Le ministre de la Justice de Trump a menti sur ses relations avec la Russie (lui aussi)

Par Grégoire Normand  |   |  843  mots
Lors de son audition au Sénat le 10 janvier pour sa confirmation au poste de ministre de la Justice, Jeff Sessions (qui était, faut-il rappeler, membre du comité influent des forces armées du Sénat) a juré sous serment n'avoir eu "aucune communication avec les Russes" pendant la campagne présidentielle.
Jeff Sessions est mis en cause par la presse américaine pour avoir entretenu des relations avec la Russie pendant la campagne présidentielle. Et avoir menti face au Sénat. Ces révélations renforcent l'opposition démocrate dans sa volonté de mettre en place une commission spéciale chargée d'enquêter sur le rôle du Kremlin dans la course à la Maison Blanche.

Les liens entre la Maison Blanche et la Russie se précisent. Près de quinze jours après la démission du conseiller spécial à la sécurité Michael Flynn pour avoir entretenu des relations avec l'ambassade russe aux Etats-Unis, le Washington Post dans son édition du jeudi 2 mars a mis en cause l'actuel ministre de la Justice, Jeff Sessions. Ce dernier est soupçonné d'être entré en contact à deux reprises avec l'ambassadeur russe Sergey Kislyak basé aux Etats-Unis.

    > Lire aussi : Le conseiller de Trump à la Sécurité nationale démissionne

Deux rencontres pendant la campagne

Le quotidien américain rapporte qu'il y a eu deux rencontres entre Jeff Sessions et Kislyak alors que M. Sessions était membre du comité influent des forces armées du Sénat et un des conseillers importants de Donald Trump en matière de politique étrangère. Il avait rejoint l'équipe du candidat républicain en février 2016. L'une des rencontres a eu lieu en septembre dans le bureau de Jeff Sessions au moment où le renseignement américain tentait d'obtenir des informations sur le rôle de la Russie pendant la campagne présidentielle. La seconde rencontre a eu lieu en juin.

Donald Trump et Jeff Sessions à la Maison Blanche le 9 février dernier. (Photo : Kevin Lamarque/Reuters).

Un mensonge qui pourrait lui coûter sa place

Lors de son audition au Sénat pour sa confirmation le 10 janvier dernier, Jeff Sessions avait affirmé n'avoir "aucune communication avec les Russes". Il avait également précisé "être au courant d'aucune activité" entre des membres de l'administration russe et l'équipe de campagne de Trump. Comme ses déclarations ont été faites sous serment, les dernières révélations du Washington Post pourraient ainsi le mettre en grande difficulté au sein du gouvernement américain.

    > Voir aussi le diaporama : Pro-russe, ex-Goldman Sachs, ... : les visages du gouvernement Trump

Un contexte délicat

Ces révélations interviennent dans le cadre d'une enquête menée par une commission parlementaire sur des liens présumés entre Donald Trump, son équipe de campagne et la Russie. Le représentant démocrate Adam Schiff a notamment déclaré sur la chaîne MSNBC que "nous avons conclu un accord écrit, avec la minorité et la majorité de la commission du renseignement de la Chambre, et nous allons enquêter sur les allégations de collusion entre la Russie et la campagne Trump". Les députés comptent déterminer si les mesures présumées de la Russie comprenaient "des liens entre la Russie et des individus associés avec les campagnes politiques ou toute autre personne américaine" sans préciser s'il s'agissait de Donald Trump. Par ailleurs, les services de renseignement américains ont exprimé leurs certitudes sur les cyberattaques russes contre le parti démocrate, comme le rapporte ReutersA la suite de ces déclarations, M. Trump a démenti toute relation entre son équipe et le Kremlin avant l'élection, accusant les médias de fomenter "une escroquerie".

Un appel à la démission

La présidente du groupe des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a appelé à la démission du procureur général. Pour l'élue, "Sessions n'est pas à même d'occuper le poste de premier responsable de la justice de notre pays et il doit démissionner". Par ailleurs, l'opposition alimente ses critiques sur le fait que, par son poste, Jeff Sessions est également responsable du FBI. Cette agence fédérale mène actuellement une enquête sur le rôle de la Russie et sa probable ingérence dans la campagne présidentielle. Ce qui pourrait pousser l'actuel ministre à la démission.

Des étranges démentis

La Maison Blanche a exprimé des démentis entretenant la confusion sur les présumées connexions entre Jeff Sessions et la Russie. L'administration a confirmé les réunions de Jeff Sessions mais a déclaré qu'il n'avait rien fait de mal, selon des propos rapportés par le Huffington Post. Un responsable de la Maison Blanche, qui a souhaité gardé l'anonymat, a de son côté affirmé que "M. Sessions a rencontré l'ambassadeur en sa qualité officielle de membre de la commission des forces armées au Sénat, ce qui est entièrement cohérent avec son témoignage".

De son côté, Jeff Session a déclaré au Washington Post qu'il n'a "jamais rencontré d'officiels russes pour discuter des sujets de campagne. Je n'ai aucune idée de ce à quoi à se réfèrent ces allégations. C'est faux".

Jeff Sessions et Michael Flynn ne sont pas les seuls à être au centre de la controverse sur leurs liens avec la Russie. Paul Manafort qui est l'ancien directeur de campagne de Donald Trump,  est actuellement soupçonné par les services de renseignement américains d'avoir établi de nombreux contacts troubles avec l'administration de Vladimir Poutine.

>> Lire aussi : Qui est Paul Manafort, le conseiller de Trump soupçonné de collaborer avec la Russie ?