Guerre en Ukraine : Poutine riposte aux sanctions et exige de l'UE qu'elle paye ses achats de gaz russe en roubles

Par latribune.fr  |   |  733  mots
(Crédits : SPUTNIK)
Vladimir Poutine a annoncé mercredi que la Russie allait exiger des "pays inamicaux" qu'ils paient leurs approvisionnements en gaz russe en roubles. Le président russe a expliqué que cette décision était la conséquence d'une rupture de confiance avec ces pays après le gel des avoirs russes à l'étranger, notamment ceux de la banque centrale de Russie dont les réserves en devises ont fondu à la suite des sanctions occidentales prises en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les entreprises européennes comme Engie qui achètent du gaz russe ont intérêt d'avoir de belles réserves de roubles dans leurs caisses. Et beaucoup même au vu des achats massifs de gaz à la Russie qui continuent. Ce mercredi, Vladimir Poutine a annoncé que la Russie n'acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'Union européenne, donnant une semaine aux autorités russes pour mettre en place le nouveau système en roubles.

"J'ai pris la décision de mettre en oeuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises", a dit le président russe lors d'une réunion gouvernementale, expliquant qu'il s'agissait d'une réaction au gel des avoirs de la Russie à l'étranger, notamment ceux de la banque centrale de Russie dont les réserves en devises ont fondu à la suite des sanctions occidentales prises en raison de l'invasion russe de l'Ukraine.

La portée de cette décision risque d'être lourde à terme au regard de l'ampleur des flux importés par les entreprises européennes. Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (Crea), le montant des flux entre le Kremlin et l'Europe depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie s'élève à 16,8 milliards d'euros (soit 646 millions par jour). Dans le détail : 10,6 milliards d'euros pour le gaz, 5,77 pour le pétrole (brut et raffiné) et 438 millions d'euros pour le charbon.

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Or, si la pression est énorme pour cesser d'acheter du gaz russe, les entreprises européennes sont dans l'incapacité aujourd'hui de s'affranchir des approvisionnements russes. Ces derniers représentent en effet 40% des importations de l'UE. Pour l'Allemagne, cette part grimpe même à 55%. Moins dépendants, Washington a décidé d'interdire les importations d'hydrocarbures russes et le Royaume-Uni a annoncé l'arrêt de ses importations d'énergie russe d'ici fin 2022.

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"Nous ne sommes pas prêts parce que ce n'est pas possible", a répondu à l'antenne de France Inter Richard Ferrand, le président du comité de campagne d'Emmanuel Macron, ajoutant que "les sanctions servent à infléchir le pouvoir politique russe, elles ne servent pas à punir les Françaises ou les Français ou les autres Européens".

"Chaque fois que l'on peut durcir la position pour infléchir le pouvoir russe, il faut le faire, mais il ne s'agit pas d'assécher soudainement l'Europe, la France, l'industrie, tout ce qui fait que nous vivons", a-t-il argumenté

"Il n'y a pas de réponse de substitution si on décidait ça demain ou après-demain. Que l'on aille de manière progressive vers une diminution de nos approvisionnements au point que cela affaiblisse la Russie, oui, mais il ne serait pas honnête de dire "demain matin on décide cela" », a-t-il conclu.

Mais le 11 mars, à Versailles, à l'issue de deux jours de réunion avec les dirigeants européens, Emmanuel Macron n'avait pas exclu que l'Union européenne puisse s'en prendre ultérieurement aux importations de gaz ou de pétrole. "Rien n'est interdit, rien n'est tabou", avait-il lancé.

Ce mercredi sur RTL, au lendemain de l'annonce de l'arrêt des achats de pétrole et ou produits pétroliers russes de TotalEnergies, le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, a rappelé ne pas pouvoir se passer de gaz russe sans lequel une partie de l'économie européenne "s'arrêterait".

Nouvelles sanctions occidentales

Les propos de Vladimir Poutine interviennent alors que le président américain Joe Biden se rend aujourd'hui à Bruxelles afin de discuter avec les dirigeants européens de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de l'application de nouvelles sanctions contre Moscou, dont certaines pourraient viser des membres du Parlement russe, selon des sources au fait du dossier.

Deux sources ont déclaré que Joe Biden et son équipe préparaient de nouveaux plans visant à imposer des sanctions contre des membres de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. Ces mesures devraient être annoncées jeudi.

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