Sanctions contre la Russie : la Hongrie n'a gelé qu'« un peu plus de 3.000 euros » d'avoirs russes, dénonce Bruxelles

Selon le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, bien que l'Union européenne soit parvenue à geler 14,5 milliards d'avoirs de personnalités russes dans le cadre des sanctions adoptées en réponse à la guerre en Ukraine, la Hongrie ne contribue pas à la même hauteur que les autres Etats à cet effort. Sur cette somme, « 90% sont réalisés par six Etats membres » dont la France, a-t-il expliqué appelant à « faire une pression très forte » sur Budapest dont les relations se sont dégradées ces derniers mois avec l'Union européenne.
Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a maintenu des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine malgré l'invasion de l'Ukraine.
Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a maintenu des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine malgré l'invasion de l'Ukraine. (Crédits : BERNADETT SZABO)

La Hongrie est plus que jamais dans le viseur de Bruxelles. Après avoir pointé du doigt les risques liés à la corruption qui, selon la Commission européenne, persiste dans le pays, un commissaire européen a accusé le pays de ne pas assez participer à la mise en œuvre des sanctions contre la Russie depuis son invasion de l'Ukraine le 24 février dernier.

Invité sur LCI, le commissaire européen à la Justice Didier Reynders a affirmé que si l'Union européenne avait gelé 14,5 milliards d'avoirs de personnalités russes dans le cadre des sanctions adoptées en réponse à la guerre en Ukraine, plusieurs pays, dont la Hongrie, n'ont pas contribué à l'effort. « On doit faire une pression très forte » sur la Hongrie, car « on peut supposer que (s)es liens très proches avec la Russie, l'empêchent peut-être d'agir », a-t-il appelé, précisant qu'elle a gelé « un peu plus de 3.000 euros » d'avoirs russes.

Les 14,5 milliards d'euros d'avoirs russes gelés par l'Europe sont « déjà significatifs », mais, sur cette somme, « 90% sont réalisés par six Etats membres », a ainsi expliqué Didier Reynders, reconnaissant qu'il restait « énormément de travail à faire auprès d'autres (Etats) qui n'ont soit rien gelé, soit rien communiqué ». Parmi les six pays les plus actifs, la France a gelé « un peu plus d'un milliard d'euros » d'avoirs et la Belgique 3,5 milliards. L'Allemagne, le Luxembourg, l'Irlande et l'Autriche figurent aussi parmi les bons élèves, selon lui. « Nous continuons à travailler pour demander que tous les États membres mettent les mêmes outils en place pour atteindre les avoirs, pas seulement les comptes bancaires, les yachts, les résidences, mais tous les avoirs », a souligné le commissaire européen, évoquant la difficulté d'avoir accès aux cryptomonnaies et aux oeuvres d'art numériques.

La Hongrie réticente à appliquer les sanctions contre la Russie

L'Union européenne a adopté six volets de sanctions depuis février 2022, dont le dernier le 3 juin dernier. Ils comprennent différentes mesures ayant pour but de tarir le financement russe du conflit, dont l'exportation de nombreux biens comme de luxe, de certains équipements pour la navigation maritime. Le cinquième paquet, adopté le 8 avril, interdit, lui, d'importer des produits de Russie, en couvrant les importations de charbon, de ciment, de produits en caoutchouc, en bois, de certains alcools et produits de la pêche. Depuis le 3 juin, le sixième paquet interdit 90 % des importations de pétrole en provenance de Russie d'ici fin 2022.

Lire aussi : Russie : malgré les sanctions occidentales, Poutine estime que le plus dur est passé

Mais la Hongrie voit d'un mauvais oeil ces sanctions à l'égard d'un pays avec lequel elle a tissé ces dernières années des liens étroits. Le Premier ministre nationaliste Viktor Orban a, en effet, maintenu cette collaboration avec le président russe Vladimir Poutine malgré l'invasion de l'Ukraine. Budapest a ainsi annoncé fin août un accord avec le géant russe Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires, au moment où les autres pays européens sont confrontés à une forte réduction des quantités fournies. Le gouvernement hongrois coopère également avec le conglomérat russe Rosatom pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires. La Hongrie a aussi obtenu un compromis lors de la signature de l'accord sur l'embargo sur le pétrole russe. Les Vingt-Sept ont, en effet, finalement convenu d'interdire immédiatement plus des deux tiers des importations de pétrole russe et de mettre fin à celles-ci à 90% d'ici la fin de l'année tout en prévoyant des dérogations pour la Hongrie, fermement opposée à cet embargo en raison de son ultra-dépendance aux importations russes, et d'autres pays inquiets de l'impact économique de cette décision.

Les relations entre la Hongrie et l'UE se sont donc dégradées ces derniers mois. La Commission européenne s'inquiète notamment de la corruption qui menace la bonne utilisation des fonds européens dans le pays. Elle a menacé dimanche de priver la Hongrie de 7,5 milliards d'euros de financements si les réformes promises par le gouvernement hongrois n'étaient pas rapidement mises en œuvre. Bruxelles n'a, en outre, toujours pas débloqué le plan de relance post-Covid de la Hongrie (5,8 milliards d'euros de subventions) pour des raisons liées au respect de l'Etat de droit.

Lire aussiCorruption : inquiète de l'utilisation des budgets de l'UE, Bruxelles veut suspendre des financements à la Hongrie

Commentaires 3
à écrit le 21/09/2022 à 0:29
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Combien d'oligarques russes exclus de l'espace Schengen? Les belles leçons morales de l'UERSS...

à écrit le 19/09/2022 à 12:25
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Moi c'est entre autre le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, que je souhaiterais sanctionner. Le dégager direct. Poste inutile dans une fonction inutile d'une organisation inutile.

à écrit le 19/09/2022 à 12:25
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Moi c'est entre autre le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, que je souhaiterais sanctionner. Le dégager direct. Poste inutile dans une fonction inutile d'une organisation inutile.

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