L’Ukraine dénonce un « massacre délibéré » à Boutcha

Par latribune.fr  |   |  640  mots
Une femme seule dans les rues de Boutcha, ce vendredi 1er avril. (Crédits : Reuters)
Après la découverte de nombreux cadavres à Boutcha, au nord-ouest de Kiev, le gouvernement ukrainien exige de « nouvelles sanctions dévastatrices » contre la Russie. La France, elle, a condamné les « exactions massives » de l'armée russe.

Article publié à 13h15, et mis à jour à 14h43, puis à 17h55.

L'Ukraine hausse le ton. Au lendemain de la découverte de nombreux cadavres dans la ville de Boutcha, située au nord-ouest de Kiev, Dmytro Kouleba, le ministre des Affaires étrangères, charge l'armée russe. « Le massacre de Boutcha était délibéré, a-t-il lancé sur Twitter. Les Russes veulent éliminer autant d'Ukrainiens qu'ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. » Quelques heures plus tard, le président ukrainien Volodimir Zelensky a accusé, sur la chaîne américaine CBS, l'armée russe d'avoir commis un « génocide » dans les villes qu'elle a occupées près de Kiev. 

A Boutcha, tout juste reprise par les forces ukrainiennes, l'AFP a vu samedi les corps sans vie d'au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha. L'un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres. « On ne pouvait dans l'immédiat déterminer la cause de leur mort, mais une personne présentait une large blessure à la tête », précise l'agence. « Tous ces gens ont été fusillés »« ils (les Russes) les tuaient d'une balle dans la nuque », a affirmé à l'AFP le maire de Boutcha, Anatoly Fedorouk. « A Boutcha, nous avons déjà enterré 280 personnes dans des fosses communes » car il était impossible de le faire dans les trois cimetières de la municipalité, tous à portée de tir des militaires russes, a-t-il ajouté.

« Plus de sanctions et d'aides de l'UE sont en chemin »

Le gouvernement ukrainien appelle, en conséquence, à un durcissement des sanctions à l'égard de Moscou. « J'exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT », a écrit Dmytro Kouleba. L'Europe n'a pas tardé à lui répondre. Ce dimanche, Charles Michel, le président du Conseil européen, s'est dit « choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l'armée russe dans la région libérée de Kiev » sur Twitter. Il a rappelé que « l'UE aide l'Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales ».

Surtout, il a affirmé que « plus de sanctions et d'aides de l'UE sont en chemin ». A ce jour, Bruxelles a déjà adopté plusieurs trains de sanctions contre Moscou depuis l'offensive en Ukraine, ciblant massivement des entreprises, des banques, des hauts responsables, des oligarques, et interdisant l'exportation de biens vers la Russie.

La France condamne ces « exactions massives »

Ce dimanche, la France a condamné les « exactions massives » commises par l'armée russe dans les villes d'Ukraine qu'elle occupait ces dernières semaines, en particulier à Boutcha. « Je condamne avec la plus grande fermeté de tels actes constitutifs, s'ils sont confirmés, de crimes de guerre », a indiqué Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, dans un communiqué. Le chef de la diplomatie française précise que Paris va travailler avec l'Ukraine et la Cour pénale internationale (CPI) pour que ces actes « ne restent pas impunis et que leurs responsables soient jugés et condamnés ».

Même son de cloche au Royaume-Uni. Londres a dénoncé les « actes révoltants » commis par l'armée russe contre des civils en Ukraine, et notamment à Boutcha. Liz Truss, la ministre britannique des Affaires étrangères a réclamé « une enquête pour crimes de guerre »« Nous ne permettrons pas à la Russie de dissimuler son implication dans ces atrocités au moyen d'une désinformation cynique », a-t-elle affirmé dans un communiqué. De son côté, le ministère russe de la Défense a nié dimanche tout massacre à Boutcha, d'après l'agence russe Interfax. Selon elle, Moscou accuse les autorités ukrainiennes de se livrer à une « provocation » en diffusant des images de corps de civils.

(avec AFP et Reuters)