Le manque de main d'œuvre disponible freine la reprise américaine

Par latribune.fr  |   |  569  mots
(Crédits : Callaghan O'Hare)
Les chauffeurs, commerciaux et ouvriers sont une denrée particulièrement rare. Dans ce contexte, un grand nombre d'entreprises augmentent les salaires et les primes financières afin de recruter.

À l'heure où plus de la moitié des Américains sont vaccinés contre le Coronavirus, l'activité économique reprend à plein régime outre-Atlantique. Mais les entreprises peinent à recruter suffisamment pour satisfaire la demande, d'après un rapport de la Banque centrale américaine (Fed).

Lire aussi 9 mnL'économie américaine repart sur les chapeaux de roues

"Il est difficile pour de nombreuses entreprises d'embaucher de nouveaux travailleurs, en particulier des travailleurs à bas salaires horaires, des chauffeurs (...) et des commerciaux qualifiés. Le manque de candidats à l'emploi a empêché certaines entreprises d'augmenter leur production", les contraignant même parfois "à réduire leurs heures d'ouverture", souligne la Fed dans son Livre beige, une étude réalisée auprès des entreprises.

Par conséquent, "un nombre croissant d'entreprises" offrent des primes financières et des salaires plus élevés pour attirer les candidats. "La croissance des salaires a été modeste", détaille la Fed, mais les entreprises anticipent des difficultés persistantes dans les mois à venir.

Wall Street temporise

La Bourse de New York, dont les indices ont oscillé entre territoires négatif et positif mercredi, a clôturé en modeste hausse, dans l'attente d'indicateurs importants en fin de semaine. Doivent être annoncés le nombre d'emplois créés en mai, ainsi que le taux de chômage. Les analystes s'attendent à un recul du taux de chômage à 5,9% avec une accélération des créations d'emplois à 720.000, selon l'estimation médiane de Briefing.com.

Mais la forte déception du mois d'avril est encore dans toutes les têtes: 266.000 emplois seulement avaient été créés, contre un million attendu. Voilà qui explique sans doute la frilosité de Wall Street. Selon des résultats définitifs, l'indice Dow Jones a grappillé 0,07% à 34.600,38 points. Le Nasdaq, à forte concentration technologique, a avancé de 0,14% à 13.756,33 points. L'indice élargi S&P 500 a pris 0,14% à 4.208,12 points.

Un secteur manufacturier en plein essor

La reprise est particulièrement accentuée dans les secteurs qui bénéficient de la réouverture. L'emploi s'est ainsi notamment amélioré dans la restauration, l'hôtellerie et la vente au détail, indique la Fed dans son enquête, réalisée entre la mi-avril et le 25 mai. Signe d'un regain d'activité, la demande en services de transport est, sauf dans les ports, "exceptionnellement élevée", souligne la Fed.

La croissance du secteur manufacturier s'est également accélérée un peu plus qu'attendu en mai, portée par une hausse de la demande. Mais là encore, la pénurie de travailleur, doublée de celle, concomitante, de matières premières et de pièces détachées, limite le potentiel de croissance. "La demande est forte, car les clients des fabricants font état de stocks particulièrement bas, mais les pénuries de pièces essentielles - en particulier les puces, mais aussi d'autres - et de main-d'oeuvre limitent la production", a commenté Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, dans une note.

Le président Joe Biden, dont le slogan de campagne était "Building back better" ("Reconstruire en mieux"), a fait de la réindustrialisation du pays l'un de ses chevaux de bataille. Dans un contexte de pénurie mondiale de microprocesseurs, il prévoit notamment d'investir 50 milliards de dollarspour promouvoir la création d'usines de production sur le sol américain. Une initiative qui pourrait encore accélérer la reprise du secteur manufacturier... à condition que celui-ci parvienne à recruter des ouvriers.