissements « qui ne valent peut-être qu'une portion » de cela, d'après John Ray.

« Maximiser la valeur » des actifs encore détenus par FTX pour rembourser clients et créanciers

La plateforme a par ailleurs déboursé, en prêts ou en paiements, plus d'un milliard de dollars destinés à des personnes au sein de l'entreprise. Pour le nouveau dirigeant, qui a supervisé plusieurs procédures de faillite, dont celle de l'ancien géant énergétique américain Enron, l'objectif est désormais de « maximiser la valeur » des actifs encore détenus par FTX pour rembourser autant que possible les clients et créanciers du groupe.

 (Avec AFP)

Sam Bankman-Fried se défend de toute tentative de fraude

Début décembre, à l'occasion d'une première interview en public après la défaillance de FTX, Sam Bankman-Fried s'est dit « profondément désolé » mais s'est défendu d'avoir commis une escroquerie. « J'étais directeur général de FTX, ce qui signifie que quoi qu'il se passe, j'avais obligation de préserver les intérêts des actionnaires et des clients », a reconnu l'ex-dirigeant. « J'ai clairement fait beaucoup d'erreurs, des choses que je donnerais tout pour pouvoir corriger aujourd'hui ». Il explique ne pas avoir « essayé de mélanger les fonds » et d'utiliser de l'argent appartenant à des clients pour réaliser, à leur insu, des placements à risque. De loin la personnalité la plus en vue du monde des cryptomonnaies, Sam Bankman-Fried incarnait pour certains l'avenir du secteur, d'autant qu'il se disait favorable à davantage de régulation. Un temps crédité d'une fortune estimée à 26 milliards de dollars, entièrement basée sur la valorisation de FTX et Alameda, SBF a tout perdu avec la faillite de sa plateforme.