L'attaque israélienne contre l'Iran a été menée par de petits drones, possiblement lancés depuis le territoire iranien

Par latribune.fr  |   |  1189  mots
Israël avait prévenu qu'il riposterait après que l'Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur le territoire israélien au cours du week-end. (Crédits : Amir Cohen)
Israël a lancé une attaque contre l'Iran ont indiqué plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains. L'agence officielle iranienne Irna a annoncé « qu'aucun dégât majeur » n'avait été rapporté après les explosions entendues à l'aube. Selon le New York Times, l'attaque a été menée par de petits drones, possiblement lancés depuis le territoire iranien, tandis que le Washington Post écrit que l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur du pays.

[Article publié le vendredi 19 avril 2024 à 07h08 et mis à jour à 14h00] Alors que le président iranien, Ebrahim Raïssi, a déclaré cette semaine que toute attaque israélienne sur le sol iranien « (ferait) l'objet d'une réponse sévère », plusieurs médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, ont indiqué qu'Israël avait attaqué l'Iran, en représailles aux tirs de drones et de missiles sans précédent contre Israël le weekend dernier. Plusieurs explosions ont en effet eu lieu dans le centre de l'Iran ce vendredi vers trois heures du matin, heure française, mais l'attaque n'a pas pris pour cible d'installations nucléaires, selon l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), basée à Vienne, en Autriche.

Selon le  New York Times, qui cite des responsables iraniens, l'attaque a été menée par de petits drones, possiblement lancés depuis le territoire iranien, et les défenses aériennes « n'ont pas détecté d'objets volants non identifiés franchissant l'espace aérien iranien. » Ce qui rejoint les informations de l'agence iranienne Tasnim ce matin affirmant, sur la base de « sources bien informées », qu'il n'y avait « aucune information faisant état d'une attaque de l'étranger contre la ville d'Ispahan ou toute autre partie du pays ».

Cité par le Washington Post, un responsable israélien a déclaré sous couvert d'anonymat, que la frappe était une riposte à l'attaque du week-end dernier et qu'elle visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur du pays.

Trois explosions

Téhéran a fait état de trois explosions près d'une base militaire à Qahjavarestan, localité située entre Ispahan et son aéroport, dans le centre du pays, selon l'agence officielle Fars. Des drones ont été abattus mais il n'y a pas eu d'attaque par missiles « jusqu'à présent », ont indiqué les autorités iraniennes. Et les installations nucléaires basées dans la région d'Ispahan sont « totalement en sécurité », a précisé l'agence Tasnim.

L'Iran a activé son système de défense aérienne au-dessus de plusieurs villes, ont rapporté les médias d'État iraniens. Les explosions ont coïncidé avec le 85e anniversaire du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Toujours selon les médias américains, Israël a prévenu Washington de son attaque sur l'Iran. Interrogé par l'AFP, un porte-parole de permanence au Pentagone a répondu n'avoir « rien à dire pour le moment ». Néanmoins, quelques heures après les explosions en Iran, l'ambassade américaine en Israël a ordonné à ses employés et à leurs familles de limiter leurs déplacements à l'intérieur du pays.

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« Aucun dégât ou explosion à grande échelle n'a été signalé » (agence iranienne)

L'agence officielle iranienne Irna a annoncé « qu'aucun dégât majeur » n'avait été rapporté. Des drones israéliens auraient été abattus.

Elle a précisé « qu'aucune information faisant état de tirs de systèmes de défense antimissile » n'avait été reçue. Après la fermeture de tous les aéroports, les liaisons aériennes ont repris depuis l'Iran.

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En outre, le secrétariat du Conseil suprême national de sécurité a démenti des informations de presse selon lesquelles cette instance présidée par le président de la République islamique, Ebrahim Raïssi, avait organisé une réunion d'urgence vendredi à la suite de ces explosions, selon l'agence Tasnim.

Des frappes israéliennes ont par ailleurs visé à l'aube une position de l'armée syrienne dans le sud de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)/

« Des frappes israéliennes ont visé une position de radar de l'armée syrienne entre les provinces de Soueida et de Deraa, » a indiqué à l'AFP Rami Abdel Rahman, le directeur de l'OSDH, basé au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Alors que ni l'armée ni le gouvernement n'ont souhaité commenter les explosions rapportées en Iran, Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, faucon du gouvernement de Benjamin Netanyahou, s'est vu accuser de nuire à la stratégie d'Israël face à Téhéran en lui attribuant implicitement la responsabilité des explosions.  Ce partisan de la ligne dure à tenir à l'égard de l'Iran, ce membre du cabinet de sécurité de Benjamin Netanyahu a publié sur son compte X un message aussi lapidaire qu'ironique : « Dardaleh! », adjectif de l'hébreu familier pouvant se traduire par « nul » ou « minable ». Outre qu'il en critique la modération, ce dirigeant d'extrême droite semble ainsi accréditer l'hypothèse d'une frappe israélienne. L'agence de presse iranienne Tasnim a republié vendredi le post de Itamar Ben Gvir sur son compte X.

Les États-Unis « n'ont pas été impliqués dans une opération offensive », a de son côté déclaré vendredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

La crainte d'une escalade

La crainte d'une escalade est palpable. La position de la France, c'est la désescalade et la retenue au Proche Orient, a rappelé vendredi le ministre français délégué à l'Europe, Jean-Noël Barrot sur Sud Radio :

« La position de la France, c'est d'appeler tous les partenaires de la région à la désescalade et à la retenue », a-t-il déclaré sur la radio française.

« Il est sans doute un peu tôt pour que je puisse vous faire des commentaires sur ce qui s'est passé cette nuit », a-t-il ajouté, précisant que le président de la République Emmanuel Macron s'exprimerait « en temps utile »

Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, ... Les appels internationaux à la retenue se sont multipliés ce vendredi. Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani, qui préside à Capri une réunion de ses homologues du G7, a également appelé à une « désescalade ». L'ordre du jour des travaux du G7 ce vendredi matin a donc été modifié pour inclure les explosions en Iran, a précisé le ministre italien des Affaires étrangères.

La Turquie a mis en garde contre le risque d'un « conflit permanent ». « Il devient de plus en plus évident que les tensions initialement provoquées par l'attaque illégale d'Israël contre l'ambassade iranienne à Damas risquent de se transformer en un conflit permanent », a dénoncé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Outre les Etats-Unis, l'Australie a également exhorté vendredi ses ressortissants à quitter Israël et les territoires palestiniens craignant une régionalisation du conflit Israël-Hamas. La Chine a appelé vendredi ses ressortissants en Iran à la prudence. Oman a annoncé condamner « l'attaque israélienne ».

« Des contacts ont eu lieu entre les dirigeants de la Russie et de l'Iran, et entre nos représentants et les Israéliens. Nous avons été très clairs lors de ces échanges, nous avons dit aux Israéliens que l'Iran ne veut pas d'escalade », a déclaré de son côté le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans un entretien à des médias russes.