Guerre en Ukraine : Viktor Orban plaide pour la fin des sanctions contre la Russie « avant la fin de l'année »

Par latribune.fr  |   |  774  mots
Viktor Orban, Premier ministre de Hongrie. (Crédits : BERNADETT SZABO)
Lors d'une réunion interne du parti au pouvoir Fidesz, le Premier ministre de Hongrie a appelé ses troupes « à faire tout leur possible pour s'assurer que l'Europe lève les sanctions au plus tard avant la fin de l'année.» Le chef de l'Etat va même soumettre cette position aux citoyens par le biais d'une « consultation nationale ».

Alors que les tensions atteignent un climax entre le Kremlin et les Occidentaux, à la veille de référendums dans les régions russophones d'Ukraine occupées par la Russie, un pays membre de l'Union européenne continue de faire office de voix dissonante. Une nouvelle fois, la Hongrie fait cavalier seul sous la houlette de son Premier ministre nationaliste Viktor Orban qui veut obtenir la levée des sanctions de l'UE contre la Russie d'ici décembre. Tel un écho avec la Russie, une « consultation nationale » va même être lancée sur le sujet.

Le questionnaire vise à donner aux Hongrois « la chance d'exprimer leur opinion sur le sujet », a expliqué devant la presse Mate Kocsis, chef du groupe parlementaire du parti. « Il n'est pas normal que les sanctions soient uniquement décidées par l'élite de Bruxelles ».

Lors d'une réunion interne du parti au pouvoir Fidesz, Viktor Orban a, lui, appelé ses troupes « à faire tout leur possible pour s'assurer que l'Europe lève les sanctions au plus tard avant la fin de l'année », écrit le journal pro-gouvernement Magyar Nemzet, au moment même où Bruxelles en envisage de nouvelles.

Contacté par l'AFP, le gouvernement a « confirmé » les informations de l'article.

Le Fidesz a confirmé le lancement prochain d'une consultation publique, une méthode utilisée depuis 2015 pour dénoncer par exemple la politique migratoire de l'UE, ou encore le versement d'indemnités légales aux détenus et aux Roms.

La dépendance au gaz russe

M. Orban, soucieux de maintenir des liens de proximité avec le Kremlin, ne cesse de fustiger la stratégie de l'UE, à l'impact dévastateur selon lui sur l'économie.

La Hongrie est touchée par une inflation galopante et craint pour l'approvisionnement énergétique cet hiver sur fond de forte dépendance aux hydrocarbures russes.

Si le Premier ministre ultra-conservateur a voté les sanctions passées aux côtés de ses partenaires européens, il a obtenu une exemption pour le pétrole acheminé par oléoduc et a négocié un accord avec le géant russe Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires. Une conférence de presse entre les responsables des affaires étrangères des deux pays avaient même eu lieu cet été, devant les caméras et en forme de pied de nez à Bruxelles, à Moscou.

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Surtout, ces nouvelles critiques de Budapest interviennent alors que les ministres des Affaires étrangères de l'UE se sont réunis mercredi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, pour examiner des sanctions supplémentaires devant « la dernière escalade » de Moscou.

Présent à New York, le chef de la diplomatie hongroise Peter Szijjarto a estimé qu'un renforcement des sanctions « ne ferait qu'aggraver les difficultés ».

« L'Europe souffre davantage que la Russie des restrictions imposées en réaction à la guerre en Ukraine », avait-il dit plus tôt cette semaine, appelant à « renoncer à un huitième paquet de mesures ».

La Hongrie ne sanctionne presque pas la Russie

En raison de la position hongroise, la fragile unité européenne ne cesse de se fissurer. La Pologne a ainsi assuré dimanche qu'elle s'opposera à « toute démarche » de Bruxelles visant à priver la Hongrie de 7,5 milliards d'euros de financements européens en raison de risques de corruption dans ce pays.

En retour, la Hongrie veut mettre rapidement en place une « autorité indépendante » pour lutter contre la corruption dans l'espoir d'apaiser les craintes de Bruxelles et de débloquer les fonds européens, selon un décret publié en début de semaine.

Dans le même temps, la Hongrie n'est clairement pas alignée sur le même régime de sanctions à l'encontre des oligarques russes. Le pays a seulement gelé « un peu plus de 3.000 euros » d'avoirs russes, a déclaré le commissaire européen à la Justice Didier Reynders, dans une interview à la chaîne de télévision LCI.

Les 14,5 milliards d'euros d'avoirs russes gelés par l'Europe sont « déjà significatifs », mais, sur cette somme, « 90% sont réalisés par six Etats membres », a expliqué le commissaire, reconnaissant qu'il restait « énormément de travail à faire auprès d'autres (Etats) qui n'ont soit rien gelé, soit rien communiqué ».

Parmi les six pays les plus actifs, la France a gelé « un peu plus d'un milliard d'euros » d'avoirs et la Belgique 3,5 milliards. L'Allemagne, le Luxembourg, l'Irlande et l'Autriche figurent aussi parmi les bons élèves, selon Didier Reynders.

(Avec AFP)

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