
Toute l'industrie des cryptomonnaies se retrouve ébranlée par la faillite de FTX. Trois jours après le dépôt de bilan de cette société, le directeur général de Binance, première plateforme d'échange de cryptoactifs du monde, plaide pour une régulation de ce jeune secteur financier. « Nous sommes un secteur neuf, on l'a vu la semaine dernière, la situation est en train de devenir folle dans le secteur », a déclaré lundi le fondateur et dirigeant de Binance, Changpeng Zhao, en marge du sommet du G20 à Bali. « Nous avons vraiment besoin de régulation, il faut que ce soit fait correctement, il faut que ce soit fait de manière stable. »
Les plateformes, qui permettent aux utilisateurs d'acheter et de vendre des cryptoactifs, mais qui proposent également des produits dérivés plus ou moins complexes sur ces actifs déjà très volatils, sont en effet au cœur d'un écosystème encore jeune, celui des cryptomonnaies. Leurs sièges sont souvent basés dans des régions aux législations souples : FTX a son siège social aux Bahamas, tandis que Binance n'a pas de siège centralisé, rendant le travail des régulateurs difficile.
« Je crois que le secteur dans son ensemble a un rôle de protection des consommateurs, de protection en général. Cela ne concerne donc pas uniquement les régulateurs. Les régulateurs ont un rôle à jouer mais ça ne relève pas à 100% de leur responsabilité », a ajouté Changpeng Zhao, dit "CZ".
Ce week-end, FTX, l'un des principaux concurrents de Binance, s'est placé vendredi sous la protection de la loi américaine sur les faillites après des retraits massifs de ses clients et l'échec d'une tentative de sauvetage par Binance. FTX a annoncé samedi une enquête sur des « transactions non autorisées » et les autorités de plusieurs pays ont ouvert des enquêtes sur le dossier.
Dans ce contexte, afin de « limiter les futurs effets en cascade négatifs de FTX », le patron de Binance a par ailleurs annoncé dans un message publié sur Twitter qu'il allait créer un fonds destiné à aider des projets « crypto » confrontés à des problèmes de liquidité. De quoi redonner un peu d'élan au cours du bitcoin, qui s'était effondré jeudi à 15.574 dollars, un plus bas depuis deux ans. Lundi, il s'échangeait pour 16.773 dollars, en hausse de 2,48% par rapport à la veille. Mais la cryptomonnaie reste en baisse de 20% depuis le dimanche 6 novembre, avec les déboires de la plateforme FTX qui ont entraîné ce marché.
Crise de confiance concerne aussi Crypto.com
Car la crise de confiance ne concerne plus seulement FTX et son directeur général, Sam Bankman-Fried, soupçonné d'avoir transféré au moins 1 milliard de dollars depuis des dépôts des clients de FTX vers sa société d'analyse financière, Alameda Research.
Lundi, c'est son homologue de Crypto.com, l'une des 10 principales plateformes d'échange de cryptoactifs du monde, qui a dû s'exprimer en direct pour démentir les informations selon lesquelles sa société était elle aussi en difficulté. Lors d'une session de questions-réponses sur Youtube, Kris Marszalek a assuré que Crypto.com disposait d'un bilan solide et n'avait pris aucun risque inconsidéré. « Nous allons poursuivre nos activités comme nous l'avons toujours fait. Nous allons rester un endroit sûr où tout le monde peut accéder aux cryptos », a-t-il dit, répondant ainsi indirectement aux questions soulevées par la découverte d'un transfert de 400 millions de dollars d'ether ETH=BTSP de Crypto.com vers une autre plateforme le mois dernier.
Kris Marszalek avait déjà expliqué sur Twitter que ce transfert était accidentel et qu'il avait été annulé, sans parvenir à apaiser les inquiétudes. Selon le Wall Street Journal, Crypto.com a elle aussi subi une vague de retraits pendant le week-end. Il a déclaré que la société comptait 70 millions de clients dans le monde et avait réalisé en 2021 comme en 2022 un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars. Il a ajouté que l'exposition de Crypto.com à FTX avait atteint environ un milliard de dollars en début d'année mais qu'elle avait été ramenée à moins de 10 millions.
(Avec Reuters et AFP)
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