L’attaque de l’Iran contre Israël a échoué, 99% des drones et missiles iraniens interceptés

Par latribune.fr  |   |  1828  mots
Ebrahim Raïssi, le président iranien (Crédits : SPUTNIK)
DIRECT- Israël et des pays alliés ont « déjoué » l'attaque iranienne contre son territoire en interceptant « 99% des tirs », a déclaré dimanche le porte-parole de l'armée israélienne. Le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu dimanche que la réaction de son pays serait « plus forte » en cas de « comportement imprudent » d'Israël, après l'attaque iranienne inédite menée dans la nuit. Emmanuel Macron a appelé à la retenue.

Article publié le 14 avril, dernière mise à jour à 19h18

Alors qu'elle fait craindre un embrasement au Proche-Orient dans un contexte déjà explosif sur fond de guerre à Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, l'attaque iranienne contre Israël a été repoussée par les forces israéliennes et les Etats-Unis. En réponse à une frappe contre son consulat à Damas le 1er avril, l'Iran a lancé plus de 300 drones et missiles contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche. L'attaque a été « déjouée », a affirmé dimanche matin l'armée israélienne, en précisant que « 99 % des tirs iraniens avaient été interceptés ».

Lire aussiIsraël détaille l'attaque iranienne : 170 drones, 110 missiles balistiques, 30 missiles de croisière

Alors que l'Iran a demandé à Washington de « rester à l'écart » du conflit, les forces américaines présentes dans la région ont aidé Israël à abattre « presque tous » les drones et les missiles iraniens, a indiqué Joe Biden, ajoutant qu'il avait réaffirmé son soutien « inébranlable » au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. La Jordanie a dit avoir intercepté des « engins volants » durant l'attaque iranienne. Selon Israël, la France faisait partie des pays impliqués dans la défense du pays.

« La France dispose d'une très bonne technologie, d'avions, de radars - et je sais qu'ils ont contribué à patrouiller l'espace aérien », a déclaré le porte-parole militaire en chef d'Israël, sans donner de détails précis quant à l'éventuelle participation d'avions français pour abattre des missiles lancés par l'Iran.

En réponse, une source militaire française a nuancé cette position. « Nous avons contribué à la surveillance et la protection des empreintes (bases, NDLR) sur lesquelles nous sommes déployés avec des moyens de défense », a-t-elle déclaré à l'AFP. Une prudence qui s'explique par le courroux de Téhéran.

Lire aussiAgacé par la position de la France, le gouvernement iranien convoque l'ambassadeur français à Téhéran

L'espace aérien israélien, fermé dans la nuit de samedi à dimanche juste avant l'attaque, est rouvert depuis 7h30 du matin (04h30 GMT), selon un communiqué de l'autorité aéroportuaire, et l'aéroport Ben Gourion est de nouveau opérationnel. Malgré cette réouverture, Lufthansa a annoncé suspendre ses vols, au moins jusqu'à mardi, à destination et en provenance de Tel Aviv et de plusieurs villes au Moyen-Orient.

Attaques simultanées du Hezbollah et des Houthis

Il s'agit de la première attaque directe jamais menée par la République islamique contre le territoire israélien. Dans le même temps, les alliés de l'Iran, le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis ont également attaqué Israël, le premier en tirant deux salves de roquettes en quelques heures sur le Golan occupé par l'Etat hébreu, et les seconds en lançant des drones en direction du territoire israélien.

Selon le contre-amiral Daniel Hagari, aucun drone ni missile « n'a pénétré le territoire d'Israël » tandis que seuls quelques missiles balistiques « sont entrés et ont touché légèrement la base de Nevatim », a-t-il poursuivi. Alors que l'agence officielle iranienne Irna, a fait état de « sérieux dégâts dans la plus importante base aérienne du Néguev (sud) », Daniel Hagari a assuré que « la base est toujours en activité et les pistes sont utilisées pour des atterrissages et des décollages. »

Le président iranien menace Israël d'une réaction « plus forte »

Du côté iranien, on estime néanmoins que l'attaque est un succès. « L'opération Promesse honnête a été menée avec succès entre hier soir et ce matin, et a atteint tous ses objectifs », a déclaré dans la matinée le chef des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, en précisant qu'aucun centre urbain ou économique n'avait été visé par les drones et missiles iraniens.

Alors que ni le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, ni le président Ebrahim Raïssi ne s'était exprimé à la mi-journée pour faire le bilan de cette première attaque ayant visé directement Israël depuis la révolution islamique de 1979 en Iran, le président iranien a prévenu dimanche que la réaction de son pays serait « plus forte » en cas de « comportement imprudent » d'Israël.

Lire aussiLa riposte d'Israël est-elle évitable ? L'Etat hébreu ne « cherche pas » une escalade avec l'Iran, selon Washington

« La punition de l'agresseur s'est réalisée », s'est félicité Ebrahim Raïssi dans un communiqué, en ajoutant que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d'un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte ». L'Iran appelle Israël à ne pas réagir militairement à son attaque inédite lancée dans la nuit, qu'il a présentée comme une riposte justifiée à la frappe ayant détruit son consulat à Damas. Pour l'Iran, cette opération a été « menée sur la base de l'article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense ».

 « L'affaire peut être considérée comme close », a annoncé la mission iranienne à l'ONU dans un message posté trois heures après le début de son opération. Mais, a-t-elle aussitôt prévenu, « si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l'Iran serait considérablement plus sévère ».

« Nous ne voulons pas d'une guerre étendue avec l'Iran »

L'Iran a affirmé dimanche avoir fait part aux Etats-Unis, en amont de l'attaque, de son intention de mener une opération « limitée » contre Israël pour riposter à la frappe meurtrière lancée début avril contre le consulat iranien en Syrie et imputée à Israël. « Nous avons annoncé à la Maison Blanche dans un message que notre opération serait limitée, minime et viserait à punir le régime israélien », a déclaré pour sa part le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian. Le ministre iranien s'exprimait lors d'un briefing avec des diplomates étrangers en poste à Téhéran. Hossein Amir-Abdollahian a précisé aux ambassadeurs que Téhéran avait mis au courant les pays voisins de son projet d'attaque « 72 heures avant l'opération ».

Outre-Atlantique, le porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche a souligne que les Etats-Unis ne souhaitent pas d'une « escalade » et d'une « guerre étendue avec l'Iran ». « Le président a été clair : nous ne voulons pas d'escalade. Nous ne voulons pas d'une guerre étendue avec l'Iran. Je pense que les heures et les jours à venir nous en diront beaucoup », a déclaré John Kirby sur la chaîne de télévision américaine NBC.

Reste à savoir comment va répondre Israël. Dimanche, en milieu de matinée, le Hezbollah a affirmé qu'un raid israélien a visé une de ses positions dans l'est du Liban.

Réunions à l'ONU, à l'UE et au G7

Sur le plan international, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité est prévue ce dimanche, après que le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné « une grave escalade ». Dimanche également, les dirigeants du G7 ont exprimé leur « plein soutien à Israël et à son peuple » et affirmé leur « engagement en faveur de sa sécurité ». Réunis par vidéoconférence, les dirigeants des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon )se sont également engagés à renforcer leur « coopération » en vue de « fournir plus d'aide humanitaire aux Palestiniens à Gaza ».

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont l'armée est engagée dans une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, s'est entretenu au téléphone avec le président américain à l'issue d'une réunion du cabinet de guerre israélien, a indiqué le bureau du Premier ministre.

La Chine a fait part dimanche de sa « profonde préoccupation » concernant l'aggravation actuelle (de la situation) et « appelle les parties concernées à faire preuve de calme et de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade » des tensions, a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué. La Turquie a également appelé dimanche Téhéran à éviter une « nouvelle escalade », a indiqué une source diplomatique turque.

En France, dans un message publié sur X, Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté » l'attaque lancée par l'Iran contre Israël et « appelle à la retenue ».

« Je condamne avec la plus grande fermeté l'attaque sans précédent lancée par l'Iran contre Israël, qui menace de déstabiliser la région. J'exprime ma solidarité avec le peuple israélien et l'attachement de la France à la sécurité d'Israël, de nos partenaires et à la stabilité régionale. La France travaille à la désescalade avec ses partenaires et appelle à la retenue, »a écrit le président de la République.

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a convoqué pour sa part une réunion d'urgence des ministres des Affaires étrangères de l'UE mardi par visioconférence, à la suite de l'attaque menée par l'Iran contre Israël, a-t-il annoncé dimanche. « Notre objectif est de contribuer à la désescalade et à la sécurité de la région », a-t-il indiqué sur le réseau social X.

Parmi les soutiens à Téhéran, la Syrie a estimé dimanche que l'Iran avait exercé son « droit à l'autodéfense » en menant des frappes inédites sur Israël dans la nuit en riposte à un raid sur son consulat à Damas. « La réponse iranienne (...) est un droit légitime à l'autodéfense », a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Mekdad, cité par l'agence officielle Sana, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian.

Gaza : le Mossad affirme que le Hamas a rejeté le projet de trêve

Le Mossad, les services de renseignement israéliens, a affirmé dimanche que le Hamas palestinien avait rejeté le dernier projet de trêve mis sur la table une semaine auparavant au Caire par les médiateurs.

Le rejet de la proposition soumise par les trois pays médiateurs de la négociation - Etats-Unis, Egypte et Qatar - montre que le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya « Sinouar ne veut pas d'accord humanitaire, ni le retour des otages », indique le Mossad, dans un communiqué diffusé par le bureau du Premier ministre.

Sinouar « continue d'exploiter les tensions avec l'Iran » dans le dessein d' « obtenir une escalade dans la région », ajoute le communiqué publié quelques heures après une attaque massive et sans précédent de Téhéra. Israël « continuera d'oeuvrer pour réaliser les objectifs de la guerre contre le Hamas de toutes ses forces, et retournera chaque pierre pour faire revenir les otages de Gaza », ajoute le Mossad.