Premier président français à Cuba, Hollande va "parler des droits de l'Homme"

Par latribune.fr  |   |  515  mots
Les visées sont aussi économiques lors de ce voyage présidentiel -auquel participent de nombreux grands patrons- dans la perspective d'une levée de l'embargo américain qui pourrait déstabiliser les entreprises européennes installées sur l'île.
Le chef de l'État français doit rencontrer son homologue cubain Raul Castro lundi et pourrait également rendre une courte visite à Fidel Castro. Il compte parler des droits de l'Homme car " la France ne reste pas bouche cousue" face aux manquements à la liberté.

Une visite sans précédent. Premier dirigeant occidental à poser le pied à Cuba, François Hollande a marqué dimanche 10 mai au soir sa volonté d'accompagner l'île communiste sur le chemin de l'ouverture symbolisée par le rapprochement historique avec les États-Unis. Dès son arrivée à l'aéroport de La Havane, le chef de l'État français a délivré un message d'ouverture aux 11 millions de Cubains et à leurs dirigeants issus de la Révolution de 1959 emmenée par Fidel Castro :

"J'arrive ici à Cuba avec beaucoup d'émotion car c'est la première fois qu'un président de la République française vient à Cuba. Il y a des liens historiques, des liens profonds entre le peuple français et le peuple cubain. Il y a un attachement à l'indépendance, à l'aspiration à avoir face aux tribulations du monde, la volonté de peser."

"Et aujourd'hui cela prend une signification particulière après ce qu'a, enfin, décidé le président Obama", a-t-il ajouté

Un rapprochement en deux temps

Annoncé en décembre, le rapprochement historique entre les États-Unis et Cuba a été scellé le mois dernier entre Barack Obama et Raul Castro en marge du sommet des Amériques, au Panama. "Voisine" de Cuba grâce aux Antilles, la France veut, "avec l'Europe, être un accompagnateur de ce processus", a souligné François Hollande.

Washington et La Havane ont enclenché un processus de normalisation en vue du rétablissement de relations diplomatiques rompues depuis plus de 50 ans entre l'île et son grand voisin du Nord, séparés de 150 kilomètres à peine. Saluée comme un "tournant historique" par l'Union européenne, cette avancée était souhaitée par la France, qui vote depuis 1991 aux Nations unies en faveur de la levée de l'embargo.

Le président français devait entamer la journée de lundi par un entretien à la résidence de France avec le cardinal Jaime Ortega, à qui il devait remettre la Légion d'honneur. Figure majeure de son pays, l'archevêque de La Havane a souvent joué un rôle de médiateur entre le régime castriste et les opposants politiques.

"Je parlerai des droits de l'Homme"

À ceux qui lui reprochent de ne pas rencontrer la société civile durant ce voyage, François Hollande a réaffirmé son intention d'évoquer le sujet avec les autorités cubaines. Il doit rencontrer son homologue cubain Raul Castro lundi

"Je parlerai des droits de l'Homme car chaque fois qu'il y a des prisonniers politiques, chaque fois qu'il y a des manquements à la liberté, la France ne reste pas bouche cousue", a-t-il dit à la presse en Guadeloupe, juste avant son départ pour Cuba.

Les visées sont aussi économiques lors de ce voyage présidentiel -auquel participent de nombreux grands patrons- dans la perspective d'une levée de l'embargo américain qui pourrait déstabiliser les entreprises européennes installées sur l'île. La France est aussi l'un des principaux créanciers de Cuba, avec une dette évaluée à quelque cinq milliards de dollars (4,5 milliards d'euros).

(Avec Reuters)