Le Panama ne comprend pas sa réinscription sur la liste des paradis fiscaux en France

Par latribune.fr  |   |  665  mots
Le Président du Panama a déclaré que la mesure de la France de réinscrire son pays sur la liste des paradis fiscaux était erronée et non nécessaire.

Le président du Panama Juan Carlos Varela s'est engagé vendredi auprès de son homologue français François Hollande à collaborer avec la communauté internationale pour lutter contre le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale, selon un communiqué publié à l'issue d'un entretien téléphonique.

Double imposition fiscale

Juan Carlos Varela a en effet indiqué à François Hollande de la volonté du Panama "de prendre les mesures nécessaires pour garantir la mise en place effective de l'accord (entre les deux pays, ndlr) qui doit permettre d'éviter la double imposition fiscale et l'échange d'information entre les deux pays".

De son côté, le président français a "vivement encouragé" "le Panama à répondre aux demandes d'informations des autorités fiscales françaises", après l'affaire des "Panama Papers" sur des soupçons de fraude fiscale, ont indiqué ses services.

François Hollande a précisé au président panaméen "les raisons qui ont justifié la réinscription du Panama sur la liste française" des paradis fiscaux, d'où il avait été retiré en 2012. Le ministère des Finances français a annoncé vendredi avoir réinscrit le Panama sur sa liste des paradis fiscaux en arguant que cet État ne transmettait toujours pas les renseignements nécessaires à l'application de la législation.

Une décision "erronée et non nécessaire" pour le Panama

Cette décision n'a pas été du goût de Juan Carlos Varela. Elle est "erronée" et "non nécessaire", car le gouvernement panaméen s'est "engagé à la transparence", a déclaré vendredi le président du Panama.

"Je veux qu'il soit bien clair que la décision prise par le gouvernement français est une mesure erronée et non nécessaire, encore plus à un moment où existe une communication entre les deux chefs d'Etat et où le monde demande la coopération multilatérale de tous les pays pour affronter des problèmes mondiaux", a dit le président devant des journalistes.

 "Le Panama réaffirme son engagement à la transparence et, surtout, à continuer à lutter avec tous les pays pour arriver, par la coopération et la diplomatie, aux résultats recherchés", a ajouté le chef de l'Etat panaméen.

 La France avait retiré le Panama de sa liste de territoires non-coopératifs le 1er janvier 2012, après la signature d'une convention avec les autorités panaméennes sur la lutte contre l'évasion fiscale.

La décision du gouvernement français de réinscrire le Panama parmi les paradis fiscaux doit prendre effet en janvier 2017.

L'enquête des "Panama Papers", réalisée par un consortium de journalistes internationaux sur la base de fichiers du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, a mis au jour un vaste scandale de fraude et d'exil fiscal transitant par des sociétés panaméennes et impliquant de hauts responsables politiques, des sportifs ou des milliardaires.

 Pas de mesures de rétorsion

Le président Varela a exclu pour le moment l'adoption par le Panama de mesures de rétorsion contre la France à la suite de sa décision de vendredi. Le dialogue, a-t-il dit, "est le premier mécanisme que l'on doit utiliser et dont on doit épuiser tous les ressorts".

 Juan Carlos Varela a assuré que le Panama "va procéder" à l'échange d'informations prévu avec la trentaine de pays avec lesquels il a des traités pour éviter la double imposition. Mais il a averti qu'il ne permettrait pas que son gouvernement traite ces questions bilatérales "sous une quelconque forme de pression".

Le président a annoncé la visite mardi prochain à Paris du ministre panaméen de l'Economie et des Finances, Dulcidio de la Guardia, qui doit présenter une position panaméenne "digne, respectueuse et ouverte au dialogue" et assurer que "le chemin que le Panama a choisi, celui de la lutte pour la transparence dans le pays, la région et dans le monde, est un chemin irréversible".