Le Venezuela s'enfonce dans une crise politique grave

Par latribune.fr  |   |  686  mots
Juan Guaido (Crédits : Andres Martinez Casares)
La justice vénézuélienne a interdit mardi à Juan Guaido, qui s'est autoproclamé président, de quitter le pays, une riposte du président socialiste Nicolas Maduro face à cet opposant soutenu par les Etats-Unis.

Déterminé à provoquer le départ de Nicolas Maduro, le Parlement vénézuélien, dirigé par l'opposant Juan Guaido, 35 ans, qui lui dispute la place à la tête de l'État, se réunit mardi pour débattre d'un "plan de sauvetage du pays" et de la possibilité d'"élections libres et transparentes". Fort de son soutien à l'international, Juan Guaido appelle à manifester ce mercredi puis ce samedi, alors que tous les regards sont tournés vers son pays, en plein naufrage économique et au coeur d'une bataille diplomatique internationale.

La stratégie américaine de l'"effondrement du système"

Pour fragiliser encore Nicolas Maduro, les États-Unis ont brandi mardi la menace de nouvelles sanctions contre le régime vénézuélien. Face aux ces sanctions, les Vénézuéliens, déjà frappés de plein fouet par les pénuries de nourriture et de médicaments, redoutent désormais des difficultés d'approvisionnement en carburant, un comble dans ce pays aux plus importantes réserves de pétrole au monde, mais dont la production a fondu.

"La stratégie des États-Unis est de provoquer l'effondrement du système économique du Venezuela pour forcer la sortie" de Nicolas Maduro, explique l'économiste Luis Vicente Leon.

Le département d'État américain a en outre annoncé que les États-Unis avaient officiellement donné à Juan Guaido, qu'ils considèrent comme le président, le contrôle des comptes bancaires de son pays sur leur territoire.

Déterminé à provoquer le départ de Nicolas Maduro, le Parlement vénézuélien, dirigé par Juan Guaido, s'est réuni mardi pour débattre d'un "plan de sauvetage du pays" et de la possibilité d'"élections libres et transparentes". Juan Guaido appelle ensuite à manifester mercredi puis samedi, à un moment où tous les regards sont tournés vers son pays, en plein naufrage économique.

Dans le camp des partisans de Nicolas Maduro, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a fustigé les sanctions "illégales" de Washington. La Russie a investi des milliards de dollars dans les hydrocarbures et les armes au Venezuela. Principal créancier de Caracas, la Chine s'est elle aussi dite "opposée" à ces sanctions qui "vont mener à une détérioration dans la vie de la population au Venezuela".

Nicolas Maduro reste aussi soutenu par la Corée du Nord, la Turquie et Cuba. Mais de plus en plus se rallient à Juan Guaido, notamment en Europe où six pays (Espagne, France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal, Pays-Bas) ont donné jusqu'à dimanche au président socialiste pour convoquer des élections, faute de quoi ils reconnaîtront son adversaire.

Les manifestations d'opposants ont fait plus de 40 morts en une semaine, a affirmé l'ONU. L'ONG vénézuélienne Provea a fait état d'au moins 35 morts, mais a également évoqué huit "exécutions illégales" au cours d'opérations policières.

"Le sang qui peut couler au Venezuela sera sur vos mains, Donald Trump", a averti Nicolas Maduro.

Un confrontation fratricide

Inflexible, le dirigeant socialiste rejette l'ultimatum des Européens et accuse les États-Unis d'orchestrer un coup d'État :

"L'opposition doit ignorer les appels de l'Empire (les États-Unis, ndlr) qui visent à la confrontation entre frères", a-t-il tweeté mardi.

Mais Juan Guaido, qui a reconnu avoir "discuté avec le président" Trump, continue d'avancer: le Parlement a déjà nommé des "représentants diplomatiques", ambassadeurs et chargés d'affaires, dans une dizaine de pays l'ayant reconnu.

À Washington, la secrétaire d'État adjoint chargée des Amériques, Kimberly Breier, a rencontré l'opposant vénézuélien Carlos Vecchio, nommé par Juan Guaido nouveau chargé d'affaires aux États-Unis, afin de "discuter des prochaines étapes pour soutenir la transition démocratique au Venezuela". Un deuxième angle d'attaque de l'opposition et de Washington est l'armée, l'autre pilier qui maintient au pouvoir le chef de l'État depuis 2013 mais à l'intérieur de laquelle des dissensions commencent à apparaître.

John Bolton a exhorté l'armée à accepter une transition "pacifique, démocratique et constitutionnelle" du pouvoir. Et Juan Guaido a offert l'amnistie aux fonctionnaires civils et aux militaires acceptant de le soutenir.

(avec l'AFP)