La pandémie pourrait entrainer des migrations « massives », selon La Croix-Rouge

Par Nina Larson (AFP)  |   |  679  mots
(Crédits : Reuters/Eric Gaillard)
À la crise économique mondiale liée au Covid-19 pourrait s'ajouter des vagues de migration s'inquiète Jagan Chapagain, le chef de la Croix-Rouge. Des déplacements de populations pauvres, fragilisées par cette période de confinement et de frontières fermées, qui fuiraient leur pays faute de nourriture ou d'un vaccin disponible.

La crise liée au Covid-19 devrait avoir de lourdes conséquences sur le bilan économique mondial. Et avec elles, de nouvelles vagues de migrations une fois les frontières rouvertes. C'est en tout cas l'avis du secrétaire général de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), Jagan Chapagain, qui alerte sur cette hypothèse dans un entretien à l'AFP. « Nous observons de plus en plus, dans de nombreux pays, les effets secondaires de la pandémie sur les moyens de subsistance et la situation alimentaire ». Les mesures de confinement et les fermetures de frontières mises en place pour stopper le virus ont détruit les moyens d'approvisionnement des populations dans de nombreux pays et pourraient entraîner des millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté.

« Nous entendons certaines personnes dire qu'elles doivent choisir entre le virus et la faim », s'est inquiété Jagan Chapagain. « De nombreuses personnes qui perdent leurs moyens de subsistance peuvent se sentir obligées de se déplacer une fois que les frontières commenceront à s'ouvrir. Il ne faut donc pas être surpris de voir une augmentation massive de la migration dans les mois et les années à venir ».

Réclamant un soutien international urgent pour « soulager ce désespoir », il a souligné qu'au-delà de l'impératif moral, les arguments économiques entraient aussi en ligne de compte. « Le coût de la prise en charge des migrants pendant le transit et lorsqu'ils atteignent le pays de destination est bien plus élevé que de soutenir les gens dans leurs moyens de subsistance, leur éducation et leurs besoins en matière de santé dans leur propre pays », a pointé Jagan Chapagain.

Lire aussi : Covid-19 : 500 millions de personnes menacées de pauvreté dans le monde

Migrer pour le vaccin

Jagan Chapagain, à la tête de la FICR depuis février, craint également que les inégalités en matière de santé face à la pandémie poussent davantage de personnes à migrer. « Les gens pourraient sentir qu'ils ont de meilleures chances de survie de l'autre côté de la mer », a-t-il fait valoir, en ajoutant qu'un autre facteur important de ces déplacements serait « la disponibilité des vaccins ».

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) œuvre pour un « accès universel, rapide et équitable » des futurs vaccins. Mais certains pays se sont lancés dans une course aux vaccins, à l'image des États-Unis qui ont précommandé des millions de doses. « Si les gens voient que le vaccin est par exemple disponible en Europe mais pas en Afrique, que va-t-il se passer? Ils voudront aller dans un endroit où les vaccins sont disponibles », a expliqué le Népalais.

La recherche avance, avec près de 200 candidats vaccins en développement, dont une vingtaine en phase clinique, à savoir testés chez l'être humain. Mais même si certains espèrent qu'un vaccin sûr et efficace puisse être encore trouvé cette année, il faudra bien plus de temps pour en produire suffisamment pour tout le monde.

Lire aussi : Vaccins : Sanofi vise une disponibilité au premier semestre 2021

Jagan Chapagain a récemment condamné les efforts déployés par certains pays pour s'assurer que leur population soit la première vaccinée. Soulignant que « le virus traverse les frontières », il a affirmé que vacciner uniquement la population d'un pays sans vacciner celle des autres au même moment « n'a tout simplement aucun sens ».

Le point sur la pandémie dans le monde

La pandémie de Covid-19 a fait au moins 633.711 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi 24 juillet (mi-journée).

Plus de 15,5 millions de cas d'infection ont été officiellement diagnostiqués dans 196 pays et territoires. Les États-Unis sont le pays le plus touché avec 144.305 décès, selon le comptage de l'université Johns Hopkins. Viennent ensuite le Brésil avec 84.082 morts, le Royaume-Uni (45.554 morts), le Mexique (41.908) et l'Italie (35.092).