VIDEO La Turquie a abattu un avion militaire russe, l'Otan se réunit en urgence

Par latribune.fr  |   |  1001  mots
La Russie récuse les accusations d'Ankara sur la violation de son espace aérien.
La Russie proteste contre l'opération militaire turque qui a conduit à la destruction d'un chasseur en plein vol. Moscou se dit en mesure de prouver que cet avion survolait l'espace aérien syrien. De son côté, Ankara estime que l'avion a ignoré les sommations. Une réunion extraordinaire de l'Otan sa eu lieu l'après-midi. L'organisation a assuré que l'appareil était dans l'espace aérien turc tout en appelant à la désescalade.

Publié le 24/11/2015 à 11:58. Mis à jour le 24/11/2015 à 19:46.

Deux chasseurs F-16 turcs ont abattu mardi 24 novembre près de la frontière avec la Syrie un avion de combat de fabrication russe qui avait violé l'espace aérien turc, rapportent les autorités turques.

Le ministère russe de la Défense conteste cette version, assurant être en mesure de prouver que le chasseur, un SU-24, est resté en permanence dans l'espace aérien de la Syrie.

"Aujourd'hui, en territoire syrien, apparemment en conséquence de tirs provenant du sol, un SU-24 du groupe d'aviation russe en République arabe de Syrie s'est écrasé", a dit le ministère russe dans un communiqué posté sur son site.

"L'avion volait à une altitude de 6.000 mètres. Le sort des pilotes n'est pas encore déterminé avec certitude. Selon les premières informations, ils ont été en mesure de s'éjecter."

"Pendant toute la durée du vol, l'avion est resté exclusivement au-dessus du territoire syrien. Cela a été enregistré grâce à des méthodes fiables de contrôle", poursuit le communiqué russe.

L'un des pilotes est aux mains de combattants rebelles turkmènes du nord de la Syrie, rapporte la chaîne CNN Turk, citant des sources locales.

Des hélicoptères de l'armée russe sont à la recherche des pilotes, rapporte l'agence de presse turque Dogan.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a été informé de l'incident par le chef d'état-major de l'armée et le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a ordonné des consultations avec l'Otan, à laquelle appartient la Turquie, ainsi qu'avec les Nations unies et les pays concernés, indiquent leurs services.

Tensions entre Ankara et Moscou

L'armée turque dit avoir lancé dix avertissements en l'espace de cinq minutes pour violation de l'espace aérien. L'avion s'est écrasé dans une zone montagneuse du nord de la province de Lattaquié, où les forces gouvernementales syriennes combattent la rébellion et où des bombardements ont déjà eu lieu.

L'aviation russe tout comme l'aviation syrienne ont déjà mené des frappes dans ce secteur. Moscou a lancé fin septembre une campagne de frappes aériennes en soutien du régime syrien.

La chaîne privée Haberturk TV a diffusé des images de l'appareil en flammes tombant dans une zone boisée. Selon elle, l'avion s'est écrasé dans la région connue sous le nom de mont Turkmène, dans le nord de la Syrie.

Poutine évoque de graves conséquences

Cité par l'agence de presse RIA, à Sotchi où il devait recevoir le roi Abdallah de Jordanie, Vladimir Poutine a estimé que cet incident constituait un "coup de poignard dans le dos" de la Russie.

Il a déclaré en outre que d'importantes quantités de pétrole puisées en Syrie par les insurgés étaient écoulées via la Turquie.

L'attaché militaire de l'ambassade de Turquie à Moscou a été convoqué au ministère russe de la Défense, mardi, rapporte de son côté l'agence de presse Tass.

Le ministre russe des Affaires étrangères annule sa visite en Turquie

Autre conséquence, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annulé sa visite prévue mercredi 25 novembre en Turquie.

S'adressant à la presse à Sotchi, au bord de la mer Noire, le chef de la diplomatie russe a recommandé aux Russes d'éviter de se rendre en Turquie, jugeant la menace d'attentats aussi élevée dans ce pays qu'en Egypte, où un avion de ligne russe a été détruit en octobre dans un attentat à la bombe au-dessus de la péninsule du Sinaï.

Des relations déjà tendues...

La semaine dernière, l'ambassadeur russe à Ankara avait été convoqué par les autorités turques pour recevoir une protestation officielle concernant les "intenses" bombardements de villages turkmènes du nord de la Syrie par l'aviation de son pays.

Ces raids menés dans des zones peuplées de civils pourraient avoir de "graves conséquences", a dit à cette occasion le ministère turc des Affaires étrangères.

La Turquie se veut solidaire des populations turkmènes du nord de la Syrie, qui sont d'ascendance turque.

Selon un responsable turc interrogé lundi, environ 1.700 personnes ont fui en trois jours les régions montagneuses du nord de la Syrie frontalières avec la Turquie après des bombardements.

L'Otan appelle au calme et la désescalade

La Turquie a informé les ambassadeurs des pays membres de l'Otan, ce mardi après-midi à Bruxelles, des détails de l'incident aérien survenu à la frontière syrienne, au cours duquel l'armée de l'air turque a abattu un chasseur-bombardier russe Soukhoï Su-24.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a exprimé mardi soir la solidarité des Alliés envers la Turquie, membre de l'Alliance atlantique, et a indiqué que les éléments recueillis à ce stade attestaient que l'avion russe abattu par des chasseurs F-16 de l'armée turque avait bien pénétré dans l'espace aérien de la Turquie.

Mais, appelant au calme et à la désescalade, il a ajouté que des contacts avaient eu lieu entre Moscou et Ankara et a prôné de nouveaux échanges entre les deux pays pour trouver les moyens d'éviter que des incidents similaires se produisent à l'avenir.

"Cela souligne l'importance de disposer de procédures à même d'éviter de tels incidents à l'avenir et de les respecter", a-t-il dit dans une déclaration à l'issue d'une réunion extraordinaire des ambassadeurs du Conseil de l'Atlantique-Nord organisée à la hâte après la destruction du Soukhoï russe.

(Avec Reuters)