Hillary Clinton, première femme à la Maison Blanche ?

Par latribune.fr  |   |  1054  mots
La démocrate Hillary Clinton devrait franchir dimanche le point de non retour en annonçant sa candidature à la présidentielle de 2016,
Hillary Clinton sur la route de la Maison Blanche. Elle a annoncé dimanche qu'elle briguait, pour la deuxième fois après 2008, l'investiture du Parti démocrate pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2016.

Hillary Clinton sera-t-elle la première femme présidente des Etats-Unis? En tout cas, la démocrate est déterminée à briser le plus haut des plafonds de verre en devenant la première femme à diriger les Etats-Unis. Elle a annoncé dimanche 12 avril qu'elle briguait, pour la deuxième fois après 2008, l'investiture du Parti démocrate pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2016, dans un message vidéo adressé aux Américains. L'épouse de l'ex-président Bill Clinton (1993-2001), apparaît comme le meilleur espoir du Parti démocrate de conserver la Maison blanche après avoir perdu les deux chambres du Congrès lors des élections de mi-mandat

C'est dans une vidéo sur son site hillaryclinton.com puis dans un tweet qu'Hillary Rodham Clinton, 67 ans, sénatrice et secrétaire d'Etat, a officialisé sa seconde candidature aux primaires démocrates, après sa défaite de 2008 contre Barack Obama. "Je suis candidate à la présidence", y déclare-t-elle, debout et souriante dans ce qui ressemble à une rue paisible, dans un clip d'un peu plus de deux minutes où témoignent des Américains de la classe moyenne: une jeune mère de famille, un jeune couple noir, deux frères hispaniques, une étudiante, un couple d'hommes, un ouvrier...

"Les Américains se sont battus pour surmonter les difficultés économiques. Mais ceux qui sont au sommet sont toujours favorisés", poursuit Hillary Clinton. "Les Américains de tous les jours ont besoin d'une championne. Je veux être cette championne". "Je pars sur le terrain pour gagner votre voix", ajoute-t-elle enfin, adoptant un ton d'humilité. Le ton tranche avec son annonce de 2007, quand elle annonçait qu'elle se lançait "pour gagner".

Hillary Clinton passera les six à huit prochaines semaines à "parler aux électeurs", selon un communiqué de sa campagne, et elle organisera son premier meeting avec son premier discours en mai. L'Iowa, l'Etat qui lancera la saison des primaires, pourrait servir de premier test dans les prochains jours.

Clinton ferait "une excellente président", selon Obama

"Notre but : donner à chaque famille, chaque petite entreprise et chaque Américain le moyen d'atteindre une prospérité durable en élisant Hillary Clinton la prochaine présidente des Etats-Unis", écrit le directeur de campagne Robby Mook dans un document interne récupéré par Politico samedi. Coup de pouce opportun, le président Barack Obama a déclaré depuis le Panama qu'elle ferait "une excellente présidente". "Elle a été un soutien formidable lors de l'élection présidentielle. Elle a été une secrétaire d'Etat exceptionnelle. C'est mon amie", a déclaré Barack Obama à l'issue d'un Sommet des Amériques marqué par sa rencontre avec le président cubain Raul Castro.

Cette fois, le chemin de l'investiture est dégagé. Aucun autre démocrate n'est plus connu, ni plus apprécié qu'elle, à en croire les sondages qui placent Hillary Clinton à environ 60% des intentions de vote des primaires, qui débuteront début 2016. La présidentielle sera en novembre de cette même année. Si d'autres démocrates se lançaient, ce serait sans réel autre espoir que de faire bonne impression pour être recruté comme colistier. Aucune personnalité d'envergure, comme le vice-président Joe Biden ou la sénatrice Elizabeth Warren, ne s'est déclarée, et seul deux démocrates peu connus (l'ex-gouverneur Martin O'Malley et l'ex-sénateur Jim Webb) semblent décidés à concurrencer Hillary Clinton.

Or les amis de l'ex-secrétaire d'Etat préparent le terrain depuis deux ans. L'organisation indépendante Ready for Hillary a levé plus de 15 millions de dollars pour soutenir sa candidature et identifié 4 millions de sympathisants.

Une expérience sans commune mesure

Son CV est à la fois sa force et son talon d'Achille. La vie d'Hillary Clinton est indissociable du pouvoir: ancienne Première dame, sénatrice et chef de la diplomatie. Quand ses rivaux républicains ont à peine fait quelques voyages à l'étranger, elle a rencontré des dizaines de présidents, Premiers ministres et rois, et jonglé avec les crises, de la Libye à la Russie. Aucun autre candidat n'a vécu pendant huit ans à la Maison Blanche.

"C'est sans précédent d'avoir une femme, n'ayant pas servi dans l'armée, et ayant plus d'expérience de politique étrangère que tous les candidats à la présidentielle de l'histoire récente à l'exception peut-être de George W. Bush", a expliqué à l'AFP Shawn J. Parry-Giles, professeure de communication à l'Université du Maryland et auteure d'un livre sur l'image d'Hillary Clinton. Mais cette riche expérience s'accompagne d'erreurs, d'affaires et de scandales, dès les premières années des Clinton au pouvoir. Bill Clinton fut élu gouverneur de l'Arkansas en 1978.

Les républicains piochent inlassablement dans la litanie des scandales, de Monica Lewinsky aux attaques de Benghazi à la récente découverte de la messagerie privée d'Hillary Clinton, pour déclarer que les Américains veulent tourner la page et élire un nouveau visage. Le candidat républicain Rand Paul a promis dans une interview sibylline des révélations imminentes sur des conflits d'intérêts supposés à la Fondation Clinton. Il n'hésite pas à parler de la "corruption" des Clinton.

Quel programme?

En politique étrangère, le bilan des années Obama-Clinton est, selon les républicains, un échec, avec l'émergence de l'organisation Etat islamique, les guerres civiles en Syrie et en Ukraine et le chaos yéménite. Tel est le défi d'Hillary Clinton: reprendre le flambeau démocrate sans proposer aux Américains un troisième mandat Obama.

Face à elle, le champ républicain est aussi plein que le champ démocrate est vide. Une douzaine d'hommes, et une femme, devraient se disputer l'investiture. Deux se sont déclarés officiellement, les sénateurs Ted Cruz et Rand Paul. Un troisième devrait le faire lundi à Miami, le sénateur Marco Rubio, d'origine cubaine. Enfin, le candidat officieux à l'investiture républicaine Jeb Bush, en tête des sondages des primaires à ce stade très préliminaire, a estimé dans une vidéo diffusée quelques heures avant celle d'Hillary Clinton, que "nous devons faire mieux que la politique étrangère d'Obama et Clinton, qui a affaibli les relations avec nos alliés et enhardi nos ennemis".

La vidéo dans laquelle Hillary Clinton annonce sa candidature.