La Serbie prolonge avec satisfaction sa dépendance au gaz russe

Par latribune.fr (avec AFP et Reuters)  |   |  536  mots
Emmenée par son président Aleksandar Vucic, la Serbie prolonge son approvisionnement en gaz russe pour trois ans. (Crédits : ZORANA JEVTIC)
Aleksandar Vucic n'a visiblement pas eu de cas de conscience au moment de signer une extension de contrat de trois ans pour poursuivre les importations de gaz russe. Le président serbe s'est fait fort d'avoir obtenu auprès de Vladimir Poutine le "meilleur deal en Europe", alors que son pays bénéficiait déjà d'un prix d'ami depuis dix ans.

Trois ans de plus. Alors que la plupart des pays européens tentent de s'affranchir de leur dépendance aux importations de gaz et de pétrole russes, la Serbie exclut complètement cette possibilité. Bien au contraire, le président serbe Aleksandar Vucic a annoncé ce dimanche avoir signé avec Moscou une extension de trois ans de son contrat d'approvisionnement en gaz russe. Celui-ci garantit à Belgrade un accès à bas prix à la précieuse ressource, dont les prix se sont envolés en Europe au début de la guerre en Ukraine avant de revenir à des niveaux plus raisonnables.

Pour conclure ce qu'il a qualifié "de loin le meilleur deal en Europe", Aleksandar Vucic s'est directement entretenu avec le président russe Vladimir Poutine. Il doit désormais rencontrer les dirigeants de Gazprom, le géant du gaz russe à capitaux publics, pour fixer les détails de ce nouveau contrat, notamment en termes de prix et de volumes de gaz fournis. Ils seront communiqués "dans les jours qui viennent", a précisé le président serbe lors d'une conférence de presse télévisée. Il a tout de même déclaré avoir convenu avec Vladimir Poutine que le prix du gaz serait lié au prix du pétrole, sans donner plus de détails.

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Un prix d'ami

L'actuel contrat d'approvisionnement, signé pour 10 ans avec Gazprom, expire le 31 mai. Grace à lui, la Serbie reçoit 6 millions de mètre cube par jour à un tarif de 251 euros le millier de mètre cube. La facture "est presque trois fois moins élevée que partout en Europe et cet hiver ce sera 10 à 12 fois moindre", selon Aleksandar Vucic, qui affirme ainsi avoir sécurisé les approvisionnements de son pays pour cet hiver.

Le président serbe a également indiqué avoir discuté avec Vladimir Poutine d'une extension des capacités de stockage dans son pays. Il a aussi déclaré : "Poutine m'a dit de l'appeler si je sens qu'il y a quelque chose de plus à discuter."

Forte de ce prix d'ami, la Serbie, pourtant candidate pour intégrer l'Union européenne, n'entend pas réduire sa dépendance quasi totale au gaz russe. Depuis 2008, le pays des Balkans a placé ses secteurs gazier et pétrolier entre les mains d'entreprises russes. Gazprom et sa filiale pétrolière Gazprom Neft détiennent ensemble une participation majoritaire dans la compagnie pétrolière nationale serbe, la seule du pays, tandis que Gazprom est l'actionnaire majoritaire de son unique installation de stockage de gaz.

Belgrade est ainsi restée proche du Kremlin depuis l'invasion de l'Ukraine. Si elle a condamné l'agression russe à l'ONU, elle s'est refusée à s'aligner sur les sanctions européennes contre Moscou en dépit de pressions de la part des pays occidentaux. La Serbie apparaît ainsi comme le principal allié de la Russie en Europe, si ce n'est la Biélorussie.

Du côté de l'Union européenne, les 27 peinent toujours à s'accorder sur un embargo à l'encontre du gaz et du pétrole russes, notamment bloqués par les réticences de la Hongrie de Viktor Orbán.