La Grèce et l'Egypte dénoncent l’accord de prospection d'hydrocarbures entre la Libye et Turquie

Par latribune.fr  |   |  473  mots
Pour la Libye et son chef de gouvernement, "ll est de notre droit de signer n'importe quel accord de coopération avec d'autres pays." (Crédits : Costas Baltas)
Les ministres des Affaires étrangères égyptien et grec ont jugé dimanche « illégal » le mémorandum de prospection d'hydrocarbures en eaux libyennes, signé la semaine dernière entre le gouvernement libyen basé à Tripoli et la Turquie, trois ans après un accord de délimitation maritime controversé.

La Grèce et l'Egypte refusent à la Turquie le droit de prospecter des hydrocarbures dans les eaux libyennes sur fond de désaccord sur les délimitations maritimes. « Cet accord menace la stabilité et la sécurité en Méditerranée, a estimé au Caire le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias. Tripoli n'a pas la souveraineté nécessaire sur cette zone pour sceller un tel accord qui est donc illégal et non recevable ». Il insiste : « Nous utiliserons tous les moyens légaux pour défendre nos droits ».

Son homologue égyptien, Sameh Choukri,  ne dit pas autre chose : avec un mandat « expiré », « le gouvernement de Tripoli n'a pas la légitimité à signer des accords. » Depuis mars, deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir en Libye, dans le chaos depuis le soulèvement qui avait entraîné la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

Le chef du gouvernement libyen basé à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, a défendu la semaine dernière cet accord : « Le mémorandum turco-libyen est fondé sur des accords bilatéraux conclus avant 2011. Il est de notre droit de signer n'importe quel accord de coopération avec d'autres pays ».

Le mémorandum d'entente signé lundi dernier à Tripoli par une délégation turque de haut niveau intervient après la signature d'un accord de délimitation maritime en 2019 grâce auquel Ankara fait valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale. La Grèce et l'Egypte mais aussi Chypre estiment que cet accord viole leurs droits économiques dans un secteur où de vastes gisements gaziers ont été découverts ces dernières années.

Une délimitation maritime dénoncée par l'Europe

L'Union européenne dénonce depuis 2019 la nouvelle délimitation maritime et Paris a jugé le mémorandum entre Tripoli et Ankara « pas conforme au droit international ». En contrepartie de l'accord de 2019, la Turquie avait aidé le gouvernement à Tripoli à repousser en juin 2020 une offensive de son rival, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est libyen, pour prendre la capitale. Ankara avait envoyé conseillers militaires et drones, infligeant une série de défaites aux forces du maréchal soutenues par la Russie et par des rivaux régionaux d'Ankara, notamment les Emirats arabes unis et l'Egypte.

Vendredi dernier, la France a indiqué avoir « pris note » de l'accord de prospection d'hydrocarbures dans les eaux libyennes signé avec la Turquie, le jugeant « pas conforme au droit international de la mer ». La position de Paris sur ce « mémorandum d'entente (...) reste inchangée », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. « Celui-ci porte atteinte aux droits souverains d'États membres de l'Union européenne, n'est pas conforme au droit international de la mer et ne peut avoir de conséquences juridiques pour les États tiers ».

(avec AFP)